CHAPITRE II

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J'ouvre grand les yeux et sursaute. J'essuie mon front trempé de sueur d'un revers de main. Mes yeux brûlent, mes mains tremblent. Je suis dans mon lit, habillée comme la veille. Mon portable est sur le sol, il a dû glisser pendant mon... rêve...

    « - Toujours le même... », murmuré-je dans ma barbe.

    La lumière du jour arbore la pièce, filtrée par les rideaux. Je ramasse mon portable pour constater qu'il est 8h02. Comme tous les matins, quoi. Je consulte mon portable par manie mais je sais pertinemment qu'il est 8h02 à chaque fois. C'est comme le nombre de mes pas, toujours le même.
Bon, j'ai donc dormi environ quatre heures. Mais ça ne sert à rien d'essayer de me rendormir, j'ai déjà essayé un jour, c'est impossible. De toute façon, je ne suis pas fatiguée. J'ai su m'habituer à me lever tôt.
    Maintenant, je dois m'attaquer à tout ce que je n'ai pas fait la veille. Je me déshabille pour finir en sous-vêtements, je jette ma boule de fringues dans un coin de ma chambre, prend un short et un tee-shirt en haut de la pile et d'autres sous-vêtements. Je sors et me dirige vers la pièce d'en face et croise ma sœur sur le palier.

« - Qu'est-ce que t'es... euh... mal réveillée, s'étonne-t-elle.
- Bonjour à toi aussi », grogné-je.

Elle me regarde me diriger vers la salle de bain en soutif-culotte puis se contente de hausser les épaules et de descendre.
    Je pose mes habits sur la chaise et mon portable sur le bord de lavabo, et comme chaque matin, je mets un peu de musique. Pas trop fort parce que mon père dort encore. Je n'ai presque plus de batterie, mais bon, je vais faire avec, ou plutôt sans !
    Je reste longtemps sans bouger, l'eau chaude coulant sur mes cheveux, en repensant à la « cuite » d'hier soir si on peut dire. Je me rappelle de tout, je n'ai bu qu'un verre d'alcool, j'ai seulement quinze ans et je n'aime pas le goût que ça a.
Chloé les a fait défiler un par un, elle. Ses parents accordent peu d'importance à ce qu'elle fait. Des fois elle dérape. Mes parents m'ont souvent mise en garde par rapport à son comportement. Ils ont peur qu'il « déteigne » sur moi, surtout ma mère. Je les comprends. Mais elle ne m'a jamais incitée à faire des conneries.
    Au bout d'une vingtaine de minutes, voire plus, je me décide enfin à sortir de la douche. Je m'enveloppe dans une serviette toute chaude et approche du miroir au-dessus du lavabo.
    Mon maquillage avait déjà pas mal coulé pendant la nuit mais avec l'eau, c'était un désastre ! J'enchaîne donc ma toilette en me démaquillant, m'habillant, me brossant les dents et les cheveux etc... Je ne prends pas la peine de me remaquiller, je ne sors pas de chez moi et ne vois personne aujourd'hui. C'est aussi pour ça que j'ai pris des habits au hasard.
Je sors de la salle de bain aux alentours de 9h. Je n'ai pas faim, je n'ai pas sommeil. Je descends dire bonjour à Maman, qui est levée depuis 7h30, comme toujours.

    « - Hey.
- Tiens, bonjour Jade. Bien dormi ?
- Ça va... »

    Je l'embrasse sur la joue. Je ne lui ai jamais parlé de mes rêves. Ni à Papa, ni à Clem, seulement à Coco.

    « - Maintenant t'es jolie ! réplique ma sœur.
- Merci Clem, ça fait plaisir », répondé-je avec un sourire ironique.

    Je suis assez proche de ma sœur, mais ce matin, je ne suis d'humeur à parler à personne. Elle a deux ans de plus que moi, elle va entamer sa deuxième année de première, elle a redoublé. Elle était trop « occupée » par les fêtes, les garçons, les amis. Elle l'a payé comme ça.
En parlant de fête, celle d'hier avec Coco était à l'occasion de l'anniversaire de Pierre, le prétendu « nouveau petit ami » d'Eloïse. Je ne m'en remet toujours pas d'ailleurs !

    « - Tu manges pas, puce ? demande Maman.
- Pas faim. J'ai trop mangé hier.
- Ah oui ! C'est vrai ! Tu t'es bien amusée ?
- Ça va.
- Tu as bu ?
- Non.
- Et t'es rentrée à quelle heure ?
- 1h30, par là. »

    En réalité, j'ai dansé toute la nuit, bu un verre de whisky coca, plus chargé en coca qu'en whisky, et je suis rentrée vers 4h. J'atténue toujours mes bêtises pour moins me faire engueuler. En général, ça marche, ou ça passe mieux.
    Je décide de retourner dans ma chambre, c'est la pièce où je suis le plus à l'aise, et de toute façon, il n'y a rien à faire en bas. Je m'engage donc dans les escaliers et croise mon père sur le palier.

   
    « - Hey ! How are you doing ?
- Good. »

Il m'embrasse sur le front.
    Mon père est anglais, il est né à Londres. Il parle très bien français mais aime bien dialoguer dans sa langue natale, de temps en temps. J'aime bien aussi, j'ai appris à parler anglais depuis toute petite, ça a toujours été ma matière préférée et personne n'a jamais réussi à avoir un meilleur niveau que moi. Je suis fière de mes origines.
    Clémence et Maman parlent aussi très bien anglais. C'est pratique quand, dans un endroit public, elles veulent me parler « en privé ». Personne ne comprend.
    Petite, j'ai vécu à Londres. Jusqu'à mes quatre ans. Ma sœur et moi étions scolarisées à l'école anglaise. Être bercées par cette langue, c'est ce qui nous a fait progresser plus que jamais.
    Le destin a fait que ma famille et moi avons déménagé ici, à Mâcon, en Bourgogne. C'est ici que j'ai rencontré Chloé pour la première fois. C'est aussi la ville natale de Clem et de ma mère. Mon père et moi sommes tous les deux nés à Londres. Je suis en quelque sorte mi française, mi anglaise.

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