Chapitre 6

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     Ça faisait maintenant trois heures que le 'jeu' avait commencé, une heure que je cherchais Liz, et toujours rien. Pas un cri, pas un pleur, pas un gémissement. Même le clown avait arrêté de chanter... et je dois avouer, ce silence me faisait bien plus peur que n'importe lequel de ses monstres et, je ne pensais pas dire ça un jour, mais ça me mettait même encore plus mal à l'aise que toutes ses allusions répugnantes...

- « Depuis la temps que je tourne ici, j'aurais au moins dû tomber sur une autre créature, ou même juste Jack...» murmurai-je.

- « Ohhhmhmhm, ow chérie si seulement tu savais à quel point ce nom est sexy quand tu le prononces comme ça... tu me ferais presque jouer un mi bémol»gloussa-t-il, sa voix passant d'une octave à l'autre dans l'anarchie la plus parfaite. Nan ! Finalement je retires tout ce que j'ai dit avant : rien n'est plus dérangeant que ça !

- « Tu devrais faire attention à l'octave sur laquelle ce 'mi' se trouvera, parce que si tu continus le concorde pourrai bien avoir à dire adieu à ses valises. » Répliquai-je plus par frustration que par réel moquerie. C'était un tic chez moi : dès que je me sentais mal à l'aise ou qu'un type un peu trop sûr de lui parvenais à passer outre mon extérieur hostile, je ne pouvais m'empêcher de sortir ce genre de remarque de mauvais goût. Bien sûr, ce système marchait avec tous les mecs mais, après un long silence, IL se mis à rire... nan ils se mit à hurler de rire !

J'entendis même un bruit sourd, et j'assumai qu'il venait de s'effondrer sur le sol en se tenant les côtes tellement il riait. Voyant là une occasion de me tirer avant qu'il ne revienne à lui pour pousser cette ignoble discussion plus loin, je me mis à courir le long du couloir principal, dévalai les escaliers et me retrouvai cette fois-ci un étage au dessus de là où j'avais rencontré le 'garçon araignée' pour la première fois.


'Quelle histoire.... et quels personnages : un clown monochrome psychopathe, un pantin macchabée, un garçon araignée et et un castra recalé.... Si jamais je m'en sors, je m'exile en Sibér-'

Clang

Je sursautai, tenant ma tringle à deux mains à la façon d'une batte de base-ball, prête à frapper tout ce qui allait m'assaillir. Je sentais une présence, il y avait quelqu'un j'en étais sûre ! Soudain, j'entendis des bruits de pas derrière moi, ils étaient rapides : quelque chose courait dans ces couloirs et d'après le rythme de la course, c'était un bipède... un autre braillard ?
Mes yeux scannaient les lieux du mieux qu'ils pouvaient, mais je ne voyais toujours rien et ce, même avec la faible lumière qui émanait d'un réverbère proche. Soudain, je vis devant moi, une ombre être projetée de derrière moi sur le sol à mes pieds.
Je me retournai, juste à temps pour voir une porte se refermer en douceur : aucun monstre n'aurait pris la peine de refermer cette porte, et si ça avait été Jack, il m'aurait encore raconté des cochonneries que même un beauf n'oserait sortir, même ivre mort.
Intriguée au plus haut point, et sachant que la curiosité ne tuait que les chats, je me sentis rassurée en me disant, que j'avais toujours eu un caractère de chien. Je décidai donc d'ouvrir la porte, peut-être était-est-ce Liz... ou alors un survivant l'ayant vu, même si la dernière option me semblait la plus invraisemblable. Prenant une grande inspiration, j'abaissai la poignée et, poussant la porte le plus doucement possible, je me glissai à l'intérieur sans bruit.
Soudain, une lumière blanche éclaira mon dos et, dans un excès d'adrénaline, je ne réfléchis pas et donnai un coup de pied circulaire faisant tomber la source de lumière. A ce moment, un hoquet de surprise suivi d'un couinement se firent entendre sur ma gauche. Alors, prenant les devant, je chargeai dans cette direction, entrai en collision avec la source de ces bruits pitoyables et me préparai à la passer à tabac.

- « AHHHH, UN MONSTRE !! NON, LÂCHEZ-MOI !!! LÂCHEZ MOIIIII !!! » Hurlait la chose qui avait tenté de m'attaquer. Je me relevai bien vite, me dirigeai vers la source de lumière, et la pointai sur mon assaillant qui, à cet instant, me parut être la personnification de la vaillance même... se roulant par terre recroquevillé, cet homme d'une trentaine d'années environs, appelait ça mère en pleurant comme une madeleine !

