One of us (TWD)

-16-

Nous courons encore et encore, pendant combien de temps? Je n'en ai aucune idée. Quelques branches me fouettent le visage et me lacèrent les joues. Je ne ralentis pas et arrive même à rattraper Rick, passant devant lui. Les grognements s'éloignent quelques peu, mais je sais qu'ils sont toujours là, trébuchant sur nos traces. Mes genoux commencent à me lancer, mais j'ignore le pincement familier qui envahi mes jambes.

"Où est-ce qu'on va?" Dis-je à bout de souffle.

Rick me lance un regard et j'y décèle presque un éclat de panique. Savoir que même Rick panique intérieurement ne me rassure pas du tout. Un horrible noeud secoue mon estomac, et rien ne s'arrange lorsque mon pied se prend dans une racine. Je cri de douleur, mais les grognements sont bien plus bruyants et personne n'entend ma plainte. Rick ne se retourne pas. Il continu. Sans moi.

"Rick! Rick!" M'époumonnais-je en les voyant disparaître dans la forêt.

Comment ne peut-il pas avoir remarqué que je ne le suivais plus? Un walker s'approche de moi et j'enfonce le bout de mon arc dans sa cavité oculaire.  Le mort tombe dans un bruit mat. J'entreprends alors de me défaire de l'emprise sauvage de cette racine. D'autres walkers apparaissent dans mon champ de vision, leur grondement rageur résonnant dans l'air ambiant. Une fois sur mes pieds, j'entreprends de reprendre ma course. Trop proche, trop proche. Je décide de monter à un arbre. J'attrape la basse branche d'un feuillu et me hisse plus haut, sautant de branche en branche pour atteindre une hauteur convenable. Une fois en sécurité, je m'afesse sur le bois rugueux de la branche, tentant de reprendre mon souffle. J'observe ma cheville rougie, heureusement, elle n'est pas cassée...  J'appuie ma tête sur le tronc de l'arbre alors que tous ces monstres défilent en bas. Eh merde.... Seul les grognements se font entendre, ses grognements qui font vibrer mes tympans. L'air frémit autour de moi, j'ai l'impression que la température est montée d'une vingtaine de degré. Mon coeur palpite et ma respiration est lourde, je ne peux m'empêcher de trembler. Que ce passe-t-il?! J'ai seulement le temps d'attacher les manches de ma veste à la branche en dessous mes jambes avant de voir jaillir de monstrueux points noirs devant mes yeux. Ma vision se brouille et je ne sens plus rien. Tout ce que j'entends à présent, c'est la sirène interminable qui hurle à travers les bois. Et voilà que les ténèbres m'avalent.

Je me réveille au même endroit que plus tôt. Combien de temps s'est écoulé depuis le stupide accident? Aucune idée... J'observe le sol. Aucun walkers, ils sont tous disparus.  J'entends un camion au loin. Je détache ma veste d'autour de ma taille et de la branche et descend de mon perchoir. Lorsque mes pieds touchent le sol, je ne peux nier le sentiment de vertige qui m'envahit. Ces stupides crises de paniques. J'avais l'habitude d'en avoir assez souvent lorsque le monde était normal, lorsque aller à l'école faisait partie de notre quotidien... Je pose ma main sur l'écorce rêche d'un arbre et vomi à mes pieds.

"Bordel." Murmurais-je en essuyant ma bouche du revers de la main.

Bien que je n'avais pas beaucoup de contenu à régurgiter, je me sens un peu mieux. Stupide, stupide, stupide. Je m'avance jusqu'au bord de la route, mon arc sur l'épaule, titubant jusqu'au chemin. Je m'arrête juste à temps pour éviter de me faire happer par le dit camion. Le camion dont j'avais complètement oublier l'existence. J'ai eu la chance de l'éviter, mais pas assez de chance pour que le ou les occupants de celui-ci ne me remarque pas... Le camion s'arrête, faisant crisser les pneus sur l'asphalte. Non, non, non! La portière du côté conducteur s'ouvre d'un coup. Je me retourne et tente de m'échapper, mais je ne réussis qu'à zigzaguer bêtement.

"Lève les mains au-dessus de ta tête, je suis armée!"

Un sourire s'affiche sur mon visage et je ferme les yeux. Ma panique se dissipe, le calme me revient et je l'accueil comme un vieil ami. Je retrouve l'usage de mes jambes et me retourne vivement. Je sprint un coup et saute dans les bras de mon ami.