Le kunaï à la lame bleue

(19) - Le coeur brouillard.

"- C'est pourquoi tu vas devoir rester accroché à Naruto le temps que l'on trouve un remède."

Je continuai à regarder Tsunade en silence, peinant à me dire que la medeci-nin venait de prendre la bonne décision. D'après ses analyses, une substance gélatineuse bleutée circulait dans mes conduits de chakra. Après quelques tests par radioactivité, Sakura avait conclut qu'il s'agissait de chakra, ou du moins d'une matière qui absorbait mon chakra de manière à en être totalement imprégnée. Cette substance, que l'on supposait donc être une forme de chakra solide, s'agglutinait dans mon corps jusqu'à en boucher les cavités. Mon flux en était alors perturbé, et cela expliquait notamment pourquoi mon attaque des Mille Oiseaux avait échoué. Pourquoi elle avait échappé à mon contrôle.

Quoiqu'il en soit, la circulation de mon chakra en était fortement affectée. J'avais atteint un stade critique suite à l'attaque. Les éléments de chakra que j'avais électrisé n'avaient pas pu sortir de mon corps, et avaient commencé à me saccager de l'intérieur, comme un bête énervée en cage sacage sa geôle pour pouvoir sortir. Par chance, Naruto était arrivé à ce moment là, et le phénomène avait pris fin immédiatement.

Tandis que Naruto se vantait de m'avoir secouru et se pavanait comme étant mon sauveur - au plus grand damne du village-, trouvant une raison romanesque à ce qui s'était passé, Tsunade m'apporta de vraies explications.

En réalité, entant que jinchuriki, Naruto possédait une quantité presque inépuisable de Chakra. Par conséquent, son corps avait sans arrêt besoin d'en évacuer. Ainsi, lorsqu'il avait accouru, une partie de son chakra serait rentré dans mon corps pour déloger la substance de mes cavités, et avait ainsi permis à mon flux de se réguler.

Par conséquent, je devais rester avec lui. Puisqu'il était le seul à avoir assez de chakra pour deux -à la grande déception de Sakura et de Hinata.

Dépité, je tournai lentement la tête vers le blond qui se tenait à mes côtés.

"- Tu ne peux plus me fuir désormais, Sasuke !" Me dit-il avec un immense sourire, visiblement ravi.

"- Tout cela est ridicule." Déclarai-je en me levant.

Une sorte de panique me passa à travers. L'angoisse de me retrouver avec celui qui, quelques nuits plus tôt, m'avait allongé au milieu des draps blancs et qui avait joué l'indifférent dès le lendemain matin, montait. Je croisais le regard bleuté du garçon, qui semblait dépassé par ma réaction. Mon coeur s'emballait dans ma poitrine tandis que je retenais une pulsion. Je me sentais trahi, bafoué, chiffonné. J'avais envie de hurler et de détruire le mobilier de toute la pièce. Les muscles du dos tendus, je me sentais prêt à lui bondir dessus pour allonger les cicatrices de son visage d'un coup d'ongle.

Naruto comprit qu'un animal était sur le point de jaillir de moi, car il leva prudemment la main en m'appelant d'une voix douce.

"- Sasuke, tu..."

Je donnai un gigantesque coup de pied dans la chaise sur laquelle j'étais assis quelques minutes plus tôt, et décampai.

"- Appelez moi quand vous aurez trouvé un vrai remède." Dis-je avant de claquer la porte derrière moi.

Je marchai d'un pas décidé vers les portes de l'hôpital. L'extérieur me manquait terriblement. Pendant notre nuit, j'avais vraiment commencé à croire que j'aurais une place dans le village, aux côtés de Naruto. Et tout était parti en poussière dès le lendemain, lorsqu'il s'était réveillé en se demandant pourquoi il était tout nu. Je n'étais pas stupide, j'avais bien lu dans son regard qu'il se souvenait de tout. Mais puisqu'il voulait feindre de ne se souvenir de rien, sans doute désirait-il que je n'aborde pas le sujet. Sans doute m'invitait-il à en faire de même : oublier, faire comme si de rien était.