Chapitre 3

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  -« Entre là dedans ! Dépêches ! » ordonnai-je à ma sœur en vociférant. Après être sorties dans le couloir, nous avons entendu des bruits de pas venir de l'escalier central. Puis, quand un éclair fendit le ciel en deux, je vis une ombre gigantesque s'étendre jusqu'à nos pieds.

-« Trouvées~ » gloussa-t-il d'une voix chantante mais toujours aussi discordante. Serrant la main de Liz plus fermement, je l'entraînai à ma suite dans une course folle pour échapper à ce cas d'école.

« IL FAUDRA NOUS ATTRAPER D'ABORD » répliquai-je en regardant dans sa direction sans pour autant m'arrêter de courir. Oh moi et ma grande gueule... J'eus à peine le temps de tourner la tête pour regarder devant moi que je vis une rangée de personnes nous barrer le passage vers le couloir principal.

- « hmhmhmhiTHYAHAHAHAHA... oh mais chérie, j'y compte bien... » annonça-t-il d'une voix se voulant mielleuse. 'Chérie ?! J'ten foutrais des « chéries » !' pensai-je en serrant les dents. Prises au piège, on était prises entre deux feux et pas une seule échappatoire ! Ce couloir là ne comportait qu'un placard à balai que j'avais déjà fouillé lorsque je cherchais Liz... Comment... A ce moment, une tringle métallique tomba de l'entrebâillement de la porte par terre, et une idée me vint.

-« LIZ, EN SCELLE ! »lui ordonnai-je. Sans chercher à comprendre, elle me sauta sur le dos et s'accrocha à moi. Je me mis alors à sprinter vers le groupe de personnes qui nous bloquaient le passage, brandissant la barre à deux mains, je l'abatis sur tout ce qui me faisait face, me frayant un passage dans cette assemblée sans vraiment me demander à qui appartenaient les os que j'entendais se briser et se fissurer sous la pression de mes coups. Toutefois, même si mes oreilles n'étaient pas totalement sourdes à leurs râles et gémissements de douleur, je continuai sur ma lancé, dévalant l'escalier le plus vite possible, puis empruntant un couloir, puis un autre, puis un troisième, un second escalier.

- « y/n~ » l'entendis-je susurrer, comme si son sourire garni de dents était juste à mon oreille. Je me retournai alors dans un sursaut, scannant le couloir de gauche à droite, regardant même au plafond, mais rien... Il jouait avec moi l'enfoiré... Cet enfant de catin me laisse en vie uniquement pour s'amuser ! POUR NOUS VOIR SOUFFRIR ET FINALEMENT JOUIR DE SA TOUTE PUISSANCE SUR NOS PUTAINS DE VIES !!!! Une larme m'échappa, puis alors qu'un sanglot s'apprêtait à passer mes lèvre gercées, je sentis quelque chose bouger sur mon dos.

- « Grande sœur... tu pleures... » demanda-t-elle.

- « Non, t'inquiète, c'est juste de la sueur, je suis pas une grande sportive tu sais... » lui mentis-je en lui souriant. Liz... avec tout ça, j'avais oublié que je l'avais sur le dos...

- « Mais tu as peur non ? » me demanda-t-elle au bout d'un moment.

- « Il n'y a que les idiots qui n'ont jamais peur... » lui répondis-je. Elle ne répondit rien à ça. Alors, après l'avoir fait descendre de mon dos, nous marchâmes le long du couloir dans lequel notre fuite nous avait mené. Plus nous avancions, plus ma mémoire s'activait, et en peu de temps, je me souvint de l'endroit. Nous étions juste derrière la scène, là où le type était pendu... d'ailleurs, l'était-il encore ?

- « y/n... » gémi faiblement Liz en me secouant le bras.

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Jimmy's got the whooping cough

Il était là... non, c'est bien trop assourdi pour qu'il soit ici... A ce moment, éclata une quinte de toux. Là, dans la première pièce de gauche... quelqu'un était en train de s'étouffer. Les bruits étaient horribles, la toux grasse et, on entendait quelque chose de liquide heurté le sol, en plus du bruit distinctif de quelqu'un atteint de vomissements. Poussée encore une fois par ma curiosité morbide, je me suis avancée vers la porte et, en jetant un coup d'œil dans l'entrebâillement, j'ai repéré une silhouette à genoux qui nous tournait le dos. Elle était plutôt petite mais je ne voulais pas m'avancer en disant que c'était celle d'un enfant...

Creeeaaaaak

- « Liz ! » réprimandai-je les dents serrées. En effet, Liz, sans doute par curiosité, s'était avancée et avait, sans faire attention, fait grincer le planché ancien. Soudain, je me rendis compte que les bruits avaient cessés.... Nous avait-il entendu ?

- « maman... » appela une petite voix. Un enfant, et il parlait.... Lui aussi doit-être un survivant de la débandade... 'et si c'était un piège ?' me demandai-je alors que j'allais entrer. 'Au Diable avec ça, je peut pas laisser un gosse dans un endroit pareil avec ce type qui rôde !' me convins-je. Alors, réunissant tout mon courage, je poussai doucement la porte et entrai le plus silencieusement possible dans la pièce. J'étais à environs cinq mètre de lui quand ces quintes de toux et vomissements reprirent. Je m'avançai encore.

- « Eh ! Petit, tu vas bien ? » lui demandai-je doucement.

- « Maman... » appela-t-il à nouveau. Ne m'avait-il pas entendu ? J'avançai encore, je n'étais plus qu'à deux mètres de lui.

- « Eh petit, tu m'entends ? Est-ce que ça va ? » demandai-je un peu plus fort cette fois. Mais il appela encore une fois ça mère : il devait être en état de choc, après tout, d'après son timbre de voix, il ne devait pas avoir plus de six ans... Je m'approchai encore mais, au premier pas que je pris, j'entendis un bruit singulier, celui-là même que l'on entends lorsqu'on marche dans une flaque. Par réflexe, je levais mon pied vers moi pour voir dans quoi j'avais marché et, c'est là que l'odeur de la pièce me frappa. Une terrible odeur de pourriture y planait, comme une odeur de viande avarié, une odeur de... ma pensé mourut dans mon esprit au moment où, je prélevai sur ma semelle à l'aide de mon doigt la matière sur laquelle j'avais marché. Je n'en voyais pas la couleur dans le noir, mais le liquide était un peu collant, et tiède... un éclair perça les ténèbres et la couleur de a matière me frappa : c'était du sang !

- « Maman » appela-t-il à nouveau. Un hoquet m'échappa et, le cœur palpitant, je relevai doucement la tête. A même pas deux mètres de moi, le gamin était toujours à genoux dos à moi, seulement, il s'était tant cambré en arrière, que son visage ensanglanté et grisâtre m'était visible.

- « y/n... » appela Liz de la porte.

- « LIZ ENFUIS-TOI IL N'EST PLS HUMAIN !! PARS !! MAINTENANT !! » lui criai-je en reculant, incapable de décrocher mes yeux de l'immonde spectacle.

- « Ma...man » appela-t-il encore une fois. Et pendant que je mettais de la distance entre nous deux, il se cambra encore plus, jusqu'à ce que son dos repose sur le sol tout en gardant ses jambes repliée sous lui. En suite, il laissa tomber ses bras sur le sol le long de son corps, puis, dans un craquement sinistre, il se déboîta les deux épaules en faisant passer ses bras de l'endroit où ils se trouvaient à une position proche de celle d'un gymnaste faisant le pont et ceux, tout en s'aidant de ses jambes. Avez-vous déjà vu une araignée se mouvoir sur quatre pâtes ? Moi non plus... mais si ça avait était le cas, elle aurait sans doute marché de la même façon que ce gosse.

- « Mam- » commença-t-il, mais il n'eus pas le temps de finir, que ses joues se remplirent et, propulsèrent leur contenu dans une quinte de toux. La masse noire et coulante me manqua de peu et, ayant enfin compris que cette chose représentait un danger, mes jambes se mirent en marche de leur propre chef, me faisant quitter la salle à la vitesse de l'éclaire. Après un moment, ma respiration se fut laborieuse, mais l'écho des bruits de pas derrière moi étaient suffisant pour que mes jambes ne lâchent pas l'affaire. Je trouvai bientôt un placard dans lequel je m'enfermai et bloquai la porte à l'aide d'un balai que j'avais trouvé à l'intérieur. Plusieurs fois, la chose tenta d'enfoncer la porte, mais avec la résistance qu'opposait le manche et ma propre force que l'adrénaline augmentait, je parvint à garder la porte close. Au bout d'un moment, les coups portés à la porte cessèrent et dans une autre quinte de toux, j'entendis les pas s'éloigner de ma position. Un soupir de soulagement m'échappa.

And Timmy's got the measles.



Encore un vers de cette foutue comptine ! Mais bon sang, comment peut-il chanter assez fort pour qu'on l'entende à chaque fois ? A moins que... Je me retournai, et découvris à ma gauche une bouche d'aération : 'Alors c'est pour ça qu'on l'entend de partout dans le bâtiment...' remarquai-je. Soudain, je fut tiré de mes pensées par un cri. Puis un râle et une quinte de toux. - « Y/N !!!! » hurla une voix que je reconnu comme celle de Liz.

- « LIIIIZ !!!!! » hurlai-je à moi tour. Mais quelle andouille ! MOI j'étais à l'abri, mais elle.... « J'ARRIVE LIZ, TIEN BON !!! » hurlai-je en balançant le balai Dieu c'est où. Et, la main crispée sur la tringle que la peur de ma précédente rencontre m'avait fait oublier, je défonçai la porte alors coincée du placard et parti dans la direction d'où venaient les cri et râles de Liz et de son ou ses poursuivants.

lectrice x Laughing Jack : arc 1 PhobiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant