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Je n'étais pas contre cette opération mais je ne voulais simplement pas. J'avais appris à vivre dans le noir et je m'y plaisais. J'avais appris à écouter, à toucher, à goûter le tout sans voir et je trouvais cela extraordinaire. Je me considérais comme une super héroïne qui pouvait sauver le monde sans pour autant le voir.

J'avais appris à écouter et apprécier le chant des oiseaux chaque matin et à me passer des yeux verts de mon chat. J'avais appris à faire du thé sans me brûler, savoir faire la vaisselle sans rien casser et même commander des pizzas avec mon téléphone, je connaissais déjà le numéro par coeur. Je pouvais lire en devinant les lettres avec mes doigts. Ma nouvelle vie me convenait et mon boulot ne me manquait plus autant. J'appréciais les choses autour de moi sans même les voir et là est la magie que ma mère refusait d'apprécier.

Ma mère avait appelé tout les médecins chirurgiens ophtalmologues de la région. Les uns étaient trop occupés les autres n'avaient pas le matériel requis. Je m'étais alors souvenu de ce qu'avait dit le médecin le jour où j'avais appris que je devenais aveugle mais je n'ai pas cherché à le joindre. Je ne voulais pas, je n'en voyais pas l'intérêt. J'aimais que mes yeux continue à broyer du noir alors que mes paupières sont levées.

Voir le monde d'une autre façon m'aidait d'une certaine manière à vivre le moment présent sans me soucier de demain. Ma mère me disait que mes iris autre fois marron foncé était désormais bleus entouré de marron avec quelques reflets gris comme si le bleu essayait de prendre le dessus sur le marron, que j'avais maigris, que je m'habillais comme un sac et qu'il était temps que ça change mais je ne voulais pas.

J'aimais être aveugle.

L'aveugle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant