1.Une année de plus...

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Qu'est ce qu'on fait dans une journée ? La routine ? Les mêmes gestes ? Les enfants doivent aller à l'école, les adultes au travail...Mais lorsque cette journée devient un jour spécial, qu'est ce qu'on fait ? La routine des jours spéciales ? Les mêmes gestes des jours spéciales ? Mais lorsque CE jour est LE jour ? Vous savez, CE jour où nous sommes au centre de l'attention, on est vivant aux yeux de certaines personnes, beaucoup vous oublie, mais c'est NOTRE jour ? Mais oui...cette journée porte un nom....attendez...ah oui: ANNIVERSAIRE.

Pendant l'enfance, on est content, on grandit, un an de plus, bientôt un petit dans la cours des grands ! Sortir tout seul, on commence à être automne, bref on grandit !

Pendant l'adolescence, on est heureux, l'école est bientôt fini, le permis, les amours, l'indépendance ! On se cherche, on explose, on découvre, on crie, on vit, bref on grandit !

Etre adulte et prendre un an de plus, c'est...autre chose ? Les responsabilités, les enfants a élevé, les factures, les dépenses à gérer. On ne grandit plus, on vieillit. On se rapproche de la fin, doucement mais sûrement. Au début c'est bien, mais ensuite, on se fatigue, le corps ne suit pas le mental.

Et bien aujourd'hui, je vis cette fameuse journée. Oui je sais, surprise party, cadeaux à gogo, famille retrouvée etc....Et bien non. Encore un an de plus où je vais être seule. Seule à souffler ma bougie, seule à faire mon gâteau, seule à choisir mon cadeau, m'acheter mon cadeau...

Il est plus de deux heure du matin, je n'ai pas dormi, je pense. Vous savez, cette nuit où on ne ferme pas un œil de la nuit, par l'excitation ou l'angoisse, cette nuit où toutes les tisanes du monde ne fonctionnent pas. Et bien, c'est ma nuit. Ce n'est pas la peine d'arranger les choses, je n'ai cas attendre le jour. Mais le problème est là: je n'aime pas attendre. Alors je me lève. Je m'habille vite fais et je sors. Il fait froid, un peu, beaucoup. Je serre mon gros manteau et je marche. je connais la route, même de nuit. Je vois très bien de nuit. Enfin grâce aux lampadaires. J'ai oublié qu'on était en hiver, ce n'est pas un problème. Rien n'est sujet à problème, tout à une solution. Oui tout. Même les situations les plus farfelues. J'aime penser. J'adore penser. J'aime passer d'un sujet à un autre. Parler d'un sujet pendant une heure n'est pas mon point fort. Je n'ai pas de téléphone. Pour téléphoner à qui ? Au Pape ? Est ce qu'il a un téléphone ? Pour appeler qui ? Les évêques ? Mais ont-ils un téléphone ? Tant de question pour une seule réponse: on s'en fout. Je secoue ma tête. Mentalement bien sur. Vous imaginez vous, une fille, qui marche, normalement et d'un coup elle secoue sa tête ? Mais pas d'une petite secousse: un séisme, un tremblement de terre ? C'est flippant non ? Et bah oui, ça fait peur ! J'ai froid, très froid, mais je m'en fou. Vous vous demandez peut-être où est ce que je vais, dans la nuit. Quelque part. Et j'y suis arrivée. Le portail est fermé. Ah oui, il fait nuit.

Un problème ? Une solution. On grimpe ! Bon, il n'est pas très très haut donc ça va le faire, j'espère. Après quelques accrochages et un peu de force, je parviens à toucher la terre. Enfin ! Alors je marche, encore. Bon, là il n'y a pas de lampadaires. C'est dommage. Un problème ? Une solution. On s'en fou ! Je connais l'endroit DONC si je fais comme si c'était le jour, je vais y arriver. Non ? Normalement. Je marche, je ferme les yeux. Les avoir ouvert ne sert strictement à rien. Et c'est à ce moment là que vous vous dîtes: mais qu'est ce que je fous à lire ça ? Et bah c'est votre problème. J'aime personne. Enfin, c'est rare mais...on s'en fou en fait. Bref, vous m'aimez bien ? Moi un peu, parce que je vous parle. Et que si vous faites des commentaires, je ne peux pas les écouter. Mais vous, vous pouvez arrêter votre lecture, mais vous le ferez pas, parce que vous avez envie de savoir où est ce que je vais. Intelligence quand tu nous tiens ! Bref, avec ma super logique, j'arrive, je pense, à destination. Je me penche, je touche des bout des doigts, c'est froid, gelé. Je sens les creux des écritures. Les lettres gravées. Vous avez devinés ? Non ? Bon. Je m'assoie, sur l'herbe. je serre mon manteau contre ma poitrine. Je regarde devant moi, je sais ce que je regarde. La nuit n'est pas un problème, c'est une solution. Le vent se lève. Il fouette mon visage. Je m'en fou. Je me penche. Je touche encore une fois la pierre gelée. J'essaie de deviner ce qu'il y a écrit. Je sais très bien ce qui est écrit. Son nom, son prénom, ses dates. Vous devinez ? Je la caresse, je lui parle. Je m'allonge, je cale ma tête contre la tombe. Je lui parle, elle m'écoute. Je la sens qui me serre dans ses bras. Me rassure. Je l'entends m'appeler, me dire que tout va bien. Je ne la croit pas. Je l'espère mais l'espoir à quitter mon âme depuis longtemps.
Je prends la boite d'allumettes que j'ai dans ma poche. Quoi ? Oui je n'ai pas de portable mais j'ai des allumettes ! Puis on s'en fou. Donc, je prends MA boite d'allumettes et je gratte pour avoir du feu. La petite flamme éclaire faiblement. Je lis l'inscription. L'allumette se consomme, me brûle les doigts. Mais je m'en fou. Je l'éteins et j'en rallume une autre. Je relis l'inscription. Je recommence une dizaine de fois. Je n'aime pas pleurer. C'est quoi pleurer ? C'est quel sentiment ça ? Joie ? Peine ? C'est quoi ? Vous pleurez quand vous êtes triste. Vous pleurez quand vous êtes ému. Je recommence l'opération. Je me répète cette phrase. Je n'aime pas pleurer.
Je n'aime pas crier. On crie tout le temps. A la naissance, on crie. Quand on est en colère. Quand on est heureux. Tout le temps ! Je recommence l'opération. Il ne va plus avoir d'allumettes. Il doit y en rester ! Ce n'est pas un ordre ! C'est une obligation ! Un ordre, vous pouvez le détourner, une obligation, non ! Mes mains tremblent. Je ferme mes yeux. Je recommence. Il ne reste plus beaucoup d'allumettes.
Je n'aime pas avoir peur. C'est nul. C'est mauvais. Quand on a peur, on se crée des scènes dans nos têtes, puis on a de plus en plus peur. On est bête ? La peur rend bête. J'allume, j'éteins. C'est la dernière. Je sens que le paquet est vide. La dernière est entre mes doigts. Je la gratte au paquet. Sa flamme éblouit la pierre. Je lis. Elle me brûle les doigts. Elle s'éteint. C'en est trop. Je hurle, mes larmes déferlent sur mon visage, j'ai peur.

-J'ai un an de plus Maman !

Solitaire acharnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant