8. De la déchéance

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28 janvier 2013

Cher Carnet,

Qu'est-ce que je deviens ? Je brûle.

Qu'est-ce qui s'est passé quand j'ai souhaité tout ce Mal ? Comment est-il arrivé ? Je dois l'avoir appelé... ou alors c'est lui qui a pris le dessus, sans que je m'en rende compte. Je n'y peux rien moi, je voulais juste être un bon garçon, sortir un peu des sentiers battus.

Maintenant je suis damné pour de bon.

Brûlure du désir, fièvre de la mort.

2 février 2013

Cher Carnet,

J'ai recommencé... Je sais, je n'aurais pas dû, ce n'est pas une bonne idée... Mais... je ne peux pas m'en empêcher. C'est comme si ça m'appelait malgré moi, qu'une vague m'emportait et inondait tout mon corps. L'âme aveuglée, je me laisse diriger par cet autre que je ne suis plus.

Quand il m'a demandé mon prix, cette fois, je suis monté à soixante de l'heure. On est allés à l'hôtel, le même que la dernière fois. La chambre était convenable, le lit deux places, arrangeant. On l'a fait à sa manière : il m'a désapé d'un coup, il a attaché mon poignet droit à la table de chevet avec sa ceinture. M'a gratifié d'un crachat en pleine gueule avant de me lécher les tétons et de me sucer. Et puis il s'est introduit en moi, me tirant les cheveux et mordillant ma nuque. Il m'a pris pendant un quart d'heure, sans s'arrêter et à toute vitesse. Ça me brûlait un peu mais il m'a intimé de la fermer de toute façon. Après quoi il a joui sur mon dos, m'a léché le trou et a mis tout son sexe dans ma bouche. Il a attendu que je sperme pour tout avaler et alors il a défait sa ceinture de mon poignet. Il s'est amusé à fouetter aussi fort que possible mon dos, mon cul, mes jambes jusqu'à ce que je l'implore. Tout content de me voir soumis il m'a ensuite fait la toilette en me pompant de plus belle.

Je suis resté deux heures dans cette chambre. Avec les cent-vingt qu'il m'a donnés, j'ai pu m'acheter ces donuts qui me faisaient tant envie et régler la somme de mes billets pour les pièces de théâtre que je veux voir cette année. Le reste ça fait pour ma bouffe et quand je recevrai ma soeur, j'aurai de quoi lui payer un resto.

5 février 2013

Cher Carnet,

Tout ce que je veux désormais, c'est rentrer à la maison.

Les vacances sont bientôt là et putain je ne peux même pas rentrer chez moi... Comment occuper ces deux semaines qu'il va me falloir remplir quand je ne travaillerai pas... Ai-je à ce point peur du vide ?

Toutes mes forces m'ont quittées, il ne reste plus qu'un être de pulsions dont le déséquilibre se fait sentir et qui menace à tout moment de me faire tomber la gueule par terre. Tout n'est plus que marasme, vacarme assourdissant, bruit des automobiles à n'en plus finir. Dans cet air vicié, l'oxygène me manque, mes mains tremblent et toute volonté m'a quittée. Je menace de m'écrouler à tout moment, vidé que je suis par toute cette folie.

As-tu déjà vécu ce malaise qui te tord le ventre, les boyaux, te donne envie de vomir sans que rien ne sorte lorsque tu te penches au-dessus des chiottes ? C'est là que tu te sens seul, vulnérable à te rouler par terre.

Tout tourne autour de moi. La chaleur m'envahit et j'ai beau ôter mon pull, elle reste collée à moi. En essayant de chasser toutes ces voix dans ta tête, ces blocages que tu ne peux pas crier devant tout le monde parce qu'il « faut retenir ses émotions ». Je n'en peux plus de ces faux semblants, de ces gens qui se mentent. De moi qui mens. Mais à chaque fois c'est la même chose, « tout rentre dans l'ordre » et je ne fais rien.

Collapse (Titre Provisoire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant