Des larmes, des cris, du désespoir. Voilà ce que je vis cette première journée de travail. En arrivant devant l'immense immeuble délaissé depuis des années par les précédents locataires, mes compagnons et moi nous demandèrent si la plainte reçue plus tôt dans la journée n'était pas une blague, une farce de mauvais goût faites dans l'espoir de détourner notre attention. Cela pouvait arriver, même si les gens n'aiment pas rire des SS et malgré la crainte que nous engendrons. Pourtant, en forçant la porte, nous les découvrîmes. Ils étaient cinq. Cinq personnes, assis par terre, dans une pièce où règne la peur, ou même le simple fait de respirer pouvait vous tuer. Leurs états laissent facilement deviner que ces gens étaient là depuis longtemps. Une odeur de sueur et de moisi régnait dans l'immense pièce délabrée. Des rats envahissent le sol, se cachant derrière les débris de bois qui formaient auparavant les colonnes du bâtiment. Ces gens-là n'avaient pas besoin de nous pour mourir, ils l'étaient déjà depuis longtemps. Nous ne ferons qu' accélérer l'arrêt de leur présence ici. Le choc de ses conditions nous laissent muet pendant de très brèves secondes, au cours desquelles des larmes de terreur coulèrent le long des joues des habitants de cet havre de peur. La femme, une brune d'une quarantaine d'annees se jeta a nos pieds, nous suppliant de ne rien leur faire. Sa voix craquer, ses yeux pleuvaient, son nez coulait, ses mains tremblaient. Tout en elle montrait sa détresse.
- Depuis combien de temps êtes vous là, demanda Helmut, notre doyen, et sans doute la personne la plus expérimentée de notre brigade.
-Dix...dix mois, répondit la voix rauque mais si fragile du père de famille.
Helmut avala sa salive, étonné de cette réponse. Ils nous avaient échappés pendant si longtemps et il y en avait sans doute d'autres.
-Cinq minutes. Je vous donne cinq minutes pour rassembler vos affaires.
Pourtant, ils restaient immobiles. Personne ne chercha à ranger quoi que ce soit. Ils n'avaient rien à ranger. Ce qu'il possédait, il le portait sur eux. Des vêtements, portés l'un sur l'autre et donnant l'impression que ces corps maigres étaient plus volumineux que la réalité. Ils se levèrent, avancent vers la sortie et allèrent vers le véhicule qui les attendait à la porte. Dans d'autres circonstances, avoir une telle escorte et un véhicule qui nous attend aurait été perçue comme un signe de chance. Mais là, chacun d'eux savaient qu'il montait dans un véhicule près à exploser. La chance n'était pas de leurs côtés. Mais après tout, ils n'avaient qu'à ne pas être juif. Cette simple appartenance montrait que le destin n'était pas de leur côté. Et ce depuis bien longtemps. Porter le fardeau d'une croyance, de pratiques barbares, de trahison et de déshonneur. Ces gens-là peuvent paraître sympathiques mais en réalité, ils sont pourris jusqu'à l'os. Heureusement, nous le savons et nous ne nous laissons pas faire. Car la grandeur de notre pays repose sur nos épaules.
Pourtant, en voyant défiler ces trois enfants, je cherchais désespérément ce qui me poussait à faire ça. Helmut a dû le remarquer, car il vint vers moi et déposa une main sur mon épaule:
-N'oublies pas qui ils sont et ce qu'ils ont fait, petit.
J'acquiesçai de la tête, pourtant une question me rongeait l'esprit. Qu'ont-ils fait? Qu'ont fait ces mioches dont le plus grand n'a même pas neuf ans? Une chose est sûre, je ne me sens pas menacé par eux.
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1943 (En réécriture)
Ficção Histórica1943: la guerre n'a jamais était pire. Des millions de juifs se font tuer. La dictature allemande n'a jamais était aussi puissante. Le Führer est dans toute les unes de journaux. On se bouscule pour pouvoir voir le bout de son doigt. Frantz est un...