Meurtre à Noviodunum

chapitre 6

     Lucius... Ce nom résonnait en moi comme un lointain écho. Ma mère se lança dans récit:

"- Lors de ma première grossesse, j'ai accouché de jumeaux : toi, Elana, et un garçon. Le jour de votre troisième anniversaire, ton frère boudait dans votre chambre pendant que toi tu t'amusait dehors avec Maxus. Je suis allée chercher le chercher mais lorsque je suis entrée dans la chambre, celle ci était sens dessus dessous et la fenêtre était ouverte. On a cherché ton frère pendant des jours et des jours sans résultat. Si on savais qu'il était hors de la ville dans cette vielle bicoque abandonnée!"

- Certes certes... mais qui est ce Lucius dont tu nous parle depuis tout à l'heure? demandai-je d'un air ahuri.

-Mais c'est Lucius enfin Oxford si tu préfères."

Je n'allais pas survivre à cette journée... Deuxième blocage de cerveau de la journée. Le monde était ligué contre moi ou quoi? Mais il était vrai qu'en y regardant de plus près il me ressemblait vraiment. Il avait le même petit nez, les mêmes cheveux qui passaient par toutes les nuances du blond, l'orge grillé, le caramel en passant par le caramel... A ce moment là, j'ai compris pourquoi les gens disaient qu'ils étaient beaux. Il avait aussi les mêmes grands yeux noirs mais les siens étaient moins remplis d'étoiles que les miens. En gros, la seule différence entre nous était la longueur de nos cheveux. J'écarquillais les yeux et Lucius fit de même. Ma mère éclata de rire: nous avions les mêmes mimiques et expressions ! Nos regards se croisèrent et un instant on revint neuf ans en arrière. Je revis nos après midis de jeux dans le jardin. Le sourire éclatant de mon frère. Le retour à la réalité nous fit comme un choc. Il avait tellement changé! Une larme brilla dans les coins de nos yeux. Nous nous observions sans oser nous sauter au cou mutuellement en cherchant nos différences et nos points communs.

   Il y avait dans la maison une pièce interdite où personne n'allait jamais. Maintenant que je savais à qui elle appartenait, j'était prête à sortir plumeau et balai pour qu'il y soit à l'aise. Je remarquai que les parents nous avaient laissé seuls. A ce moment là je crois bien que j'ai tout oublié à part la chaleur des bras de mon frère autour de moi. Mais au bout de quelques secondes celui çi de tendit. Je sortis à regret de son étreinte réconfortante pour regarder ce qu'il avait vu. Tout ce dont je me souviens après ça, c'est mon frère qui se précipitait vers moi et une planche qui s'abattait sur ma tête. Après, tout était noir, d'un noir profond, sans aucune lumière comme les yeux de mon frère avant qu'il nous rencontre...