Wicca

4.

Je déambule depuis plus de deux heures dans les rues de Londres à la recherche du moindre indice pouvant me conduire à ma descendance. Le seul problème c'est que je ne sais pas ou chercher. Abraham ne pourrait pas m'aider, c'est trop personnel, et pourtant je me surprend à marcher en direction de sa boutique occulte.L'air frais frappe mon visage, mordant ma peau, laissant une légère piqûre et faisant rougir mes joues pâles. Arrivée devant la devanture, je pousse la porte, faisant résonner la clochette fixée au dessus de ma tête et j'aperçois Abraham sortir de son arrière boutique, le dos voûté, des lunettes fines basses sur son nez et un manuscrit à la main.

-Que puis-je faire pour vous ?

-Bonjour Ab.

Il relève la tête et lorsqu'il me voit, il lance son livre derrière lui qui retombe avec un bruit de verre brisé, venant me serrer dans ses bras.

-Elerinna, je ne pensais pas te revoir de sitôt.

-Moi non plus je ne pensais pas revenir mais j'ai besoin de toi.

-Est-ce grave ?

-Non, absolument pas, je pensais juste que tu pourrais avoir les réponses à mes questions.

-Suis-moi.

Il me conduit dans son arrière boutique et m'incite à m'asseoir sur un de ses fauteuils carmin, bien plus vieux que moi. Une fois installés, il croise ses mains et pose son visage dessus, me fixant de ses yeux bleus délavés.

-Racontes-moi tout, Elerinna.

-Sais-tu ou je peux trouver la moindre chose me permettant de remonter à mes ancêtres ?

-Pourquoi veux tu ça ?

-Ab, s'il te plaît, réponds moi.

-Réponds moi et je te donnerais ensuite ma réponse.

-J'ai besoin de savoir si l'une des Wiccas de ma famille a mal tournée ou si elle est encore en vie. J'ai trouvé un livre des ombres dans ma bibliothèque et j'ai très bien compris que quelqu'un ne voulait pa me laisser lire la suite. Je n'ai que son nom, Amaltha.

À l'entente dec e prénom, Abraham relève la tête qu'il avait baissé un peu plus tôt et me fixe nouant ses doigts osseux.

-Amaltha...

-Tu sais quelque chose à propos d'elle ?

-Non. Je vais t'aider. Vas à la bibliothèque en centre ville. Demande à voir Maryse et dis lui que c'est moi qui t'envoies, elle te laisseras avoir accès à toutes les archives à l'étage supérieur mais surtout ne touches à rien dont tu n'es pas liée et ne ramène rien avec toi hors de l'établissement, c'est compris ?

-Oui, merci infiniment.

Je me lève et le serre dans mes bras avant de sortir, saisissant un dragée au passage. Pas de chance, aujourd'hui ils sont au gingembre. Je sors de la petite boutique et marche rapidement vers le bâtiment plutôt imposant qu'est la bibliothèque. Ce que peu de personnes savent c'est qu'au dessus des ouvrages de Normaux se trouve la plus grande collection de grimoires et livres des ombres au monde. Seulement y pénétrer est aussi difficile que de jongler les yeux fermés avec des œufs, sur un monocycle, avec un chat sur les épaules. Drôle de comparaison, oui, je sais.

Une fois devant la bâtisse, je me dois d'entrer dans la section Normaux à la recherche de cette Maryse. Connaissant Abraham, je m'attends à ce que sa connaissance soit extravagante et lorsque je vois une petite femme aux cheveux rouges, drapée dans un voile violet en velours et ornée de multiples bijoux en argent se diriger vers moi, je sais que j'avais raison.

-Abraham m'a appelée pour me prévenir. Tu dois être Elerinna si je me souviens bien ? Suis-moi.

Elle marche en direction d'escaliers en pierre qui pourraient être fatals à celui qui aurait le malheur de chuter en les descendant.

-Comment avez vous su que c'était moi et pas quelqu'un d'autre ?

-Vu la description qu'il à fait de toi, tu ne pouvais qu'être celle que je cherchais. Une jeune fille grande, frêle, pâle, avec des tâches de rousseur, les yeux chocolats, les cheveux blancs et habillée tout de noir avec une cape noire et carmin avec une bandoulière en cuir noire. Tu vois quelqu'un d'autre correspondant à cette description ici ?

-Non...

-Voilà, alors tu sais comment je t'ai identifiée.

On gravit encore quelques marches et elle sort une lourde clé en fer avant d'ouvrir une porte en chêne qui semble encore plus lourde. Des milliers d'exemplaires s'ouvrent à moi et je sais d'ores et déjà que je vais y passer ma journée.

-La section qui t'intéresse se trouve au fond de la troisième allée. Ne touches à rien d'autre.

Elle sort sa baguette que j'identifie être du houx avant de tracer un cercle au dessus de sa tête. Une lumière vive inonde la pièce, me forçant à clore mes paupières quelques secondes.

-De toutes manières je serais au courant si tu me désobéis. Je te laisses maintenant.

-Merci pour la confiance...

Elle me fixe durement avant de fermer la porte après elle et il me semble entendre la clé tourner dans la serrure. Une fois que je n'entends plus ses pas, je me dirige vers la porte et essaye de l'ouvrir en vain, elle m'a enfermée. Je suppose que je n'ai plus qu'à me mettre au travail.