Stranger I [Terminé]

XXV

Je me souviendrais toute ma vie de jour-là, le jour où je suis partie, le jour où j'ai abandonné les seules personnes que j'aimais.

                  

Je n'arrivais plus à faire semblant d'aller bien.

Papa et Maman ne voyaient rien.

Ils avaient fait leur choix, c'était Lucy qu'ils préféraient.

Moi, je ne comptais pas. Lucy était plus belle, plus intelligente, plus ceci, plus cela.

Cela avait été toujours comme ça, Lucy était toujours la première qu'on saluait en premier ou qu'on posait des questions aux repas de famille.

On aurait dit que je servais juste de faire-valoir.

Ma vie aurait pu continuer à être pourrie et sans intérêt mais je t'ai rencontré.

Un jeune étudiant français au charme redoutable qui cachait de bien lourds secrets.

J'aurais pu tenter de les découvrir tes secrets mais ils étaient bien trop enfoui au fond de toi.

Puis tu as commencé à partir en vrille, à te droguer, à boire.

Pendant longtemps j'ai cru que c'était de ma faute.

Je pensais que je n'étais pas assez présente.

Tu me rabaissais constamment devant tes potes, qui ne se privaient pas de bien se foutrent de ma gueule.

Les petits pics de temps en temps c'était supportable.

Mais il y a eu ce soir, le soir où tout a changé.

Quand il y a eu l'humiliation de trop.

Je ne sais pas si tu te rends compte que tu as raconté, à tes potes, nos moments plus qu'intimes.

Tout en ajoutant une bonne dose de lynchage et de moquerie.

Je n'étais pas à la hauteur de Monsieur Colin Gerrin ?

C'est à partir de ce moment où j'ai su que je devais te quitter, j'aurai aimé t'aider à aller mieux, t'aider à surmonter tes problèmes mais là je ne pouvais plus rien faire.

Je suis partie de chez ton pote en vitesse et j'ai marché, vite. Mais tu m'as rattrapée. (voir chapitre VI)

Et c'est là où tu m'as fait vraiment peur, tu m'as suivie, t'étais complètement défoncé.

J'ai ressentie quelque chose que je n'avais jamais eu.

Ce n'était pas de la peur, c'était pire que ça.

Tu m'as laissée comme ça dans la rue, j'avais l'impression d'être comme un chien abandonné, c'était horrible.

Le premier réflexe que j'ai eu ?

Appeler Liza.

Répondeur.

Je ne voulais pas l'inquiéter alors je ne l'ai pas rappelée, en tout cas pas tout de suite.

J'aurai du.

Je suis rentrée chez moi, mes parents étaient là avec Lucy.

Lucy était assise sur l'immense canapé, Papa à l'ordinateur et Maman dans la cuisine.

Comme toujours, lorsque je rentrais, personne ne levait la tête pour me dire bonjour.

Malgré qu'il soit tard.

Or disons trois minutes après mon entrée alors que j'avais à peine fermé la porte, Lucy leva la tête et remarqua mon teint rouge et mes yeux explosés par les larmes.

A l'instant où je vis qu'elle me fixait avec incompréhension, je couru vers les escaliers pour aller dans m'isoler dans ma chambre.

Je ne sais pas ce que Lucy a raconté à Papa et Maman mais elle est montée me voir.

Je pleurais, je crois que je n'avais jamais pleuré comme ça.

« Gaya ? Qu'est-ce qu'il y a ?

-          Rien laisse-moi, fait pas genre on est proche. Je ne te confierai rien.

-          Pourquoi t'es dure ?

-          Ah oui, excuse moi j'avais oublié que c'était moi la méchante.

-          C'est Colin ?

-          Comment t'es au courant ?

-          Je te rappelle que t'es ma sœur jumelle, je te connais par cœur et puis on est dans le même lycée, sois discrète quand tu rejoins ton mec devant le lycée. »

Et puis je ne sais pas ce qui m'a pris mais je lui ai tout déballé.

Elle m'a aussi dit que depuis le début, elle voulait être moi.

Elle en avait marre de nos parents, trop sur elle et pas du tout sur moi.

On a fait la liste de tout ce que nos parents nous avaient fait subir.

Et c'est là où on a pris une décision.

La seule.

La meilleure.

Les tuer.

On est allée chercher le pistolet de grand-mère, qu'elle nous avait donné quand il y avait un cambriolage dans la bijouterie du village.

Et puis, on a tiré et on s'est tirée.

On a pris toutes nos affaires nécessaires et on est parti.

On a pris l'avion pour Paris.

On a pris une nouvelle identité.

Nina Francis pour elle.

Et Juliette Steinck pour moi.

On a commencé à faire des conneries.

J'ai coupé les ponts avec elle, avec ma vie d'avant.

La seule personne avec qui j'ai gardé le contact c'est Lizana.

On avait toutes les deux 18 ans.

On était paumées, on s'avait plus qui on était et qu'est-ce qu'on avait fait.

J'ai essayé de refaire ma vie comme Lucy l'a fait mais je n'y suis pas arrivé.

Et puis une fois diplômée de psychologie, comme mes parents avaient toujours voulu, je suis revenue ici, après avoir entendue l'histoire d'Anna à la télé.

Voilà Colin tu sais toute la vérité.