Les idées de Shion

Cours

Shion est parfois nostalgique. Très nostalgique même. Il lui arrive de regretter les temps anciens. Lesquelles au cours des ces quelques années d'existences ? Ça, il est bien difficile de le savoir.

Enfin pas aujourd'hui parce que les chevaliers vont vite savoir de quoi il en retourne !

Ce matin, le Grand Pope les a convoqués pour 8h30 tapante et aucun retard ne sera toléré !

- C'est trop tôt ! baille DM pour qui la nuit a été un peu courte.

En effet, le Cancer n'est absolument pas déprimé parce que le Grand Pope ne veut pas qu'il garde ses nouvelles pièces de collection. C'est pourtant bien lui qui lui a suggéré, pendant le pique-nique de l'autre jour, d'entamer une nouvelle collection pour passer le temps et oublié son canard à deux têtes ! Et dire qu'il avait passé des nuits pour vider le Muséum et tout installé dans son temple. Donc, il avait repassé des nuits pour tout remettre en place et d'autres encore à la recherche de squelettes entiers pour sa nouvelle collection. Et comme il n'a pas le droit de tuer sans autorisation (autorisation qu'il n'est pas prêt d'avoir, il le sait très bien), il doit se contenter de cadavres d'animaux pas toujours en bonne état.

Bref, il est donc sur le point de s'endormir debout lorsqu'il entre, avec ses compagnons, dans la salle du Grand Pope. Et comme ses frères d'armes, il est surpris de trouver vingt-deux petites tables et chaises bien alignées sur deux rangées, au millimètre près.

- Installez-vous, leur dit le Grand Pope d'une voix autoritaire. Vous avez chacun votre place.

Et effectivement, chacun trouve sa place puisque sur chaque table est posé un petit carton avec les douze signes du zodiaque. Aldébaran regarde sa petite table d'un air désespéré. Déjà qu'en temps normal, il a un problème de taille avec les meubles mais alors là... Enfin, il se résigne, il pousse la petite chaise avec beaucoup de douceur et de délicatesse et il s'assied en tailleur par terre. Et même là, il dépasse tous ses compagnons. Chacun s'est donc installé en se demandant pourquoi il y a autant de tables alors qu'ils ne sont que treize.

Mais deux d'entre eux ne trouvent visiblement pas leurs places.

- Aphrodite, Kanon, pourquoi ne vous asseyez-vous pas ? les interroge le Grand Pope.

- Et bien, répond le premier, je ne trouve pas ma place.

- Ta place est là, mon petit, lui indique le Pope.

- Ah non ! Là c'est la place du Poisson ! Moi, mon signe, c'est la rose, conclut Aphrodite d'un air distingué tout en passant gracieusement sa main dans sa longue chevelure.

Dans la salle, personne ne répond, ce n'est surtout pas le moment de se faire remarquer. Jamais pendant les crises du Grand Pope ! Et là, il est en plein dedans !

- Dis-moi, mon petit Aphrodite, tu es le chevalier de quel temple ? lui demande le Grand Pope en posant sa main sur l'épaule de celui-ci.

- Poissons. Mais je ne vois pas le rapport avec moi.

- Bien alors si tu veux avoir le privilège de t'occuper de ma roseraie...

- De votre roseraie ! coupe le Poisson, indigné.

- Je te suggère de t'asseoir à ta place bien gentiment, continue le Pope en lui serrant l'épaule. Alors, assis ! (Le chevalier à la rose s'exécute aussitôt sans ajouter un mot). Kanon, où vas-tu ?

- Ben, je rentre. Y a qu'une seule table pour...

D'un seul coup, le second Gémeaux se tait. Une idée a subitement traversée son esprit. Non, Shion n'a pas fait ça ! Depuis le temps qu'il le surine parce ce que ce n'est pas parce qu'ils sont jumeaux, Saga et lui, qu'il est forcément un rebut, une erreur ; que même étant deux, le cadet a une place à part entière au sein du Sanctuaire, qu'il n'est pas le double, l'ombre où tout ce que vous voulez, de Saga. Oui, bon, enfin, pas tout ce que VOUS voulez, faut pas exagérer quand même. Ni de Saga, ni de vous. Oui, oui, je vous vois venir, bande de pervers(es) ! Ah, quel beau mec tout de même... hm, je m'égare.

Bref, Kanon se résigne. Il attrapa la petite chaise mise de côté par Aldébaran et il la traine bien comme il faut, même s'il doit se casser le dos parce qu'elle est vraiment trop petite cette chaise, jusqu'à la table de son frère qu'il va devoir partager. La table, pas son frère !

- Que fais-tu avec cette chaise ? demande le Grand Pope qui commence à être passablement irrité.

- Ben quoi ? Vous comptez quand même pas que m'assois sur les genoux de mon frère.

- Il y a déjà une chaise, Kanon.

- J'peux pas la partager avec lui, Saga prend toute la place dessus, il est trop gros !

- Pardon, répète ça ! s'indigne ledit frère.

- Ouais, tu prends toute la place ! (A prendre... comme vous voulez). Tu vas pas me faire croire que c'est la chaise qui est trop petite !

- Mais parfaitement !

- Kanon, va au coin ! intervient le Pope en montrant du doigt l'un des coins de la salle.

Le cadet l'observe un moment stupéfait puis, finalement il s'exécute sans broncher après avoir claqué la chaise sur les dalles de pierre en la posant. En tournant le dos à Shion, il a un petit sourire aux lèvres.

- Non, rectifie le Grand Pope au moment où Kanon disparait entre deux colonnes. Je ne pourrai pas te voir. Va plutôt au piquet.

Zut, zut, zut et re-zut ! Raté ! Les deux mains fourrées dans ses poches, Kanon se place le dos à une colonne en bougonnant. Lui qui avait espéré disparaître discrètement, c'est loupé ! Il jette de nouveau un coup d'œil à la salle. Mais pourquoi y a-t-il autant de tables ? D'habitude, Shion n'embarque que les chevaliers d'or dans ses délires. Avait-il l'intention d'embarquer les argents cette fois ?

A ce moment-là, quelques coups résonnent à la lourde porte. Shion se frotte les mains et ordonne à ses invités d'entrer. Stupéfaits, les chevaliers voient débarquer les six Généraux des Mers et les trois Juges des Enfers. Ceux-ci s'immobilisent en voyant les douze Chevaliers assis sur de petites chaises.

Treize + six + trois = vingt-deux, le nombre de tables, parce que la table de Kanon avait quand même été prévue par les serviteurs.

- Oh non, soupire Camus en calant sa tête dans sa main, il veut jouer au maître d'école.