5. Appréhension...

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Je n'aime pas les voyages en avion, ni ceux en train et encore moins ceux en voiture. Je n'aime pas voyager. Surtout que j'ai complètement oublié de regarder la date de mon retour. Super ! J'appréhende beaucoup cette rencontre: je ne sais pas vraiment ce qu'il m'attend, mis à part que je vais faire le même travail que dans l'entreprise pour laquelle je travaille. Est ce que mon patron sera sympa ? Déjà qu'il est moche, avec un charme, j'espère qu'il est au moins cool. Sinon il regrettera mes heures dans cette avion. Même en première classe. Et la personne que j'ai envie de tuer c'est cette hôtesse de l'air. Toujours en train de demander si je veux quelque chose. Je sais, vous allez me dire que c'est son métier mais là c'est à la limite de l'harcèlement ! Toutes les deux minutes...

-Mad...

-Non, je vous assure que je ne veux rien.

Vous voyez ! Elle me lâche pas d'une semelle !

-Votre ceinture.

-Hein ? Mais pourquoi ? 

-Nous allons atterrir.

Et elle part. En me laissant comme ça ! Je vous vois venir, vous, derrière votre écran en train de rigoler ! Et c'est pas marrant ! Je n'aime pas l'avion ! Pour la peine, je ne vous raconterais pas ce qu'il se passait hier soir. Tant pis. Vous boudez ? Très bien, moi aussi je peux bouder. Bon comme vous êtes mes seuls amis, je vais vous raconter: Je me endormie avec la douleur et ce matin, j'étais en pleine forme ! Vous voyez ce n'est rien ! J'en ai l'habitude ! Même si je l'avoue, la crise d'hier soir était...extrêmement douloureuse. Mais bon, je vais mieux, c'est la principal non ? Ce n'était pas ma dernière et je sens que plusieurs m'attendent ! Et ça commence déjà: j'ai une légère douleur au niveau des omoplates. Et ça me chatouille. Oui, j'ai beau de tortiller dans tous les sens, ça me gratte ou ça me chatouille. J'en ai marre, je veux descendre ! Je suis tellement stressée que je n'ai pas senti qu'on était au sol. Je vois des gens mâchouiller, dire que leurs oreilles sont bouchées. Les miennes vont très bien, les autres je m'en fou. 

J'ai récupéré ma valise avec succès et lorsque je mets un pied dehors et que le vent froid me fouette le visage, je me sens bien, c'est presque jouissant tout ça. J'oublie tout, j'oublie quelle saison s'est installée, j'oublie le jour, la date de retour...Ah non, ça il faut que je la note ! J'ouvre ma valise et je cherche le dossier. Je l'ai pris. Des personnes me regardent bizarrement, je m'en fou. Lorsque ma main touche le papier fin du dossier, je me retiens de hurler. Je l'ouvre et je fouille. Bon il n'y a QUE trois feuilles. Je prends LA feuille et au moment où mes yeux tombent sur la fameuse date, je manque de défaillir. Trois mois. TROIS mois. Mais c'est énorme ! Partagez vous ma colère ? C'est horrible ! Et je compte bien le faire savoir. Je prends mon téléphone. Il va m'entendre.

-Monsieur Marchand à...

-Mais vous êtes fou ! 

Un silence s'installe. La respiration de mon patron est calme, posée, en même temps, rares sont les fois où je l'ai vu énervé. Il est toujours serein. Comment fait-il ? Moi aussi je veux être calme !

-Bonjour Mademoiselle Larsen.

-Bonjour.

Mon côté gamine remonte comme une fusée. Or de question pour mon cerveau et ma bouche d'agir en adulte responsable, même si ma conscience me hurle le contraire.

-Quel est le problème ? 

-La durée.

Faire des phrases courtes. Je n'ai pas tout mon temps, je suis sur qu'il est 11h30. A tous les coups je vais arriver en retard. Superbe impression qui va aller directement sur le fameux rapport. J'adore ça. Veuillez, bien sur, notez l'ironie de cette mini-phrase. Vous me comprenez, j'en suis sure et certaine. Je vous aime de plus en plus dis donc.

-Quel est le problème avec cette fameuse durée de votre contrat Mademoiselle Larsen ? 

-C'est long. Trop long.

Deux mots en plus. Si on continu dans cette lancée, dans une heure je pourrais faire trois phrases complètes. Mais c'est génial ! Ironie quand tu nous tiens.

-Trop long ? 

-Mais bien sûr ! Trois mois Monsieur ! Dîtes le moi si vous que je parte de votre entreprise. Jamais je ne tiendrai trois mois, déjà qu'un c'est compliqué alors trois ! 

-C'est bien la première fois que vous me parlez autant Mademoiselle Larsen, mais c'est pour vous plaindre, c'est dommage.

Et il a raison ! Je n'aime pas me plaindre mais là c'est un cas d'urgence. Puis j'ai un peu honte, je ne lui parle presque jamais alors que je suis l'une de ses secrétaires personnelles, c'est honteux non ? 

-Ecoutez moi, Monsieur Allen est quelqu'un de confiance et agréable au travail. Il vous mettra à l'aise et j'espère que vous pourrez rester à votre poste au sein de mon entreprise, je le fais pour vous, non pour moi. D'accord ? 

-D'accord...

C'est un souffle qui est sorti de mes lèvres en disant cette phrase. Gaminerie quand tu nous tiens.

-Regardez ce qu'il y a marqué à côté de la date de durée de la mission. Je suis sur que vous n'avez même pas les prit le temps de bien regarder.

Je baisse mes yeux vers cette maudite date et là j'explose.

-MINIMUN ? 

-Je suis fière de vous, vous savez toujours lire ! Bonne chance !

Bip, bip, bip... Bip bip quoi ? Non mais je rêve ! C'est le coup de grâce ! Trois mois minimum ! Je vais mourir, préparez mon cercueil. Ce qui me réconforte c'est que vous n'avez même pas remarqué que j'avais un téléphone. Vous suivez tellement ! Cela fait plaisir ! Pour ceux qui ont compris veuillez noter l'ironie. Pour les autres, je n'ai pas de portable d'habitude. J'en ai acheté un ce matin et c'est ce cher Monsieur Marchand qui me paie, exceptionnellement, un forfait. Je ne sais pas pourquoi je vous dis ça ni même si ce détail, qui est le portable, va faire avancer l'histoire mais je me suis dis que c'était bien de partager ça. Car ici, on se partage tout. Enfin, je partage quelques éléments de ma vie. Enfin toute ma vie depuis...plus de 24h non ? 

Je range le téléphone et je referme la valise. Le dossier contre ma poitrine, j'avance vers...Je ne sais pas où mais j'avance. Tout droit en tout cas. Enfin vers les places pour taxi. Oui car c'est bien gentil de m'envoyer ici mais j'y vais comment là-bas moi ? A pied ? Puis quoi encore ? Autant camper ici, ce serait pareil. Bon je suis officiellement en retard. Il est 11h45. Et le temps que j'arrive à cette chère entreprise, il sera trop tard. Autant rentrer non ? Oui ! J'AI UNE IDEE ! Je rentre, je dis que Monsieur Allen n'était pas là, et que j'ai décidé de rentrer et que j'y retournerai une prochaine fois. Ce qui pour moi veut dire jamais. Bon je risque gros avec ce plan mais tous les moyens sont bons pour rentrer. Je fais demi-tour, oui je vais prendre des risques ! Je serai bientôt rentrée ! Je suis presque arrivée devant les portes. Vous savez celles qui coulissent. Bon, passons, ce n'est vraiment pas intéressant et...

-Mademoiselle Larsen ? 

Je me retourne tellement vite que ma tête tourne légèrement. Un homme, debout devant moi, me fixe. Non, non, non...

-Bonjour, je suis Monsieur Allen.

J'ai vraiment la poisse !


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⏰ Dernière mise à jour : Jul 02, 2016 ⏰

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Solitaire acharnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant