Huit heure, nous nous étions retrouvées avec ma sœur à l'Opéra de Strasbourg pour une pièce supposément novatrice reprenant le classique que sont Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé en les remettant au goût du jour. L'histoire d'origine, malgré son statu de pièce phare du XIIème siècle , ne m'emballait guère, car nous narrant les amours impossibles et démentiels de deux jeunes personnes qui n'avaient pas su faire la différence entre un amour passager de jeunesse, certainement poussé par une décharge hormonale en roue libre, et un amour véritable dont les bases se seraient construites sur des éléments fondés et tangibles. Partant de là, et combattant, de toute ma volonté et à l'aide d'une aspirine, une forte migraine qui m'avait assaillie un peut plus tôt, nous arrivions au bas de la salle, prîmes place sur les sièges qui nous avait été attribués et attendîmes patiemment le levé de rideau.
Interminable, c'est le seul mot qui me venais encore et encore à l'esprit. Certes les acteurs étaient bons, mais les décors et les choix de mise en scène n'aidaient guère l'histoire à se faire apprécier. Je conçois que la déclamation de vers telle qu'on la concevait au XII pouvait paraître étrange à l'oreille et même donner un aspect factice à la performance, mais je ne pensais pas ce niveau de fausseté atteignable ! Et alors que l'acte final se jouait et que l'acteur venait de poignarder son texte, il s'attaqua à sa propre personne et, à ce moment, je cru voir quelque chose couler de ses mains encore cramponnées au manche de son arme. L'orchestre avait continué à joué, et dans un spasme, sa tête se releva: les yeux comme des soucoupes, la bouche entre ouverte et, quand ses bras tombèrent le long de son corps, la lame resta étonnamment stable. Il s'écroula quelques secondes plus tard laissant la scène inerte. Bientôt, le rideau se referma, les lumières se rallumèrent, une clameur s'éleva de la foule et alors que j'allais applaudir, je vis quelque chose de rouge passer sous le rideau. Personne ne semblait avoir remarqué, et du coin de l'œil, je crus voir quelque chose bouger au plafond; peut-être juste un technicien vérifiant les projecteurs ?
Peu après, le rideau se rouvrit sur les acteurs, toutefois, il me sembla qu'il en manquait un et alors qu'ils avançaient main dans la main vers le publique, une ombre tomba du plafond au centre de la scène s'arrêtant dans les airs avec un craquement terrible. La réaction du publique ainsi que celle des acteurs ne se fit pas attendre, emplissant la salle de cris d'horreur, de gémissement ainsi que des pleurs des enfants suffisamment grands pour comprendre ce qui venait de se passer. Par réflexe, j'avais serré ma sœur tout contre moi et caché ses yeux de mes mains. Une légère rumeur subsistait dans la salle, et les acteurs qui se tenaient collés aux rideaux des coulisses et regardaient pétrifiés, le corps de l'acteur principale se balancer dans les airs à la façon d'un pendule. Assise sur mon siège, je n'entendais plus, ne sentais... à vrai dire je ne suis même pas sûre que je voyais quelque chose... peut-être avais-je fermé les yeux... peut-être n'était-est-ce qu'un cauchemar après tout... A cet instant, les lumières se mirent à clignoter puis la salle fut complètement plongée dans le noir. Une fois dans la pénombre, mon cœur se mis à battre plus lentement, plus régulièrement... je cru alors effectivement que j'allais me réveiller, que tout était fini, que j'allais enfin pouvoir quitter cette salle, rentrer chez moi pour boire un bon thé et lire un roman....
Sortie de nulle part, une étrange mélodie résonna dans mes oreilles, elle était discordante et traînarde... et plus je l'écoutais, plus j'avais l'impression de reconnaître une version amoindrie de la vieille comptine anglaise « Pop goes the weasel », sans doute un ajout grotesque de mon cerveau qui a trouvé judicieux d'ajouter un côté enfantin à toute cette merde ! Essayant désespérément de me réveiller, je fut finalement éblouie par une forte lumière. Le temps que mes yeux s'ajustent à la luminosité, je parcouru la salle du regard, et à ma surprise, il y avait moins de monde que dans mon souvenir.... peut-être étaient ils déjà partis.... je m'apprêtai alors à me levé quand je senti quelque chose m'agripper, je baissai alors les yeux et vis ma petite sœur, cramponnée à mon blouson, la tête enfouie dans mon écharpe... A ce moment, je cru que c'était encore une de ces technique pour me forcer à la porter...
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lectrice x Laughing Jack : arc 1 Phobia
Fanfiction« TU PEUX FUIR MAIS TU NE POURRAS PAS TE CACHER Y/N !!! » hurla-t-il alors que nous nous enfoncions avec ma sœur dans les couloirs de l'opéra.