Chapitre 8

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    Je ne savais plus exactement depuis combien de temps je rampais dans ces conduits, j'avais dû prendre plusieurs tournants, j'avais même du monter à la verticale, maintenant encore, je me demande comment j'ai réussi... mais bon, je m'étais déjà trompée trois fois d'embranchement, et commençais sérieusement à perdre espoir. Quand soudain, je l'entendis.

I climbed up and down the cost,

to find a golden eagel ;

Il chantait en marchant, et c'était tout proche. Je rampai donc encore un peu, et arrivai devant une grille de ventilation déjà bien rouillée.

I climbed the rocks and thought i was close,

Pop ! Goes the weasel !

Il sortait et, en finissant son couplet, referma la porte derrière lui. C'était ma chance, je devais en profiter tant qu'il était absent. J'attendais donc un petit moment, et ne pouvant faire bouger la plaque qui m'empêchait de sortir, je dus me résoudre à la défoncer à coup de pied. Ce n'était pas la meilleure chose à faire, mais avec tous les bruits et craquements que l'on entendait continuellement ici, celui-ci ne dépareillait pas de trop. Je m'exécutai donc et sortis du conduit en posant le pied sur un vieux tabouret bancal. La musique, bien que n'ayant plus d'accompagnement vocal, continuait inlassablement à jouer encore et encore les mêmes notes.

Sa mélodie, me conduisit bientôt vers une vielle commode de style élisabéthain : une véritable œuvre d'art.

Elle était composée d'un bois veiné d'un brun-roux ciré magnifique. Et même si je déplorais la présence de vers à bois ainsi que de rayures, je trouvais que ces petites imperfections, faisaient l'effet d'un demi siècle sur un bon vin : elles lui donnaient du corps.

'Quel dommage de garder une telle beauté dans un endroit pareil, ils devraient la retaper, ou juste la revendre à un collectionneur... au moins elle serait à l'abri des éléments'. Soudain, laissant de côté mes délires d'antiquaire, je me rendis compte que l'un des tiroirs n'était pas totalement fermé et que sa poignée, était bien moins poussiéreuse que les autres.

Intriguée, je l'ouvris délicatement. Et elle était là : la boîte, sa boîte... 'alors Habet ne m'avait pas menti' me dis-je. Au moment où j'allais pour la prendre, je ne sais pourquoi, mais je ne pus m'empêcher de passer ma main sur le couvercle, traçant chaque lettre, chaque crevasse, chaque veine que la peinture écaillée laissait transparaître de la pièce en bois sans pour autant jamais vraiment oser la toucher.

C'était une ode à la sobriété, un pavé simple paré d'ornements colorés dont la localisation éparse permettait au rustique du bois de s'accorder agréablement avec le pourpre et doré des pourtours. Sur sa gauche, était attachée une remarquable manivelle en laiton dont le manche, malgré l'usure évidente des années, avait su garder cette forme particulière des anciens jouets d'enfant : une forme qui oscillait entre beauté brute et ergonomie.

Pour une amatrice de meubles et objets anciens, avoir à détruire cette boîte équivalait à un sacrilège, un crime de lèse-majesté !... mais si c'était le prix à payer pour enfin se réveiller de ce cauchemar...

Décidée à en finir, j'attrapai la boîte, et d'un coup, je sentis une grande douleur parcourir tous mes membres jusqu'à ma tête. Je m'effondrai, convulsant sur le sol, les yeux grands ouverts, incapable de lâcher cette foutue boîte.

Quelques instants plus tard, mes mains se mirent à bouger de leur propre chef, et la portèrent à hauteur de mes yeux. La musique,allait s'arrêter et, à la dernière note de 'Pop ! Goes the weasel', le couvercle s'ouvrit et je me sentis comme aspirée à l'intérieur.

lectrice x Laughing Jack : arc 1 PhobiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant