Partie 8 : Oui ou Non

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«  Bon. A partir de maintenant contente-toi de me répondre par oui ou non. C'est d'accord ? »

Je me tournais vers ton visage qui, appuyé contre le mur, fixait le haut plafond d'un air pensif. Nous nous étions installés sur le banc que j'occupais avec Fahil un peu plus tôt, et depuis, un silence impénétrable s'était immiscé entre nous. Je ne savais pas trop quoi dire après ce que tu venais de m'avouer, et je n'arrêtais pas de caresser d'un air nerveux le dos de ma main qui avait reçu ton baiser. C'était un geste si... étrange. Imprévisible. Tu n'avais pas dit un mot depuis, et en jetant des regards furtifs à ton visage, je réalisais pour la première fois en quatre ans et demi, que toi aussi tu avais tes moments d'hésitation et de doute quant à « nous ».

C'est pour cela que lorsque tu as entendu ma question, tu t'étais contenté d'hocher la tête sans me regarder.

« Est-ce que tu m'aimes, Nahel ? »

J'ai vu ton hésitation, ton regard quitter le plafond pour fixer le vide devant toi d'un air encore plus concentré.

« Oui. »

Une fois de plus, mon cœur semblait s'être arrêté. Mais je n'étais plus une adolescente : je ne pouvais pas me contenter de cette vague réponse et du bonheur momentanné qu'elle me procurait.

Il fallait mettre les choses au clair.

« M'as-tu aimé pendant notre mariage ?

- Oui.

- Depuis le début ?

- ... oui. »

Je n'ai jamais eu autant l'impression de te découvrir. Un mur semblait s'être écroulé à mes yeux, c'était une sensation indescriptible ; tu adoptais toutes sortes d'expressions que je n'avais jamais vues. Je me demandais alors si c'était la première fois que tu te trouvais dans cet état, ou si j'étais celle qui n'avait jamais remarqué tout cet univers enfoui en toi.

Je fus prise d'une étrange adrénaline qui comprima mon estomac.

« Dans ce cas, pourquoi ce divorce ?

- Je pensais que je devais répondre oui ou non ?

- Réponds simplement, s'il te plaît. »

Enfin ton regard me transperça et me rendit encore plus nerveuse que je ne l'étais déjà. Il nous restait vingt minutes avant l'audience, et voilà que nous prenions le temps de nous découvrir et de nous faire des révélations. Cela m'exténuait. Nous allions divorcer, et pourtant je ne pouvais m'empêcher de chercher à découvrir la vérité. Je voulais apporter des réponses à ces quatre années passées dans le noir. Quelque part, je voulais rendre justice à mon amour.

Tes yeux s'étaient plissés tandis que tu semblais réfléchir.

« Sana, nous allons être officiellement divorcés dans une vingtaine de minutes. Si je te raconte tout ça maintenant...

- Dis-moi. J'ai besoin de savoir, Nahel. »

Je voulais juste être égoïste, juste un peu, tu comprends ?

Face à mon regard déterminé, tu semblas te résigner à me raisonner. J'avais déjà franchi la ligne rouge en me dirigeant vers toi à ton arrivée, et tu avais fait de même avec ce baiser sur ma main.

Nous pouvions bien aller plus loin à présent.

« Très bien... En réalité, j'ai eu le choix, il y a quatre ans. »

Il y eut un silence de marbre, que je m'étais efforcée de ne pas briser. Je pense que c'était le premier mensonge que je découvrais venant de toi, et cela me faisait tout drôle.

Le temps d'un mariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant