| K comme Kay
C'matin c'est mon téléphone qui s'est chargé d'me réveiller. Ou plutôt l'enfant d'putain qui m'a appelé. J'ai décroché sans même regarder qui c'était.
« – OUAIS ? Je cris à travers le téléphone.
– Oh tass-pé c'est toi qui as mon pull orange !?
– Quel pull orange ? T'es réelle toi quand tu me réveille ? Casses-toi Ndiaye, je grogne.
– Kay j'ai juré sur mes deux yeux j't'attrape j'te piétine grosse conne ! Toujours à prendre mes sapes sale profiteuse de tes morts !
– Oue, oue. Allez à plus dans l'bus. » ...bipCette grosse folle là, cette connasse puissance infini, c'est Aziliz Keïta Ndiaye, ma sœur d'une autre mère. Comme vous avez sûrement pu l'remarquer les bails de "mon bébé, ma vie" là, pas pour nous. Chez nous on s'insulte, si on s'insulte pas au moins une fois dans la journée les gars, c'est qu'y'a bourbier. Et vous savez c'que c'est l'pire dans tout ça ? C'est que son pull orange il est zépo dans l'plus grand des calmes au fond d'mon armoire.
Rien que d'l'imaginez le chercher en balle ce matin en jactant la masse d'insultes à droite/à gauche comme une hegouna ça m'a fait éclater d'rire, là au beau milieu d'ma chambre. Azi' et moi c'est la fesse droite et la fesses gauche, comment avancer l'une sans l'autre ? *rires* J'jète un rapide coup d'œil à mon téléphone, en passant par mon fond d'écran occupé par mon hlel certifié Karim Benzema, j'dead pour sa gueule c'est grave pas humain ça... Il était 8h, et j'venais de recevoir à l'instant un message du boug qui m'sert de frère disant très précisément :
— T'es habitée par lsheytan ou quoi ??? Ftg à rigoler comme une jnouné là —
Vous m'croyez si j'vous dis qu'j'ai encore plus rigolé ?
Là, on était Lundi. J'pourrais vous dire que j'déteste le lundi, à cause de la reprise du taff tout ça tout ça... Sauf que j'taff pas en fait. Et en plus de ça, j'vis toujours chez ma mère. Non pas que j'ai pas envie d'bouger d'ici mais plutôt qu'elle a pas envie d'me laisser partir.
Aujourd'hui j'devais aller chercher la dernière paye que m'devait mon précédant travail. L'patron m'avait dis de passer à n'importe quelle heure, le plus tôt était pour moi l'mieux. J'étais arrivée à la fin de mon contrat d'un an. C'était pas un gros gros taff, la gérance d'une boutique connu d'tout l'monde, un truc banal mais j'y allait juste histoire de dire que j'en avait un. Vous voyez ?
Et puis, sincèrement, j'ai pas besoin de travailler parce que question sous, j'ai ce qu'il faut. À la mort de mon père, mes parents étaient déjà divorcés tous les deux, depuis mes dix ans. Ma mère a préféré emménager juste en face d'la cité d'ma tante -qui est également celle d'Aziliz-, vu qu'on vivait à Paris avant, loin d'la famille et tout... Elle a donc pris un appartement dans une résidence. Depuis (et bien avant aussi *rires*) elle me couve de malade, mais j'peux pas lui en vouloir.
On a touché la caution jusqu'à mes dix-huit ans, puis Aman Djehuti est mort l'année d'après, et il a tenu à c'que mon frère et moi héritions d'la majoritaire partie d'ses biens. J'peux vous dire que ça en a fait d'la tune... Perso, j'voulais pas prendre d'appart tout de suite, contrairement à Jo' qui lui, s'est mis bien. Mais ça change absolument rien parce que ce hmar est h24 fourré ici. Comme aujourd'hui par exemple. *rires*...
Il était temps d'faire ma toilette quotidienne juste après l'p'tit dej. Douche et brossage des dents. Côté cheveux c'était Bagdad, pas la foi d'lisser ni de boucler alors on va les laisser ondulés façon façon aujourd'hui et juste brosser. J'ai passé un t-shirt gris simple, un skinny jeans troué aux genoux et une paire de talons nude. Une casquette allait s'charger d'cacher le haut d'mon crâne : bad hair day, u know. Et l'tour était joué.
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