Chapitre 4

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« Mâcon, 20 novembre 2005

Dimanche, le septième et dernier jour de la semaine civile. Un jour de repos, le jour du seigneur selon la chrétienté. Un jour saint, un jour béni.

En début d'après-midi, mon père était rentré dans la chambre où j'avais logé pour la nuit, le téléphone entre les mains. Son expression était triste, dépourvue de tout bonheur. Mais sur le moment je n'y faisais pas vraiment attention. Il m'avait donné le combiné, et était directement sorti de la chambre. Il avait directement tourné les talons, n'ayant pas un simple regard envers ma personne.

    ⁃    Allô ?

Je ne savais pas qui était à l'autre bout de la ligne. En entendant la voix sanglotante de mon interlocuteur, mon coeur se mit à se serrer.

    ⁃    Aïleen ?

J'avais déjà compris. Mais je me voilais la face. Je ne voulais pas y croire, c'était impossible.

    ⁃    Amélia...

Elle reprit son souffle, voulant sûrement empêcher l'entente de ses sanglots.

    ⁃    Amélia a eu un accident.

Je tremblais. De rage sans doute, de colère ou de tristesse, ou peut-être les trois. Tout était embrouillé dans ma tête. Ce fameux vingt novembre deux milles cinq était, est, et restera le jour où mon amie la plus chère m'a été enlevé.

Le téléphone était par terre en mille morceaux, comme la plupart des objets cassants dans la chambre. Je n'avais pas pleuré, non. Pleurer c'était pour les faibles. J'étais bien plus forte que ça.

Je ne croyais pas beaucoup en Dieu, mais je me rappelle avoir prié. Pas pour qu'Amélia revienne parmi nous, non, mais pour qu'elle soit dans un monde meilleur, et surtout pour qu'elle me pardonne. Si je l'avais retenu, si Antoine était rentré chez lui, si j'avais dit à Antoine de partir, rien de tout ça ne serait arrivé. Mais on ne refait pas le monde avec des «si».

Je n'étais pas allée la voir dans sa chambre mortuaire. C'est sans doute l'un de mes plus grands regrets. Mais je n'en avais pas le courage. C'était trop dur pour moi.

Mâcon, 28 novembre 2005

Je n'étais pas allée dans l'église pour l'enterrement d'Amélia. Mais j'avais attendu devant. Je me souviens encore des fleurs fanées ornant la ruelle longeant Saint-Pierre de Mâcon.

Amélia était enterrée à Dijon, la ville où elle était née. Un de ses oncles portait un chapeau de cow-boy avec des baskets à moitié trouées. Elle devait sûrement rire de là-haut. Je l'imaginais déjà faire ses réflexions à deux balles sur le fait qu'elle aurait préféré porter la culotte de sa grand-mère sur sa tête plutôt que de sortir habillée comme ça. Cette pensée m'avait fait échapper un petit rire discret.

Mâcon, 3 décembre 2005

J'avais jeté toutes les affaires me rappelant Amélia hormis quelques photos. Mon père m'avait dit d'aller de l'avant, que me morfondre ne réussirait pas à la ramener. Il m'avait dit que plus je garderai d'affaires me faisant penser à elle, plus je mettrai de temps à me rétablir.

Treize jours qu'elle était morte. Son absence se faisait de plus en plus ressentir. Mais je savais qu'elle veillait sur moi de là-haut. J'en étais sûre. Enfin, j'espérais.

Ma mère évitait le sujet à tout prix. Il fallait dire qu'elle n'avait jamais apprécié Amélia. Je ne dis pas qu'elle se réjouissait de sa mort, mais son décès lui faisait ni chaud ni froid. Quant-à Isabelle... C'était Isabelle. Elle ne cessait de remettre le sujet sur le tapis à chaque fois qu'elle venait. Mais elle pensait bien faire, donc je ne lui en voulais pas.

Je ne posterai plus de suite s'il n'y a pas un minimum de commentaires, qu'ils positifs ou négatifs (mais dans ce cas là il faut argumenter). Bisous. xx

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