(17) - Pas d'aspirine pour un Uchiwa

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Même si j'étais parfaitement conscient, je gardais les yeux fermés. Je ne voulais pas voir le décor dans lequel je me trouvais. Je l'imaginais suffisamment bien les yeux clos : les murs blancs, les rideaux d'un bleu délavé, l'absence totale de décoration, la petite fenêtre pile assez grande pour qu'un enfant puisse y passer...

J'avais bien compris que j'avais un problème, mais je n'avais guère envie de me faire soigner. Encore moins par Konoha. Konoha qui venait de rayer de la carte le quartier résidentiel des Uchiwa.

Qu'allais-je faire dorénavant ?

Si ma maison était détruite, ou du moins celle de mes ancêtres, avais-je encore ma place dans ce village ? Je n'avais plus d'attache, qu'elle soit matérielle, humaine ou morale. Itachi était mort, le village sauvé, les mauvais souvenirs rayés. Il ne restait plus rien des Uchiwas, à part les frais événements qu'avait causé Madara. Uchiwa ne signifiait rien de bon : La construction de Konoha, le désertement d'un Hokage, l'invocation d'un Bijuu destructeur, une police nuisible et avide de pouvoir, un massacre sans nom au sein de son propre clan, un deuxième déserteur parti tuer un membre de sa famille, ce même déserteur qui s'allie à l'Akatsuki pour détruire Konoha, tuer le Hokage actuel Danzo, capturer le Bijuu du taureau-pieuvre, ... et enfin un autre Uchiwa, supposé mort depuis des lustres, qui revient pour plonger le monde entier dans un genjutsu.

Quoi de plus mauvais qu'un Uchiwa ?

Je me disais qu'au fond, cette nouvelle maladie que je traînais dans la jambe n'était que la suite naturelle des choses. Que la race des Uchiwa devait à tous prix devenir un mythe. Une histoire pour faire peur. Une espèce disparue.

Ils vont vouloir me tuer...

Le passage des infirmières dans ma chambre me tirait régulièrement de ma flânerie. Je ne pensais pas à grand-chose, pourtant, leur présence me dérangeait à chaque fois. Le silence et le calme qui régnaient dans la pièce en leur absence me ressourçaient. Il n'y avait que le bruit de mon souffle, et celui du vent quand la fenêtre était ouverte le matin, entre 9h et 10h. Rien de plus, rien de moins.

La vie était horriblement rythmée. Il n'y avait pas de place à la surprise. On m'apportait de quoi grignoter à 8h30, on revenait prendre le plateau à 9h et on ouvrait la fenêtre. Puis Sakura venait changer mes bandages à 10h en fermant la fenêtre. Tsunade venait le midi me poser des questions, que je feintais de ne pas entendre. Le quotidien d'un blessé est maladif. Si je n'en avais pas eu besoin lors des combats, je me serais déjà coupé la jambe, rien que pour éviter cette ennuyeuse routine. Plus qu'ennuyeuse, d'ailleurs.

« - Ca ne semble pas s'arranger... » Murmura Sakura en entrant dans ma chambre, un soir.

Tiens, un changement de rythme inattendu.

Pour la peine, j'entrouvris les yeux et tournai la tête sur le côté pour la regarder entrer. Elle tenait dans la main un petit bouquet de fleur, et vint le déposer dans une jarre sur le meuble près de mon lit. Là où, habituellement, Tsunade posait son carnet durant ses osculations.

« - Qu'est ce que tu fais là ? » Demandai-je froidement.

« - Mon service est terminé. Je passe juste prendre de tes nouvelles. » Répondit-elle en écartant les pétales des fleurs, pour qu'ils prennent une forme parfaitement circulaire. « Je me disais que ça te ferait du bien, un peu de compagnie. »

Il était vrai que personne n'était venu me voir, ne serait-ce qu'une seule fois. Même si je me doutais que Naruto était très occupé à rédiger le rapport de notre mission, et à apprendre le métier de Hokage, j'avais espéré qu'il vienne au moins prendre de mes nouvelles.

Le kunaï à la lame bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant