Chapitre 3

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« Mâcon, 19 novembre 2005

Ma mère ne dormait pas à la maison ce soir là. J'en avais donc profité pour inviter Amélia à dormir. J'étais sur-excitée à l'idée de passer une soirée entière avec elle.

Alain était venu avec Antoine afin de regarder le Championnat d'Espagne avec mon père. J'étais allée le regarder avec eux, en attendant qu'Amélia arrive. Le football était de loin la dernière de mes préoccupations, je ne voyais pas l'intérêt de ce sport. Je trouvais que les joueurs ressemblaient à des imbéciles se disputant pour une ba-balle. Mais ça ne semblait pas être l'avis des trois hommes à mes côtés. «Le FC Barcelone contre le Real Madrid, c'est un événement à ne manquer pour rien au monde» ne cessait de proclamer mon père. Lors du deuxième but de Ronaldinho, Alain ne cessait de vanter son fils.

⁃ Plus tard mon fils sera à la hauteur du grand Ronaldinho. Des fans de toute l'Europe crieront son nom, il sera l'un des plus grands joueurs, je pourrais en mettre ma main à couper.

Je riais intérieurement. Jamais je n'aurai pensé que son père avait raison. Pour moi Antoine n'allait pas devenir un grand joueur. Pour moi, il resterait toute sa vie un garçon bête et inintéressant, ne pouvant réfléchir seul.

Au final le FC Barcelone s'imposait trois à zéro. C'était à ce moment qu'Amélia était arrivée.

Nous étions tous les trois dans la chambre. Personne n'osait parler. Je voyais bien les regards noirs qu'Amélia lançait à Antoine. Ce dernier devait rester dormir à la maison car son père n'était pas en état de conduire. Amélia était vraiment rancunière, et elle comptait bien le lui montrer. Je voyais très bien qu'elle ne pouvait pas oublier ces longues années de souffrances psychologiques qu'il avait causé.

Les remarques fusaient dans toute la pièce. Amélia n'avait pas laissé le silence durer très longtemps. Elle s'était donc lancée dans un long monologue, ce qui semblait amuser Antoine.

⁃ J'vais brûler ta maison, connard.

Je devais l'avouer, Amélia n'y allait pas de main morte. Antoine, lui, la regardait avec un petit sourire narquois ancré sur ses lèvres, ce qui avait le don d'énerver encore plus ma meilleure amie.

⁃ T'es qu'un idiot, tu sers vraiment à rien dans ta vie.

Ces dernières paroles avaient eu le don de provoquer un petit rire sarcastique de la part d'Antoine.

⁃ Aïleen je te jure que s'il reste, moi je pars.

Je n'en pouvais déjà plus. Je devais me douter que ça n'allait pas être tout beau tout rose, mais je n'imaginais pas qu'Amélia me taperait autant sur les nerfs. Je ne défendais pas Antoine, loin de là, mais je devais avouer que pour une fois, il n'avait rien fait pour la provoquer.

⁃ Aïleen, je te parle.

Je trouvais ce comportement assez gamin. Mais ça restait quand même ma meilleure amie, et je l'aimais malgré tout.

⁃ C'est bon j'ai compris.

Elle avait pris ses affaires et était sortie en claquant la porte, sans que je n'ai le temps de réaliser ce qu'il se passait. Antoine, quant-à lui, me regardait en haussant les épaules, l'air de dire que ce n'était pas sa faute, alors qu'il savait pertinemment que si.

Dehors il faisait assez froid. Il fallait dire que ma tenue n'était pas appropriée pour ce mois de l'année. Je cherchais Amélia aux alentours de ma maison en vain. Je décidai de rentrer au bout de trente minutes de recherche. Elle allait bien donner un signe de vie à un moment ou un autre.

À la maison toutes les lumières du bas étaient éteintes. Alain ronflait sur le canapé, une cannette de bière aux pieds de ce dernier. Je montais les escaliers doucement, essayant d'être la plus discrète possible. Un filet de lumière s'échappait de la porte entre-ouverte de ma chambre. À l'intérieur, Antoine dormait paisiblement sur mon lit, ne me laissant aucune place. J'avais donc du me résigner à aller dormir dans la chambre d'ami.»

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