Un amour interdit

Chapitre 10

            Que va-t-il me dire ? Je sens mon cœur qui s'emballe et je retiens mon souffle.

« Je t'ai dit que tu n'avais pas changé, parce que quelque part, c'est le cas... Pour tout te dire... nous nous connaissons depuis, maintenant, un certain temps, mais tu m'as oublié. »

Cette annonce me fait l'effet d'un coup de poing.

« Co... Comment ça nous nous connaissons depuis un certain temps... ?

- Il est vrai que j'ai énormément changé. A l'époque, j'étais plus petit, moins musclé et j'avais les cheveux plus longs et blonds. Depuis, j'ai changé mon nom, j'ai laissé celui de ma mère pour le nom de mon père. »

Après cette description, je me rappelle de qui il s'agit.

« Aron Mahé... Le meilleur ami de mon cousin, Mike... »

Il hoche la tête en guise de réponse. Alors, tout me reviens. Avant que mes parents ne décèdent, je passais tout mon temps avec mon cousin et Aron se joignait à nous. J'ai beaucoup de beaux souvenirs avec eux. Par exemple, une fois, nous nous amusions à nous marier avec nos peluches préférés. Nous étions si jeunes, je n'avais que sept ans, mais Mike et Aron en avait quatorze. A l'époque, je les voyais comme mes deux princes. Mais quand mes parents ont trouvés la mort, l'année suivante, les autres enfants portaient un autre regard sur moi. Certains disaient qu'ils s'étaient tués à cause de moi. Il n'y avait pas une seule journée d'école où je ne subissais pas ces paroles. Mais un jour, ces mots se sont transformés en coups. Un soir, en sortant de l'école, des enfants m'avaient attrapé pour me frapper. Alors qu'ils m'avaient coincé dans un coin, j'avais aperçu Aron, au loin, qui observait la scène sans rien dire. Je lui en ai voulu. Quand j'étais rentré, mes grands-parents ont pris la décision de me changer d'école et de déménager. Je n'ai jamais laissé Aron s'expliquait, je ne voulais plus rien avoir à faire avec personnes, je voulais les oublier. J'ai gardé le contact avec Mike, seulement.

Ces souvenirs qui me reviennent en mémoire font l'effet d'un électrochoc et je m'écroule sur le fauteuil le plus proche.

« Kylia...

- Pourquoi... Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt.

- Parce que tu étais partie sans rien dire...

- Alors, quand je suis rentré la première fois dans ton bureau, le jour de mon arrivée, tu savais qui j'étais ?

- Oui... »

Je ne sais plus quoi pensé, ni quoi faire. Moi qui pensais que je m'étais débarrassé de mon passé, voilà qu'il me rattrape. Je me lève, il me fallait de l'air.

« Kylia, attends...

- Laisses moi. »

A peine je quitte le bureau que je me ru dehors. Je m'appuie sur la rampe à deux doigts de m'écrouler à nouveau.

« Kylia, qu'est-ce qu'il se passe ? »

Rick surgit de la salle commune. Lorsque je me tourne vers lui, je lis de l'inquiétude sur son visage. Il me tend un mouchoir. C'est à ce moment que je me rends compte que je pleurais. Il est mon confident, il est le seul à savoir ce qu'il s'est passé avant que nous nous rencontrions. Il était la seule personne à me comprendre. Quand l'un de nous deux va mal, nous n'avons même pas besoin de dire un mot nous comprenons. Comme maintenant. Alors il m'entraîne vers l'un des bancs à l'écart pour discuter. Je raconte tout à mon ami, qui m'écoute attentivement sans m'interrompre.

« Je suis complètement perdue, je ne sais plus quoi faire... »

Je continuais de pleurer, mais il me prend dans ses bras tout en me disant des paroles réconfortantes.

« Tu dois prendre du recul sur tout ça... Tu dois y pensé, faire le tri dans toute cette histoire.

- C'est tellement douloureux... Je ne voulais tout oublier, mais tout est en train de me rattraper, de me bouffer de l'intérieur.

- Oui, mais si tu ne fais rien, ça va empirer. »

Nous restons encore tous les deux silencieux, il a raison, je dois prendre une décision, je dois savoir quoi faire. Mes larmes continues de couler le long de mes joues rouges. Anna s'approche de nous.

« Bae ! Tu es là ! » s'exclame toute heureuse.

Elle s'arrête net en voyant mon état.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Je lance un regard à Rick, qui comprit mon message. Je ne voulais pas en reparler. Pas maintenant.

« Je t'expliquerais plus tard, ne t'inquiète pas. Qu'est-ce que tu veux ?

- Nous avions dit que nous sortions aujourd'hui, mais il vaut mieux qu'on reste avec Kylia.

- Non, surtout pas, ne vous inquiétez pas pour moi, partez tous les deux.

- T'es sûre ? me demande Rick

- Oui ! Et puis il faut que je réfléchisse, tu te rappel...

- Ouais, tu sais que si tu as besoin, nous sommes là.

- Je sais, t'inquiète. Passez une bonne journée ! »

Mes deux amis me font la bise avant de s'en aller main dans la main. Je reste un moment avant de repartir au dortoir. En passant le pallier, j'aperçois Aron assit à la grande table, le regard dans le vide jusqu'à ce qu'il croise le mien. Je ne m'attarde pas plus longtemps et je monte dans ma chambre. Je m'installe comme à mon habitude sur mon lit avec de la musique et je me perds dans mes pensées. J'en fais une nuit blanche. Je passe des jours à chercher ce que je dois faire et comment m'y prendre tout en évitant Aron. C'est finalement un soir, où je comprends ce que je dois faire. Je n'avais que quelques coups de téléphone à passer, et mon idée prendrait forme.