Chapitre 7

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J'ai rendez-vous avec les filles dans un restaurant situé près de la tour Eiffel. Quand j'arrive, je constate que Marine et Ludivine sont déjà là. En voyant la petite mine de cette dernière, j'en déduis que la nuit a été courte.

-Tu semble être tombé du lit, lui fais-je remarqué.

-On peut dire ça comme ça.

-Que veux-tu dire ? Je demande intriguée.

-Mademoiselle a passé une partie de la nuit à papoter avec le beau chauffeur de ton chéri, ma belle.

-Quoi ?! Crié-je, faisant tourner des têtes dans notre direction. Puis baissant la voix, je reprends. Allez, raconte.

-Moi aussi je veux tous savoir, s'exclame Anaïs.

Je me tourne vers elle. Je n'avais pas remarqué sa présence. Elle me sourit timidement. Je lui fais un clin d'œil complice pour lui faire comprendre que mon choix d'aller de l'avant avec elle, en oubliant ce qui s'est passé est toujours d'actualité. Voyant le sourire qui étire ses lèvres, je sais qu'elle a compris le message. Nous nous tournons vers nos deux amies, et en voyant leur air soulagée, je me dis qu'elles n'ont pas loupé l'échange entre ma colocataire et moi.

Une serveuse arrive pour prendre notre commande. Quand elle repart, nous nous tournons toutes comme une seule femme vers Ludivine.

-Si tu croyais qu'on allait te laisser tranquille, alors tu te fourre les doigts dans l'œil ma vieille. Allez, accouche avant que je ne perde patience !

Nous éclatons de rire devant la fausse mine sévère d'Anaïs.

-Il n'y a rien à dire. Quand Benjamin t'as déposé, nous avons parlé de tout et de rien sur le trajet qui menait chez moi. Au moment de prendre congé, je lui ai proposé de monter boire un café qu'il a gentiment accepté. Nous nous sommes retrouvés ensuite dans mon salon à rire, à refaire le monde. J'ai l'impression de le connaitre depuis un moment alors qu'il n'en est rien.

Avec les filles nous nous regardons, avant de nous tourner vers notre amie. Ses yeux pétillent. Sans s'en rendre compte, tout au long de son récit, elle a pris une voix douce pour raconter sa fin de soirée.

-Vous avez prévus de vous revoir ? demande Marine

Ludivine devient rouge et commence à jouer avec le pied de son verre. La serveuse ramène nos plats et s'éclipse aussi discrètement qu'elle a apparu. Mon amie décide alors de répondre à la question.

-Oui, ce soir. Nous mangeons chez moi.

-Eh bah dit donc ! Vous ne perdez pas de temps, se moque Anaïs.

-Il ne se passera rien, fait-elle avec une voix étranglée.

-Et pourquoi ça ? Demandé-je curieuse.

-Parce que... Je sais que je ne le connais que depuis hier soir, mais je sens qu'il est différent des autres garçons que j'ai rencontré jusqu'ici.

Nous échangeons un autre regard avec les filles avant d'opter par un regard qui veut dire, que le mieux serait de changer de sujet. Malgré l'impression qu'elle donne, Ludivine a un vrai cœur d'artichaut. Elle sait faire du rentre dedans aux garçons mais quand elle s'intéresse vraiment à l'un d'eux, c'est une autre fille que nous découvrons. Elle devient tous simplement timide, fleur bleu, peu sûre d'elle, amoureuse... Et jusqu'ici, ils ont toujours profité de sa gentillesse. Je me promets de poser des questions plus tard à Alexandre. Je veux savoir quel type de garçon est ce Benjamin.

Nos conversations dérivent vers le boulot et les fêtes de fin d'année qui approchent. Je suis heureuse de passer ces moments avec les trois filles qui comptent le plus pour moi. Cela faisait un moment que nous ne nous sommes pas retrouvées toutes les quatre. Je compte savourer ces moments jusqu'au bout.

***

-Tu as quelque chose de prévu pour cette aprèm' ?

Assise sur le canapé de notre salon je me tourne vers Anaïs qui se trouve dans la cuisine.

-Non. Pourquoi ?

-Je me disais que nous pourrions sortir pour aller au cinéma ou faire les boutiques.

Heureuse qu'elle propose de faire une activité ensemble, je réponds avec enthousiasme.

-Je suis partante pour le shopping. J'en profiterais pour m'acheter de jolis ensembles.

-C'est Alexandre qui sera heureux.

En entendant cette allusion, je me rappelle que je n'ai pas posé une question importante à mon amie.

-Euh... dis-moi, ça en est où avec Charles ?

Le visage d'Anaïs se crispe. Son regard devient triste. Je comprends qu'elle souffre énormément de ce qui s'est passé.

-J'ai coupé tous contacts avec lui depuis un moment.

-Mais pourquoi tu ne m'a rien dit ?

-Sincèrement tu crois que tu m'aurais écouté après ce que je t'ai fait ? lance-t-elle sur un ton sarcastique en fronçant les sourcils.

-Non, tu as raison, je concède.

Elle se tourne vers la fenêtre. Même de dos, je peux remarquer qu'elle pleure. Je me lève et vais la rejoindre. Je l'attire contre moi, et referme mes bras autour d'elle. Elle éclate en sanglots. Je sens ses larmes couler dans mon cou. Je la garde contre moi en me contentant de la bercer. J'attends qu'elle se calme avant de lui dire ce que j'ai sur le cœur. Quand ses larmes se tarissent, elle se détache de moi.

-Anaïs, commencé-je. Quand j'ai appris pour toi et Charles, je me suis promise de ne plus jamais t'adresserais la parole. Mais plus les jours passaient et plus notre éloignement me faisait souffrir. J'ai réussis à me mentir en refoulant ce que je ressentais vraiment. J'ai donné l'impression que j'étais forte et que seule ma relation avec Alexandre comptait, alors qu'il n'en était rien. Je sais maintenant pourquoi tu m'as fait ça.

Reprenant mon souffle, je poursuis.

-Certaines personnes ne comprendront peut-être pas pourquoi je te pardonne, mais moi je le sais et c'est ce qui compte. Depuis que nous sommes enfants, tu as toujours était là pour moi. Dans les bons comme dans les mauvais moments. Tu m'a toujours soutenues et venus à ma rescousse quand j'en avais besoin. Et pour tout ça, je t'en serais éternellement reconnaissante.

Prenant son visage entre mes mains, je termine :

-Je te pardonne, ma chérie. Je ne supporterais pas encore quelques jours de plus à savoir qu'un con a réussi à nous séparer. Je t'aime depuis toujours et rien, ni personnes au monde ne pourrait effacer ça.

-Oh, Charlotte. Je t'aime tellement, fait-elle en me sautant dessus et en recommençant à pleurer.

Blotties dans les bras l'une de l'autre, nous pleurons de bonheur face à cette amitié mais aussi cet amour qui nous lie et qui malgré les aléas de la vie, nous rapproche et nous rend encore plus forte.


Ensemble, Malgré Tout  Vol 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant