4.Mauvaise humeur...

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Non mais je rêve ! J'ai la poisse c'est pas possible ! Je comprends mieux pourquoi le type de tout à l'heure a dit que je ne ferai pas long feu ! C'est même sur ! Autant préparer les cartons tous de suite ! C'est une blague ! Cette journée commence vraiment mal. Je vais exploser. Il n'a pas droit de me faire ça ! Si ? Admettons. Reprenez les chapitres et dîtes moi à quel moment j'ai dis que j'aimais les gens ? A aucun moment ! Ma vie est un désastre. Puis c'est qui ce type déjà. Je n'ai pas envie d'ouvrir ce foutu dossier. Je repense à mon comportement de tout à l'heure: il est entre le comique et le pathétique. J'ai caressé une porte ! UNE PORTE. Un tableau, je veux bien. Un vase, je veux bien. Même si caresser un objet est déjà bizarre, une porte, c'est...comment dire...il n'y a pas de mot. Le geste n'allait pas avec la situation. J'ai cru que j'allais être virée et au final je vais devoir quitter mon bureau et mes habitudes pour aller voir ailleurs le temps d'une mission. Mais le pire c'est que je vais devoir communiquer. COMMUNIQUER. A quel moment de ma vie je communique avec autrui ? Jamais. 

Au moment où je vous parle, je suis à mon bureau, le dossier devant moi. A part mon ordinateur, il n'y a rien. A part mon pot de stylo et les feuilles blanches de l'imprimantes, je n'ai pas d'affaires personnelles. Oui j'emprunte les feuilles blanches, comme si j'allais en acheter. Ça ne sert à rien. Non, je m'en fou. L'urgence de la situation me fait peur. Et je ne sais pas quand je pars. Est ce qu'il l'a dit ? Vous vous en foutez ? Bravo la solidarité, ça fait plaisir. Je n'ai vraiment pas envie d'ouvrir ce foutu dossier. Vraiment pas. Mais il faut que je me force. Mais je n'aime pas me forcer ! Je n'aime pas parler aux gens ! Je n'aime pas quitter un endroit pour un autre de manière non-définitive. Je m'attache trop vite aux endroits que je fréquente ! C'est horrible ! Je suis chiante ? Mais je vous aime bien, c'est le principale non ? D'accord, je me tais.

Ma main tremble lorsque je l'approche du dossier Larsen. J'ai ai des frissons dans tout le corps. Je sens les regards sur moi...

-Ale..

-Chut.

Oui, je viens d'envoyer balader une personne. Mais ce n'est vraiment pas le moment. PAS DU TOUT. Je ferme mes yeux. Je pourrais juste aller au plus et ouvrir le dossier, le survoler et passer à autre chose. Non, moi je ne fais jamais les choses comme les autres. Je suis obligée de me faire du mal. Je suis bizarre. Je sens que le dossier sous ma main, je l'ouvre. Je touche les feuilles. Il y en a trois. C'est bizarre pour un dossier. La curiosité prends le dessus et j'ouvre directement les yeux. Les feuilles sont retournées. Je les retournent et les placent l'une à côté de l'autre. Trois feuilles. Sur l'une, il y a un plan, avec des indications et la fameuse adresse écrite en gras. Impossible de la louper. Sur l'autre, une photo d'un homme, moche. Bon il a un charme, plus que l'autre mais c'est pas encore ça. En dessous, je vois des mots, trop de mots et je pense que ce sont les choses que je dois savoir. C'est intelligent ça, Monsieur Marchand veut me sauver la face, c'est pas gagné.La dernière feuille à pour titre "Mission". Bon, le sujet fait un peu peur. Les seules missions que j'ai sont de rapporter le café, donner les dossiers des clients à Monsieur Marchand à chaque rendez-vous, d'imprimer des rapports et d'aller chercher son déjeuner. Alors avoir une vrai mission me fait peur. Je prends le temps de lire cette mission. Apres une lecture très approfondie de cette feuille, où chaque mot ,même le "le" est étudié, je me redresse et je suis perdue. Non pas spatialement, mais mentalement. Vous m'avez perdue, je suis complètement à l'ouest. Je vous résume ma mission: je dois faire exactement le travail que je fais ici. Le seul problème c'est que je vais devoir parler. Etre plus agréable. C'est le gros problème. 

-Mademoiselle Larsen ? 

Je redresse la tête et je vois mon PDG debout devant moi. Qu'est ce que je dois faire encore ? 

-Oui ? 

-Je viens d'avoir Monsieur Allen au téléphone, je l'ai rassuré que vous serez bien arrivée demain midi dans son bureau et...

-Monsieur Allen ? 

-Votre futur employeur.

Si j'avais pris le temps d'enregistrer son nom de famille, je n'aurai pas allongée cette conversation.

-Ah oui excusez moi.

Il s'assoie sur la seule et unique chaise qui trône devant mon bureau.

-Bon écoutez, vous partez demain matin, deux heures de vol, ce n'est pas long. Soyez ponctuelle, agréable, souriante. Pour le premier; je vous fais confiance mais les deux derniers, je doute un peu. Votre place dans mon entreprise est en jeu. Si le rapport de Monsieur Allen est mauvais, vous êtes viré. Suis-je clair ? 

-Très.

-Bien. Vous pouvez rentrer.

Il se lève. Moi ? Je prends mes affaires et je cours vers mon appartement. Les dix minutes ce sont transformés en cinq minutes. Aucun sourire à la secrétaire de l'accueil, j'ai même enlevé mes talons. Je suis en bas e mon immeuble. J'enchaîne les étages à une vitesse folle. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. J'ai mal à la tête mais j'ai surtout mal aux omoplates. C'est horrible. Les larmes me montent aux yeux. Le voyage n'est plus un problème. Je me courbe, c'est horrible. Venez m'aider ! Que je suis idiote, vous ne pouvez pas. Je dois souffrir seule. Je m'allonge. Ce n'est pas la première fois que j'ai ce genre de crises. J'ai déjà vu un médecin, mais il n'a rien trouvé. Généralement, quand ces crises apparaissent, ma colonne vertébrale est en forme de "S". Je le sens au toucher de mes doigts. Et lorsque le médecin m'examine, il me prend pour une folle. Ma colonne est intacte. Je vérifie. Le S est là, je sens ses contours. Je pleure, ça fait mal. Je n'ai jamais cherché savoir ce qu'il m'arrivait. Je trouve ça futile. Mais dans les cas comme ça, j'ai envie de chercher, mais après j'oublie. Je ne m'y intéresse plus. Je ne peux plus bouger. Une heure, deux heures, le temps passe et la douleur ne passe pas. Elle est constante, elle ne diminue pas mais elle n'augmente pas. D'habitude, après dix minutes de souffrance, la douleur s'en va. Aussi vite qu'elle est venue. Si vous me verrez, vous auriez pitié, mais vous n'êtes pas avec moi. C'est bien dommage ! J'ai sommeil, mes paupières sont lourdes. Le sommeil me vient d'un coup alors qu'il est presque midi. Vous allez me dire que c'est ma petite balade de cette nuit: et bien ce n'est pas ça. J'en suis sure. Ce n'est pas normal je vous dis ! Il m'arrive quelq...

Solitaire acharnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant