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– Dans la merde. Voilà en résumé où nous en sommes Jack, conclut Bullit après son (très) rapide résumé de la situation.

Jack Prody, gouverneur en campagne pour sa réélection – et ancien ami de Bullit du temps où il n'était encore qu'un ambitieux conseiller municipal de San Fernando – est livide.

– Putain c'est tout ce que tu trouves à dire ? Si je comprends bien, il reste une demie heure avant qu'une trentaine de ces boules de naphtaline de la mort n'explosent quelque part dans la ville ! Et comme par hasard dans un quart d'heure je rentre en scène pour donner mon discours devant pas moins de trois mille personnes ! Quand je pense que vous avez fait déplacé ma tribune sous votre immeuble sous prétexte que vos snipers couvriraient mieux la sécurité du site ! Qu'est-ce que je dis à la foule moi ? Des explosions ravagent en ce moment même notre état mais ne vous en faites pas nous tenons le coupable depuis maintenant une demie heure ? Et puis, comment ça se fait que vous ne l'ayez pas amené directement ici d'abord ? lance-t-il hargneux vers Finney.

– Bein... monsieur le gouverneur, on avait un collègue salement amoché alors on a d'abord fait un crochet par les urgences de l'hôpital central à deux rues d'ici. C'était sur la route et on y est resté moins d'un quart d'heure. Le toubib a pris en charge Garret et a fait toute une histoire quand il a vu Allistair. Il lui a même fait une radio des côtes sous prétexte qu'il avait des hématomes ! Dès qu'on a pu, on a tracé. Vous savez m'sieur on était pas trop de trois pour le tenir. Il ne s'est calmé que quand on est entré dans le bâtiment. Il faut se méfier...

– Bon d'accord, d'accord. Richard qu'est-ce que tu comptes faire ?

– On va l'interroger rapidement, à ma façon, si ta proposition de remise de peine ne l'intéresse pas, grommelle Bullit entre ses dents en se caressant sa barbe de trois jours.

– Monsieur, intervient Ripper, si je puis me permettre, le sergent-chef Benjamin Allistair est un soldat chevronné qui a beaucoup donné pour sa nation et qui mérite mieux qu'une séance de passage à tabac, puisque c'est le nom qu'il convient de donner à « l'interrogatoire » que propose monsieur Bullit. De plus, je vous rappelle qu'il a dirigé des opérations commandos aux quatre coins de la planète et je doute fortement qu'il craque sous les coups.

Le gouverneur sue à grosse goutte, malgré le ventilateur plafonnier découpant sans cesse d'épaisses tranches d'une atmosphère de plus en plus lourde.

– Et que proposez-vous Ripper ? demande-t-il.

– Putain Jack, tu vois pas que c'est un foie jaune ! Au nom de conneries comme le droit des prévenus ou la présomption d'innocence on perd un putain de temps précieux...

– Ta gueule, Richard ! crie le gouverneur avec autorité, l'air vexé. Le patron ici c'est encore moi. Alors Ripper qu'est-ce que vous proposez ? Je me fous comme de ma dernière chemise de l'intégrité physique de ce type mais je reconnais qu'aux vues de son dossier il semble être un dur à cuire. Alors, quelle solution nous reste-t-il ?

– Il nous faut négocier et tenter de le raisonner, commence Ripper.

Puis, se mettant à l'écart dans la pièce et attirant à lui le gouverneur et Bullit, il murmure

– ...et tenter de bluffer avec lui, notamment en lui faisant croire que son fils est ici. Comme il ne veut pas lui faire courir le moindre risque il y a une chance qu'il lâche le morceau.

– Putain, ce mec est un malade qui a planqué à deux pas d'ici de quoi déclencher la troisième guerre mondiale et vous espérez l'avoir par les sentiments ? Je rêve. Jack, réfléchis, mais réfléchis vite. Ce mec, tout costaud qu'il soit, je te le fais parler en dix minutes, dit Bullit haletant.

– Ripper demande le gouverneur, une fois localisées, combien de temps pour désamorcer les charges ?

– Il faut à peine quelques secondes gouverneur, rien de plus facile. Il suffit de retirer le détonateur électronique, de l'écraser ou à distance d'activer un boîtier électronique que nous a fourni l'armée. Mes hommes sont en train de ratisser tout le secteur avec trois de ces engins mais ils ont un rayon d'action de deux mètres tout au plus. Ils sécurisent discrètement les abords de votre estrade et ceux de la place.

– Est-on sûr que ce compte à rebours signifie bien quelque chose messieurs ?

– Beaucoup de faits concordent monsieur le gouverneur, le lieu de sa capture, ce qu'on a trouvé sur lui, la concordance entre le début des festivités et son chrono... avance Ripper.

– ...et puis tu serais prêt à prendre le risque Jack ? demande Bullit.

Le gouverneur hésite. Des deux hommes il ne sait lequel suivre et il faut pourtant prendre une décision et vite.

– Ripper, je vous donne dix minutes. Si au bout de ces dix minutes vous n'avez rien tiré de lui je laisse « carte blanche » à Richard.

Il devance le géant roux qui va protester.

– Ta gueule Bullit, on n'a plus le temps de discuter maintenant, puis s'adressant à Ripper : il ne vous reste plus que 9 minutes et des poussières. Richard tu viens avec moi. Ripper, à vous.

– Bon je veux tout le monde dehors et fissa, crie Ripper. Clyde aussi, j'insiste. Mettez-vous à la disposition de Bullit.

Il ajouta tout bas à son agent :

– Appelez Norman, débrouillez-vous pour que le fils d'Allistair soit joignable depuis son portable et n'éteignez pas le vôtre, ne répondez à personne d'autre qu'à moi, compris ?

– Compris monsieur Ripper.

Le bureau se vide rapidement. MacFerson sort le dernier. Ripper referme la porte et se tourne vers Allistair :

– Sergent-chef Benjamin Allistair nous avons peu de temps devant nous.

72 minutesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant