Cap sur l'Islande (SOUS CONTRAT D ÉDITION)

Chapitre 1 - Départ imminent

- "Mesdames, Messieurs les passagers du vol à destination de REYKJAVIK sont invités à se présenter porte G merci."

Je referme mon roman, me lève et rejoins la file des passagers.

Dix ans, voilà ce que j'ai sacrifié à la société d'Eric Stark. Je grimace rien qu'à l'idée de penser à cet homme infâme.

Je ressasse ce dernier mois, à commencer par ma dernière journée de travail, encore fraîche dans ma mémoire, celle qui m'a poussé à être ici aujourd'hui : Aéroport Charles de Gaulle.

C'était la semaine avant Noël, Stark avait pour coutume d'annoncer les promotions durant le discours de fin d'année. Il m'avait promis tout au long de l'année que je serais la future directrice du pôle financier. Tout le monde était d'accord pour dire que j'étais de loin la plus qualifiée pour le poste.

J'avais arpenté les rues de Paris pour trouver un ensemble digne d'une future exécutante. Mon choix : jupe crayon noire avec un chemisier blanc qui faisait ressortir la couleur de mes cheveux roux flamboyant - merci maman. Pour compléter ma  collection de chaussures, j'avais acheté une paire d'escarpins chez Repetto pour affiner ma silhouette.

Comme la majorité des femmes, je me trouve un million, que dis-je un milliard de défauts : trop petite, pas assez de poitrine, fesses trop rondes, mais grâce à mon goût prononcé pour la mode et des heures passées devant l'émission de Christina Cordula, j'arrive à palier ses vilains petits défauts.

Ce matin-là, devant le miroir, j'avais pris le temps de me maquiller. La vendeuse chez Sephora m'avait montré une technique que je maîtrisais plutôt bien. Fond de teint discret, tracé d'une demi-lune dans le coin de mes yeux pour faire ressortir le vert émeraude. Pour finir, un blush sur mes lèvres pulpeuses : teinte pêche.

Après une heure de travail méticuleux, j'étais prête à briller !

Très fière du résultat, je me voyais déjà attribuer le bureau du dernier étage à droite d'Eric. Celui que tout le monde désirait. Il donnait une vue imprenable sur la Tour Eiffel et ses alentours, le plus lumineux de tous.

Cette veille de Noël n'a pas été une journée comme les autres. J'avais dû gérer un litige avec un de mes plus gros clients, mais forte de proposition et de savoir-faire, j'avais su trouver un terrain d'entente, je méritais cette promotion.

Au moment du discours annuel d'Eric qui commençait comme chaque année par l'annonce des chiffres du groupe, Sam, mon fidèle collègue et ami, m'avait tendu une coupe de champagne tout en me faisant un gros clin d'œil et une tape sur l'épaule.

- "C'est à ton tour de briller Rachelle, me chuchota-t-il sous le ton de la conspiration."

Eric acheva son discours en nommant les nouveaux promus.

J'avais fermé les yeux pour mieux savourer l'instant - Je le tenais enfin mon moment de gloire.  Je m'apprêtais à rejoindre Eric sur l'estrade lorsque ...

- "J'ai l'honneur de vous annoncer que le futur directeur du pôle financier sera Adam Perlier."

Première phase : la confusion

Seconde phase : Sensation de trahison ++ .

Marc par chance avait vu la coupe de champagne me glisser des mains, in extremis, il me l'avait retirée m'évitant d'être ridiculisée par-dessus le marché.

Sur mes lèvres, je lui avais soufflé un simple merci.

Eric eut tout de même le culot de venir me féliciter pour mon excellent travail. Connard !