Coeur d'artiCHOUX (Esther), Réécrit

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J'étais assise dans le grenier quand je sentis à nouveau cette odeur nauséabonde. Du chou. Encore et toujours du chou. Cet aliment avait le don de me causer des haut le coeur rien qu'à son odeur.  Mais pire encore, cela me mettait dans tous mes états. Comme à cet instant précis, où je faisais les cent pas dans une pièce ou on ne peut en faire plus de trois, en l'occurrence le grenier. Grenier que je visitais de moins en moins, non pas sous demande d'Isaiah, mais à cause de sa présence ici. Il m'est souvent arrivé de monter et de le trouver allongé à même le sol, concentrer sur je ne sais quel stupide sujet qui pourrait l'interresser. Pourtant, il faisait son maximum pour que je puisse venir, mais je me sentais de trop avec lui. Enfin, je me sentais plutôt gênée de sa présence. ou du moins de la mienne en sa compagnie. Alors, les rares fois où je le voyais dans la salle commune, je me ruee en haut pour m'évader.

Pendant que je marmonnais, la colère s'empara de moi, et je jetai près de l'échelle mon livre, afin d'évacuer toutes ces mauvaises ondes. Ce que je n'avais pas remarqué, c'est qu'Isaiah se trouvait là, et que le livre était tout proche de lui. Il me regarda, encore avec le même sourire au coin des lèvres, puis s'empara de mon roman.

-Orgueil et préjugés, lit-il à voix haute. Je me demande de quoi parle ce livre, mais ça n'a pas l'air très drôle.

-Et bien détrompez... euh détrompe toi, corrigeai-je après qu'il m'ait jeté un regard noir.

-Pourtant ce n'est pas ce que dit le titre! Isaiah voulait toujours avoir raison, et cela m'exaspère toujours autant.

-Juger un livre à son titre, c'est comme juger une personne à son physique Isaiah. c'est complètement stupide!

Il me tendis le livre, que je vins récupérer, avant de repartir m'installais sur les bouts de tissus que j'avais cousu pour en faire une étoffe, ou je pouvais m'asseoir. Isaiah s'assit quant à lui sur les lattes de bois usées.

-Tu comptes rester?

-Ça te dérange si je reste Esther?

-Ça dépend.

Voilà comment une fois de plus, il réussit à gâcher mon moment de plaisir et de libération.

Isaiah, pour qui le silence rimait forcement avec la torture se mit a me parler du temps, de ce que mon livre racontait, de l'amour qu'on les filles pour les romans a l'eau de rose qu'il considere lui comme etant ennuyeux a mourir et sans intrigue. Mais malgré tout, sa présence aujourd'hui ne me gêne pas. La conversation évolua naturellement vers la vie d'avant, et Isaiah, qui laissait sa curiosité parler a sa place me demanda de lui en dire plus sur mes amies, celles que je verrais si je pouvais vivre un jour parfait.

-Mais je ne comprends pas. Pourquoi t'ont-elles abandonné de la sorte Esther? Je veux dire, vous n'étiez que des enfants!

-Tu sais très bien qu'en ces circonstances, il n'y a pas d'enfants ou d'adultes! Elles avaient des craintes pour elles et leurs familles Isaiah. Et puis, leurs parents ont probablement dû leur interdire de me parler. Je veux dire, qui aimerait que son enfant soit surpris en train de raconter ses secrets a la fille juive quand ces mêmes juifs sont chassés et traités de tous les noms. Tu n'as pas vécu la même chose avec tes amis?

Isaiah rougit légèrement.

-Eh bien, c'est que...

-Tu n'as pas envie d'en parler, finis-je. Et c'est normal Isaiah! Tu me raconteras une prochaine fois, dis-je en souriant.

Il me sourit également puis nous nous remirent à parler pour ce qui semblait être de courtes minutes, mais qui était en réalité une bonne heure.  La discussion était d'une fluidité rare, et au fil de celle-ci, Isaiah partagea mon étoffe recycler avec moi, nous rapprochons et créant une sorte de cocon, ou seuls nous deux pouvaient se trouver. La froideur du mois de février nous rattrapa néanmoins assez rapidement, et m'arracha un frisson. Isaiah, mis autour de mes épaules la couverture dont il se servait le soir et notre discussion pris un tournant tout autre quand Isaiah me demanda:

-Penses-tu que s'il n'y avait pas eu tout ça, nous ne nous serions jamais connus?

-C'est compliqué de te répondre, ricanai-je. Je pense que si nous étions destinés à nous connaître dans cette vie, cela serait arrivé peu importe le contexte. Donc je ne peux pas te dire si je pense que notre rencontre est dû à cette situation précise, mais je suis sûre qu'on se serait croisés.

-"Cette vie"? Tu crois en d'autres vies?

-Eh bien je pense que notre âme ne meurt jamais. Qu'elle ne fait que changer de corps quand celui qui nous abrite s'essouffle, afin de vivre des expériences nouvelles à chaque vie.

-Je peux donc te dire Esther que j'espère t'avoir connue dans toutes mes précédentes vies, et encore te connaitre dans toutes celles à venir.

Il se pencha vers moi et, son regard plonge dans le mien, il vint calai une mèche de cheveux derrière mon oreille. Sa main glissa alors jusqu'à ma joue et nos respirations s'accélèrent tout en harmonie. Pour la première fois, je voyais Isaiah, un être bon, délicat. Un bel homme, dont le regard perçant témoigne d'une passion brûlante, mais surtout d'une blessure qui ne pouvait cicatriser. Il sentait l'eau de cologne et ses lèvres paraissaient si douces, si sucrées. Dommage qu'à cet instant, qui aurait pu être si magique, monsieur Gunther réclama l'aide d'Isaiah, effondrant tout le désir qui régnait dans la pièce, m'empêchant d'apporter des réponses à ma curiosité.

1943 (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant