Chapitre 5

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« Mâcon, 24 décembre 2005

Le réveillon de Noël. La naissance de Jésus Christ. Ma mère avait passé toute la journée à préparer la maison comme il se doit. La décoration était faite entièrement de blanc, de rouge et de vert, rappelant un peu trop ce jour si spécial. Une crèche grandeur nature ornait le fond du salon. Ma mère refusait que quiconque s'y approche, de peur que quelqu'un casse une de ses précieuses babioles. Elle avait mit beaucoup de temps et d'argent pour que tout soit parfait.

Dix-neuf heures. Les invités allaient arriver dans une heure. Je n'avais pas envie de me préparer, je n'avais aucune envie de faire semblant de m'amuser. Mais ma mère ne semblait pas se soucier de ce dont je voulais. Elle m'avait forcé à mettre une robe fluide rouge arrivant à mi-cuisse, parfaitement adaptée à ma silhouette ronde. J'étais assez mal à l'aise en robe, je détestais laisser apparaître mes jambes. Si Amélia avait été là, elle se serait sûrement moquée de moi. Elle savait à quel point je détestais porter des robes.

Vingt heures. Le frère de mon père était déjà là avec sa fille, Kayla. Je ne l'aimais pas. Elle n'avait rien fait pour, mais c'était physique. Je faisais tout de même des efforts en faisant semblant de l'apprécier pour ne pas que mon oncle dise à ma grand-mère que la femme qui m'a donné la vie est une mauvaise mère.

Vingt-deux heures. Tout le monde était présent. Ma mère avait insisté auprès de mon père pour qu'Isabelle puisse venir avec certains membres de sa famille.

L'ambiance était légèrement tendue. Il fallait dire que ma famille du côté maternel n'appréciait pas vraiment ma famille du côté paternel et inversement. La table était séparée en trois zones : d'un côté la famille de ma mère, de l'autre celle de mon père, et enfin celle d'Isabelle. J'imagine que ce n'était pas vraiment le noël dont ma mère rêvait.

Minuit. L'heure de la dispute générale. La famille de ma mère voulait ouvrir les cadeaux tout de suite, tandis que celle de mon père voulait les ouvrir après dormir. C'était assez compliqué de vivre avec ces différences de culture. Mais je faisais avec.

Une heure. Je n'avais plus le courage d'entendre des personnes adultes se chamailler pour des cadeaux comme des enfants. J'étais alors montée me changer pour finalement aller me coucher.

Dans la salle de bain je regardais mon reflet dans le miroir. L'image que je renvoyais était assez répugnante. J'avais l'impression que ces quelques kilos en trop étaient en fait des cinquantaines de kilos.

Je cherchais mon haut de pyjama dans toute la pièce : impossible de mettre la main dessus. Je me rappelais pourtant l'avoir posé sur le meuble des serviettes. D'un seul coup, j'entendis la porte s'ouvrir. J'étais directement allée me cacher derrière un meuble quelconque pour que personne ne voit ma tenue assez décontractée, sans haut de pyjama. Je regardais discrètement qui était venu me déranger : ce n'était que ma cousine du côté de ma mère, Maya. J'étais sortie de ma cachette, et en me voyant, elle avait directement fermé la porte.

⁃ Aïleen, tu pourrais penser à fermer la porte ! Imagine si c'était un garçon qui était venu.

Ce qui était assez embêtant avec ma cousine, c'est qu'elle était assez coincée. Je devais avouer que je n'avais aucune envie qu'un garçon me voit dans une telle tenue, mais elle était du genre à péter un câble parce qu'une personne de sexe masculin effleurait malencontreusement ses fesses. Un jour, elle avait littéralement perdu la tête en traitant un homme de «pervers», «violeur», «pédophile» à cause de cela.

⁃ Je sais, je pensais avoir fermé.

Elle leva les yeux en l'air avant de partir. En fermant la porte, je vis mon haut de pyjama accroché au dos de cette dernière. Je le mis directement avant d'aller me coucher dans la chambre d'ami, car ma chambre était déjà prise.

Mâcon, 25 décembre 2005

Le réveil était assez difficile. Un bras entourait ma nuque, et une jambe m'empêchait de bouger. C'était assez dérangeant. Surtout que je me rappelais m'être endormie seule. J'essayais de me remuer du mieux que je pouvais : sans résultats. Je détestais que l'on me colle, j'avais horreur de ça.

⁃ J'sais pas qui c'est mais bouge.

Aucune réaction de la part de la mystérieuse personne.

⁃ Oh, je te parle.

J'avais haussé la voix, espérant que cela réveille l'inconnu. La seule réponse que j'avais eu était un «ta gueule je dors». Très élégant. Mais grâce à cela, j'avais pu deviner que mon interlocuteur était un homme.

⁃ Ouais mais pas moi, alors laisse-moi me lever.

L'homme en question s'était enlevé : enfin. Mais avant que je puisse poser un pied à terre, l'inconnu me poussa, me faisant tomber par terre.

⁃ Mais t'es pas bien ou quoi ?

En me relevant, j'avais pu voir un Antoine particulièrement fier sur le lit, un grand sourire aux lèvres.

⁃ Vous pouvez pas la fermer ? Je dors moi.

La voix venait de derrière Antoine. Cette fois-ci, c'était une fille. Je le savais parce que j'avais reconnu l'insupportable voix de Kayla. Je ne savais pas ce qu'ils faisaient là tous les deux, et je ne cherchais pas à savoir non plus.

Treize heures. Tout le monde était prêt, tous les cadeaux étaient déballés. C'était l'heure des départs. Je disais au revoir à tout le monde, même si j'avais clairement la flemme.

Dix-sept heures. L'heure du grand ménage venait de s'achever. Le seul problème était la crèche. Personne ne savait quoi faire avec. Ma mère refusait de la jeter ou de la vendre, mais mon père refusait de la garder à la maison. Finalement, elle avait fini au grenier.

Vingt heures. L'heure du repos. Enfin, il restait encore la chambre d'ami à ranger. Voyant que ma mère était fatiguée, je m'étais proposée pour le faire.

Vingt heures trente. Quelque chose au pied du lit attira mon attention. J'espérais réellement que ce n'était pas ce que je pensais. Plus je m'approchais, plus mes soupçons étaient confirmés. Un préservatif usagé était là, au pied du lit. Rien que le fait de penser que quelqu'un avait copulé juste à côté de moi pendant que je dormais me donnait la nausée. »

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 19, 2016 ⏰

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