Affaires liées

34 5 1
                                    

« Si les tueurs en série nous fascinent, c'est précisément parce qu'en dépit de leurs crimes atroces, ils restent à notre image.» –Jacques Vergès


Je ne sais pas comment, mais je me retrouve accroupis par terre, contre le mur. Les policiers sortent brusquement les autres de la salle. Je me retrouve seul avec les agents Hotchner et Morgan.

Une fois que je me suis calmé, le chef de l'unité s'adresse à moi :

-Il va falloir nous expliquer. Debout !

Je m'exécute et il me fait assoir sur une chaise. Il prend en main la photo qui m'a fait réagir et hausse un sourcil, avant de me la remettre vivement sous le nez. Je déglutis, et je sais que je vais devoir expliquer ma réaction. Je détourne les yeux, avant de m'adresser à lui, la voix tremblante :

-Je veux parler aux agents Reid et Morgan. Seulement à eux...

L'agent Morgan se tourne vers l'agent Hotchner :

-Hotch, il nous a parlé tout à l'heure, il nous fait confiance. Laissez-nous gérer ça.

Ce dernier hoche la tête et se dirige vers la porte. Au même moment, l'agent Reid entre en trombe. Il nous écoutait derrière la vitre tintée. Ils nous écoutent tous. 

En passant, l'agent Reid me pose la main sur l'épaule pour me rassurer. Il regarde successivement la photo, puis Morgan, puis moi, et à nouveau la photo, avant de déclarer :

-Explique-nous. Tu peux avoir confiance.

-Ils nous entendent ?

-Seulement nos collègues, répond l'agent Morgan. Pas tes amis, ni ton frère.

Je prends la photo des mains de l'agent Reid. Cette marque, gravée à l'arme blanche sur le bas ventre d'Erika, je l'ai déjà vue. Le jeune homme que j'ai vu enchaîné au mur vendredi dernier, pendant la soirée, avait la même marque, au même endroit. 

Alors, je leur raconte tout en détail. J'essaie de n'omettre aucun détail de ce que j'ai vu durant cette soirée. Ils m'écoutent sans broncher. Lorsque j'ai fini mon récit, l'agent Morgan se lève et se plante devant la vitre tintée, avant de dire :

-Notre unité ne se déplace qu'après trois meurtres suspects. Pas de cas isolés pour nous. En fait, on pense que le meurtre d'Erika n'est pas l'unique meurtre commis par son agresseur.

-Vous voulez dire... un tueur en série ?

L'agent Reid continue en sortant d'autres photos :

-Un tueur en série dit "organisé". On l'appelle le Bourreau d'Atlantic City. Et voici des photos de ses autres victimes supposées.

Je les regarde une par une. La même marque apparaît à chaque fois, au même endroit.

-C'est sa signature, précise l'agent Morgan.

-Je croyais que le meurtre d'Erika était personnel? 

-Il l'est.

-Mais un tueur en série organisé tue plutôt des gens qu'il ne connait pas non?

-C'est vrai, mais pas toujours. 

-Comment être sûr que c'est personnel? 

-Parce que c'est la première fois qu'il laisse un message sur un corps. "Devil", ça veut bien dire ce que ça veut dire.

-C'est lui qui a tué les deux personnes qui ont été trouvées aux alentours de la ville ?

-Oui. Il en est à quatre victimes.

-Quatre ?

-On a retrouvé un nouveau corps hier, mais on a tenu l'information secrète, explique Reid.

Il me montre les dernières photos qu'il tenait à la main. Je pose ma main sur ma bouche et déglutis. Je reconnais l'adolescent qui était enchaîné au mur.

-Il s'appelait James Disick.

Je m'en veux. J'ai eu une chance qu'il n'a pas eue. Je m'en suis sorti et pas lui.

-Tu as eu énormément de chance. La question est, comment as-tu fais pour en réchapper ?

-Je... Je ne m'en souviens pas...

L'agent Morgan se rapproche de moi et plonge son regard dans le mien :

-Tu ne dois en parler à personne, Ethan, d'accord ? Même pas à ton frère. Laisse-nous gérer ça. Ce qu'il se passe ne doit pas se répandre dans la ville. Il y aurait un mouvement de panique. On peut te faire confiance?

-Oui...

Une fois que nous avons terminé, nous sortons de la salle. Je retrouve vite les autres. Avant que mon frère n'ait le temps d'ouvrir la bouche, je le devance :

-Ça va, je vais bien.

Les policiers nous proposent de nous raccompagner chez nous. Maya, Josh, Gray et moi habitons à proximité les uns des autres, et nous sommes raccompagnés par l'agent Morgan.

Je remarque qu'une voiture de police banalisée se gare en face de chez moi. Le FBI a sûrement décidé qu'il fallait que je sois protégé. En y réfléchissant, ce n'est pas idiot. Après tout, si j'ai vraiment réussi à m'enfuir, ça a dû énerver le tueur. A moins qu'il ne m'ait laissé partir exprès. 

Le soir, je décide de dormir avec mon frère. Je ne sais pas encore que je ferais mieux de profiter de ma nuit.


Tourments // Dolan TwinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant