Le kunaï à la lame bleue

(18) A moi

    Il y a de la musique. Elle est forte. Elle est rapide. Elle est endiablée et me fait tourner la tête, au même rythme que Sasuke tourne autour de moi. Il s'éloigne et je le tire. Il tente de repartir et je le fais passer sous mon bras. Sasuke, tu ne m'échapperas pas. Tu resteras avec moi aussi longtemps que j'aurais des bras pour te serrer contre moi. Je resterai avec toi aussi longtemps que j'aurais des jambes pour te suivre. Je te parlerai et te murmurerai des mots doux aussi longtemps que j'aurais une langue pour parler. J'aurais envie de t'embrasser aussi longtemps que j'aurais un coeur pour t'aimer.

    Sasuke, ne me fuis pas. Danse autour de moi aussi longtemps que la mélodie de la vie se joue à nos oreilles. Reste près de moi, laisse moi te regarder sous toutes les coutures. Laisse mes doigts se glisser sur tes hanches, suivre la courbe de ta cuisse et se glisser entre tes jambes. Laisse ma bouche descendre de ton oreille à ton cou. Laisse ma langue huiler ta peau comme la sueur l'a si bien fait quelques jours auparavant.

    Sasuke, je t'aime.

    Ne t'en va pas à nouveau.

    Reste ici, le dos contre mon torse, les yeux clos. Tu n'as plus besoin de voir, plus besoin d'assister à ces horreurs. Je suis là pour les observer à ta place. Je suis là pour les encaisser pour toi. Je ne te demande qu'une chose en échange : ne pas repousser mes baisers. Accepter que je lèche tes lèvres si douce, tolérer mes mains qui glissent sur ton épiderme couleur porcelaine, encaisser la douleur que tu ressentiras entre tes jambes le soir.

    Je t'aimerai de façon brutale, certes, mais je serais le seul à t'aimer. Le seul à te faire l'amour durant trois jours, le seul à passer la main dans tes cheveux quand tu feras un cauchemar. Je te rappellerai toutes les trois minutes ton prénom, en te lovant dans mes bras, en t'embrassant passionnément, en caressant la peau tendre de ton ventre, en jouissant au plus profond de toi.

    Je t'aimerai partout, dans les jardins, dans la rivière, dans la chambre et dans la cuisine. Je t'aimerai dans la bouche, dans le cou et entre les jambes. Je t'aimerai à l'aurore, au solstice et au crépuscule. Devant et derrière le coucher de soleil. Je t'aimerai devant Sakura, devant le village et devant la lune. Les étoiles n'ignoreront pas ton nom, ni la manière dont je le prononce. Tout le monde entendra le délice que je trouve en toi. Tout le monde entendra mon cœur se régler désespérément au tien. Tout le monde entendra à quel point il est bon de capturer ta langue entre ses dents.

    Je danserai avec toi, avec ou sans musique. Je danserai autour de toi, avec ou sans ton aide. Je danserai en toi, avec ta permission.

    Je t'aime. C'est tout ce que le monde a besoin de savoir.

    Je me fiche du regard du village sur tes travers. Tu restes Sasuke, celui que je veux sur mes genoux, celui que je veux dans mon lit, celui qui possède les jambes qu'il est si bon d'avoir autour de ma taille.

    Je t'aime à en mourir, Sasuke.

    Je ne le réalise que trop tard. Reste avec moi... Ne me repousse pas... Ne repars pas... Bon Dieu, je ne veux que t'aimer...

***

Allongé dans mon canapé, j'écoute les notes de musiques du tourne-disque résonner dans l'appartement. Elles ont l'air vide de sens, vide de sentiments : cette fois-ci, elles ne m'aideront pas à me remonter le moral. Sasuke est à l'hôpital depuis plusieurs jours, toutes visites étant proscrites. Les médecins, dont Tsunade et Sakura, s'activent pour connaître la cause des malaises de Sasuke. Son chakra s'active de lui-même, il est comme incontrôlable. Les flux de chakra de mon ami sont fortement perturbés, sans que l'on en connaisse la raison : son corps s'électrifie et lance des éclairs, et parfois son énergie se retourne même contre son propre corps.