Chapitre 2

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« Mâcon, 10 novembre 2005

L'année de mes quatorze ans. Je n'avais aucune envie de fêter ça. Et puis de toute façon, je ne voyais pas l'intérêt.

Amélia m'avait dit qu'elle avait une surprise pour moi. Nous avions donc séché les cours pour qu'elle me la montre. C'était devenu une habitude pour nous. C'était «l'âge bête» comme disait ma mère. Je me rebellais contre le monde qui m'entourait. Je n'avais aucune raison de le faire, mais je le faisais quand même. Mes notes étaient de plus en plus catastrophiques «tant de talent gâché, tu le regretteras plus tard» ne cessait de me répéter ma mère. Mais comme toutes personnes de mon âge, le futur ne préoccupait guère.

Un copain à elle nous avait pris en voiture. Il devait avoir dans la vingtaine. Il ne m'inspirait pas confiance, mais j'avais quand même suivi Amélia dans sa voiture. Après tout, c'était ma meilleure amie. On était complètement insouciantes.

Son copain roulait à toute allure sur la route. Il ne semblait pas se préoccuper des deux jeunes vies qu'il avait entre ses mains. C'était vraiment dangereux. Mais j'aimais ça, c'était terriblement excitant. Après tout, le danger attire.

Je ne savais pas où il nous avait emmené. Tout ce que je savais, c'était que nous étions faces à une jolie petite demeure.

- Allez, lance !

Amélia m'avait tendu une boîte d'oeuf. Je ne savais pas vraiment pourquoi elle me disait ça, et je m'en contre-fichait. Je n'avais pas hésité une seconde. La boîte d'oeufs n'avait pas fait long feu.

On s'était mit à rigoler, jusqu'à ce qu'une grosse dame sorte de la maison. Elle n'était pas vraiment très jolie, elle faisait même peur à voir. Elle criait un tas de choses incompréhensibles, ce qui avait eu le don de déclencher un fou-rire encore plus grand.

Mâcon, 12 novembre 2005

Le jour de ma fête d'anniversaire surprise. J'étais déjà au courant depuis plusieurs jours de ce que ma mère manigançait.

Ma mère m'avait dit d'aller acheter du pain. En rentrant tout le monde était là. Des «joyeux anniversaire» fusaient dans toute la pièce. Je faisais semblant d'être heureuse, ne voulant pas décevoir ma mère une fois de plus.

J'avais du remercier tout le monde pour leurs magnifiques cadeaux qui allaient finalement m'être inutiles dans la vie de tous les jours. Antoine, Isabelle et Alain étaient restés afin de nous aider à faire le ménage. Leur dernier fils, Théo, était resté lui aussi. Je n'avais pas nettoyer grand chose, mais après tout ce n'était pas moi qui avait décidé d'organiser cet anniversaire. J'étais donc dans ma chambre, la voix de Bob Marley enchantant toute la pièce.

Emancipate yourselves from mental slavery ;

None but ourselves can free our minds.

Have no fear for atomic energy,

'Cause none of them can stop the time.

How long shall they kill our prophets,

While we stand aside and look? Ooh!

Some say it's just a part of it :

We've got to fulfil de book.

Bob était incontestablement mon idole. Il n'était pas qu'un «drogué sans envergure» comme le disait ma mère, non c'était un porte parole, un homme juste et droit. C'était grâce à mon père que j'étais devenu fan de cette homme : il m'avait transmis sa passion pour le reggae.

Antoine était venu me rejoindre dans ma chambre. Ce n'était toujours pas l'amour fou entre nous, mais nous avions mûri et nous réussissions à nous supporter. Il fallait dire que depuis qu'il avait quitté le collège afin de continuer ses études à Bayonne, le courant passait mieux entre nous. Nous n'étions pas les meilleurs amis du monde, mais nous savions rester polis entre nous.

- Il semblerait que la petite fille modèle soit finalement une petite fille rebelle.

Je voyais très bien là où il voulait en venir. Ma mère avait du raconter à sa mère ma déviance qui avait du elle-même le répéter à Antoine. »

Depuis toujours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant