6. Une nuit de folie

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10 octobre 2012 (le soir)

Tout est mort en moi ce soir. Plus d'âme, plus de chair, plus de sang.

Un homme nu dont les deux grands yeux étincelants observent la déchéance, la pourriture d'un corps en décomposition. Une charogne prête à être livrée au carnage selon le bon vouloir des oiseaux. Je n'ai plus goût à rien et encore moins à l'écriture. En fait, j'en ai plus qu'assez de cette âme frêle et vacillante.




20 décembre 2012

Cher Carnet,

Cela fait un moment que je ne t'ai pas repris. Mais l'envie manquait. Et puis les cours ont commencé et je me suis lancé à corps perdu dans le travail.

Par passion et pour oublier aussi.

Ces deux derniers mois sont passés à une vitesse folle ! Les projets se sont multipliés et je baigne dans un flot constant de culture et de création. C'est très stimulant et ça me sort de ce ressassement infernal qui m'habitait depuis un moment. Quand je suis avec des gens qui me nourrissent aussi bien intellectuellement qu'humainement, que je passe d'un lieu à un autre dans la même journée, que mon esprit saute d'une idée à une autre, je le jure, les vingt-quatre heures que nous connaissons sont un leurre. Nous les avons inventées mais elles ne peuvent contenir l'intensité et la multitude d'évènements qui ont lieu dans d'autres espace-temps.

Mais la vraie grande nouvelle la voici : la rencontre que j'avais vue en rêve s'est réalisée. Elle s'appelle Ellen, cheveux noirs très légèrement bouclés, lueur malicieuse dans les yeux, des phrases lâchées sur un rythme effréné, une énergie folle, elle débite, elle mitraille, elle déclame !

Sa curiosité et son enthousiasme sont tels qu'il ne serait pas surprenant de la voir levée en pleine nuit à lire des poèmes à haute voix ou à se faire un Marcel Carné à 3 heures du mat' !

Je t'assure, elle a tout d'une Bette Davis impertinente au grand cœur qui ne mâche pas ses mots et ne transige pas sur ce qu'elle veut et ça, j'adore !

Je crois que je suis en train de développer un nouvel équilibre grâce à elle – et surtout grâce à nos conversations ! Elles ont toujours lieu autour d'un bon thé, parfois agrémenté de quelques gourmandises (hum, ces délicieux cookies !). Les plaisirs simples, voilà ce qui nous réunit. Et l'amour de la vie aussi. Si seulement il n'était pas terni par lui, qui refait surface de temps à autre. Mais je dois te l'avouer, cher Carnet, je suis plutôt confiant désormais quant à le faire sortir définitivement de chez moi.

22 décembre 2012

« Je me nourris de leur souffrance. »

Je me souviens à présent de cette phrase.

Surgie de ''nulle part'' sans que je la comprenne ou tente même de la comprendre. Non, je l'ai refoulée instantanément.

J'attire les autres comme un aimant. Ils viennent à moi et me confient leurs maux, leurs névroses, leurs douleurs, leurs passions, leur souffrance. Et j'absorbe tout. Je tâche d'écouter, d'assimiler, de comprendre. Et d'engranger le plus de savoir possible sur la nature humaine, sur le fonctionnement de l'âme. C'est une transe, entrecoupée de courts moments de réalité.

J'ai le sentiment que nous sommes tous et toutes paumé(e)s, que nous pensons savoir où nous allons, que nous savons qui nous sommes mais que nous finissons toujours par nous perdre. Et c'est je crois le credo de la jeunesse : ''Je ne sais pas''. C'est une explosion, un jaillissement dans le crâne, un maelström de pulsions, de passions, un flux incontrôlable que nous apaisons un temps et qui se déchaîne à nouveau. À présent, je vais apprendre à nager à travers ces humeurs. Je ne veux plus m'y noyer ni demeurer leur esclave. Apprendre à les apprivoiser, à les aimer aussi. Se laisser porter au gré d'elles dans un paradoxe qui n'a plus rien à voir avec le temps. Même si je sais que je peux basculer dans la folie d'un instant à un autre.

Collapse (Titre Provisoire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant