Luna tombée du ciel (EN PAUSE)

3. Un sourire

Pendant une année entière, ma mère a cru que j'étais atteinte d'une phobie sociale. Je savais pas trop ce que c'était mais selon elle, j'avais tous les symptômes : Stressée, tendue, solitaire, soucieuse, incapable de relativiser, crises de paniques et j'en passe... Elle m'a emmené voir des psychologues, des psychiatres et même des thérapeutes, enfin ça n'a servi à rien parce que mon vrai problème c'est juste que je suis une stressée de la vie et que je ne crois en rien. Je ne crois ni en l'amour, ni en l'amitié et encore moins en mes rêves. Je croyais seulement en ma sœur, je savais qu'elle irait loin, qu'elle avait un avenir. Maintenant elle n'en a plus et je pense que moi non plus. J'ai toujours voulu être auteure mais j'ai une panne pour le moment, je ne sais plus lire ni écrire. Je ne sais plus rien faire du tout en réalité. 

J'ai toujours été très solitaire, j'étais l'opposé de Cassie mais pourtant on s'entendait à merveille, les meilleures amies du monde. Elle me disait toujours que j'étais la fille la plus intelligente, la plus douce et la plus courageuse qu'elle connaissait mais je pense qu'elle disait ça pour me faire plaisir, je suis très loin de ce portrait, à des années lumières. Moi Luna Williams née le 6 juillet 1997 à Édimbourg en Écosse, courageuse ? J'en rirais presque. Si elle me voyait maintenant elle ne tiendrait plus le même discours, croyez moi. 

Alors que je suis tranquillement occupée de somnoler dans ma chambre j'entends ma mère ouvrir la porte et passer sa tête dans l'entrebâillement. Je peux apercevoir ses joues creuses, ses rides, ses cheveux ternes et ses cernes d'ici. On est pas très belles toutes les deux à cause de toi, Cassie. Elle semble essayer de sourire mais ça ressemble plus à une grimace de douleur. Je lui lance un regard interrogateur, c'est pas tous les jours que ma mère entre dans ma caverne. Elle ouvre un peu plus la porte laissant apparaître sa robe de nuit jaune absolument ridicule. Elle vient s'installer sur mon lit et me dépose un baiser sur le front. 

-Je t'ai acheté un petit cadeau. Annonce-elle d'une voix douce mais cassée. Sa voix est cassée depuis l'accident et on dirait toujours qu'elle est au bord des larmes. Je n'évoque jamais Cassiopée et encore moins l'accident devant elle. Ma mère pense que si elle n'en parle pas ça sera plus facile mais elle a tort. On a besoin de parler d'elle pour ne pas l'oublier, pour lui rendre hommage.

- C'est quoi ? Je demande, prête au pire, les cadeaux et ma mère c'est pas trop ça. Elle tente à nouveau de sourire et me tend un livre. Je baisse les yeux pour lire le titre. "Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit" Intriguée je regarde la quatrième de couverture "Un livre qui vous aidera à faire le deuil..." J'ai arrêté la lecture du résumé à la première phrase. C'est une blague ? Ma mère vient réellement de m'offrir un livre pour faire le deuil de ma sœur jumelle ? Je lève la tête et je la foudroie du regard. Elle me regarde comme si j'étais une chose fragile incapable de survivre seule. 

- C'est pour t'aider Luna, c'est... 

- Merde, ce n'est pas ça qui va me faire oublier Cassie. Tu n'as cas le lire toi. Je réplique sèchement en l'empêchant de dire une connerie de plus. Ça ne s'apprend pas dans les bouquins ce genre de truc sérieusement...

***

- Ça faisait longtemps. Alors que j'étais tranquillement venue apportée des fleurs (des violettes, qu'on appelle aussi des pensées) sur la tombe de ma sœur une voix masculine et familière résonna dans mon dos. Je me retourne à contre cœur, je déteste être interrompue quand je viens rendre visite à Cassiopée bien que je sais qu'elle n'est pas dans ce trou à rat mais qu'elle a trouvé sa place parmi les étoiles et qu'elle est heureuse là bas.                                                                                                                                   

Je ne suis pas spécialement étonnée de voir l'inconnu-qui-rit-dans-un-cimetière derrière moi mais ses yeux perçants me déstabilisent un peu. Beaucoup. Ce gars est tout simplement déstabilisant. 

- Tu es venu me donner une leçon de vie ? Me réciter une citation philosophique du genre "Souris à la vie et la vie te sourira" ? Je demande en citant une des phrases débiles des magazines du genre "santé et psychologie : Comment être heureux ?"

- Non mais ça me va, j'adore les citations philosophiques. Et comme dirait Robert Baden-Powell "Un sourire est une clé secrète qui ouvre bien des cœurs." Récite-il avec un sourire qui doit en faire tomber plus d'une. Mais pas moi hein. Pourtant, je ne peux m'empêcher de sourire et ça fait un bien fou. 

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? Je demande en lui lançant un regard méfiant, j'ai de la salade entre les dents ou quoi ? 

- Non, tu es juste encore plus jolie quand tu souris. 

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Voilà mon troisième chapitre, je serai plus qu'heureuse d'avoir vos avis ! Merci d'avoir pris le temps de le lire ♥ N'hésitez pas à corriger les fautes aussi ☺