- « Mais vous allez vous la fermer, on est pas chez mémé ici ! Un faux pas et on est mort ! Et si vous continuez à faire autant de potin, à la prochaine attaque, je me sers de vous comme bouclier humain ! » menaçai-je mes lèvres retroussées et mes dents serrées.
Il ne dit rien, et se contenta de secouer la tête frénétiquement. Je lâchai alors son col et, avec la lampe torche, observai la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Des canapés éventrés, des verres renversés, une table retournée...

- « Il semblerait que nous soyons dans la salle où les acteurs se reposent... Oh hé, suis-je bête, je ne me suis pas présenté : moi c'est Marc, Marc Habet ! » dit-il en me tendant la main.

- « Y/n... » répondis-je en continuant mon inspection. Je n'étais pas asociale, mais après tout ce que j'avais vu ici, je ne me sentais pas de tisser des liens, aussi petits soient-ils, avec des gens que je risquais de voir mourir à chaque instant. « Dites, vous avez vu une petite fille par hasard ? » demandai-je tout en marchant.

- « Hmmm Ah je ne pense pas avoir vu une petite fille, mais je crois l'avoir entendue- »

- « Où ça ? Dites-le-moi !! » ordonnai-je en le secouant par le col de son pull.

- « Au dernier étage, prêt du poulailler, mais j'ai pas osé y aller, j'avais peur d'y laisser ma peau cette fois... » dit-il en baissant la tête.

- « Cette... fois...? » demandai-je intriguée. 'Ce pourrait-il que ce type...?'

- « Oui... » répondit-il en sortant une photo de son porte-feuille. « Il y a dix ans, ma femme et moi avions emménagé à la campagne, on voulait que notre petite Lucie grandisse au grand air, qu'elle puisse courir et s'amuser... Nous étions si heureux... mais, nous étions tellement loin de l'école, que nous lui donnions des cours à la maison. Tout semblait si parfait... jusqu'à ce que... » dit-il tristement.

- « Quoi ? Que c'est-il passé ? Qu'est-il arrivé ? » demandai-je une main sur son épaule. A ce moment, il fut pris d'un spasme, et me prit dans ses bras.

- « Il l'a corrompu, ce fruit de l'Enfer l'a corrompu ! Il lui a fait mettre le feu à notre ferme! Il lui a ordonné de nous tuer. Elle- elle n'a pas réussi... Sa mère est maintenant coincée dans une chaise roulante... mais j'en suis sorti indemne. Mais, une fois hors de danger, j'ai entendu ma petite fille chanter une comptine. Elle riait au milieu des flammes sur le toit. Et il était là.... et elle riait... ! » sanglota-t-il. Pauvre homme, il avait vraiment tout perdu, je ne pouvais tout de même pas lui refuser un peu de compassion. Alors, je le laissai pleurer, imbibant mon écharpe de toute sa détresse, de toute sa haine, sa rage et sa peur. Nous somme restés comme ça un moment, avant qu'il ne me lâche, en me remerciant. « Cette fille, c'est qui pour vous ? » me demanda-t-il au bout d'un moment.

- « Ma sœur, mais je ne suis plus la sienne... » Dis-je amère.

- « Ahhh, c'est pas facile quand on a tant d'années d'écart... » énonça-t-il. « Mais vous savez, les liens du sang sont plus forts que ça ! Elle est encore jeune, il faut lui laisser le temps... » ajouta-t-il en me mettant une sur l'épaule.

- « Je sais... mais J- le clown ne la lâchera pas avant qu'elle ai rendu son dernier soupire ! » dis-je désespérée.

- « En fait, il y a peut-être un moyen, » dit-il pensif. Je l'écoutais attentivement ; ce type avait piqué ma curiosité. Il me regarda dans les yeux, et me dit d'un ton sérieux « Quand.... ma petite brûlait sur le toit, et chantait avec ce déséquilibré, elle a perdue pied et, par réflexe, elle avait essayé de se raccrocher au clown, mais il l'a laissé tomber... » hoqueta-t-il. Il avait du mal, c'était des images bien trop douloureuses, mais je voulais savoir, alors je ne disais rien. « De loin, quand elle a voulu s'agripper à lui, je l'ai vu lever une boîte en l'air; sans doute avait-il peur qu'elle ne la brise ou la fasse tomber dans les flammes... » finit-il, la voix sombre.

- « Alors cette boîte serait si importante ? » demandai-je incrédule.

- « Non, je ne pense pas qu'elle soit importante, je pense qu'elle lui est vitale et que sans elle, il n'est plus rien ! Et s'il l'avait chez moi, il l'a peut-être aussi amené ici aussi ! » 

lectrice x Laughing Jack : arc 1 PhobiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant