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Les lettres étaient de plus en plus petites, de plus en plus floues. Le S ressemblait à un F et le F devenait un P. Une tâche noire puis un énorme jet de lumière devant moi. Je fermais les yeux pendant que le médecin me regardait d'un air inquiet.

Vous devenez aveugle mademoiselle Jones. Vous êtes atteinte d'une maladie assez fréquente, c'est un glaucome congénital... la bonne nouvelle c'est qu'il peut être traité...

Je n'ai plus écouté ce qu'il disait, j'avais le sentiment de m'être faite rejetée, de m'être fait banni de la société. Pourquoi? Pourquoi ? Je me demandais cela encore et encore. C'était si injuste, si injuste et mauvais. Ma vue devenait de plus en plus floue mais cette fois là ce n'était plus à cause de cette maladie qui m'était étrangère mais à cause de mes larmes.

Elle était curable mais à cet instant je ne le savais pas, je pensais que je resterais aveugle et que je passerais toute ma vie à vivre avec ces tâches noires qui venaient créer une barrière entre ma vue et le monde extérieur. Le médecin essayé de me consoler mais il n'y avait rien a faire, j'étais inconsolable.

L'idée de savoir que je n'allais plus voir... et moi qui me plaignais chaque matin des rayons du soleil dans ma chambre, de la vue horrible de la chambre de mon voisin depuis ma cuisine, des yeux verts émeraudes de mon chat. Je ne les reverrai plus jamais. J'étais dans un état mélancolique qui se traduisait de façon las par mes roucoulements et mes larmes qui inondaient maintenant mon visage.

Je ne pouvais plus tirer, viser une cible ou simplement aller à mon travail et je ne savais même pas comment j'allais faire pour rentrer chez moi.

L'aveugle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant