CHAPITRE 4 : Le coffre

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Madame Fatima appréciait beaucoup Marina, s'en occupait et s'en inquiétait comme de sa propre fille. Une enfant qu'elle ne pourra jamais avoir. Son mari était heureux pour elle. Cependant elle avait parfois tendance à se montrer trop prévenante ou trop inquiète, ce qui, le plus souvent, était insupportable pour Marina. Notamment leur sujet de prédilection était son enfermement, car, pour Madame Fatima, (il était important de sortir à l'extérieur, dans la nature). C'est comme ça, qu'elle remarqua que Marina n'était pas sortie à l'air libre depuis un mois. Nolan ne s'en inquiétait nullement, à l'inverse de Madame Fatima et d'Antim qui, lui, se posait beaucoup de questions sur ses origines étant donné qu'elle était apparue du jour au lendemain, s'installant dans l'hôtel. Et n'étant pas le genre de femme à tenir sa langue, elle n'hésita pas à en faire part à la principale intéressée.

Sa peau laiteuse était devenue encore plus pâle avec la semi-pénombre de la bibliothèque. Ses lèvres perdaient de leurs rougeur. En revanche, ses yeux étaient encore plus verts qu'avant. D'un vert si clair que le contraste avec ses cheveux noirs la rendaient effrayante. Cela ne découragea pas Madame Fatima qui chercha un moyen de la sortir et trouva l'appât très rapidement. Antim était le seul jeune dans l'hôtel, beau et amusant, il plaisait à tous. Madame Fatima réussit à le convaincre en le persuadant d'être responsable de l'état morne de Marina. Ce qui ne fut pas difficile dans la mesure où c'était lui qui lui avait fait découvrir ce lieu paradisiaque.

Ce fut un mercredi où Madame Fatima poussa Antim à la porte de Marina. D'un air navré, il lui proposa de se rendre à la ville voisine afin de lui montrer une magnifique chapelle. Marina n'hésita pas. La journée lui sembla fabuleuse tout autant pour Madame Fatima qui avait réussi son petit tour. Son plan : les rapprocher pour que Marina ait des contacts avec d'autres êtres humains.

***

Un beau matin, Nolan tomba malade. Pour lui rendre service, Antim lui proposa de le remplacer à sa boutique. Alors qu'il se préparait à quitter le bâtiment pour traverser toute la ville, Madame Fatima l'arrêta, une énorme boîte sous les bras. Elle la lui donna brusquement sans le prévenir.

– J'en ai marre de voir tous ces cartons ! Emmène celui-ci avec toi, que j'en voie un de moins. Et prend Marina avec toi. Ça la sortira !

Cependant, elle n'était pas encore réveillée et Antim préférait la laisser dormir. Même s'ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, il savait que quand elle était occupée, mieux valait ne pas l'importuner... Il en avait fait l'amer expérience dans leur coin bibliothèque.

Elle lisait, assise confortablement dans le canapé. À ce moment là, Antim cherchait un livre précis et ne le trouvant pas dans les étagères parmi les autres, il avait pensé que peut-être, c'était Marina qui l'avait. Encore maintenant, il se souvenait de sa voix cassante lorsqu'il s'était approché pour tenter de lire le titre du livre et d'en tirer quelques informations en la questionnant pendant sa lecture. Pas un regard, mais une voix si froide et distante qu'elle lui avait glacé le sang. Il avait filé aussitôt, sans demander son reste. Au repas, il s'était excusé mais Marina ne voyait pas de quoi il parlait. Il en déduisit que c'était un réflexe lorsqu'on la dérangeait.

Alors allez la réveiller... Très peu pour lui. Il préférait encore se débrouiller tout seul à porter cet énorme colis, quitte à finir les bras tout ankylosés.

À la boutique, il dut farfouiller partout et dans les moindres recoins pour trouver des livres à échanger avec ceux de d'habitude : histoire de casser la routine. Malheureusement pour lui, c'était un vrai dépotoir. Il y traînait toutes sortes d'objets. Certains livres étaient dans de sales états, invendables. Mais Antim aimait beaucoup fouiner. Peut-être dénicherait-il la perle rare ?! Finalement, au fond d'un placard à l'abandon, il découvrit un coffre. La clef était introuvable et même en tentant avec des pinces ou un pied de biche, rien n'y fit. Antim dut se résoudre à le laisser.

La Démone aux Yeux VertsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant