FOCUS

Chapitre 20

Hein ? Pardon ? Non, ce n'est pas possible. Ça ne peut pas...ça ne peut pas commencer maintenant ! Je ne suis pas prête...

Parce que tu avais une préparation ? me demande une voix au fond de moi.

Je voulais juste avoir le temps d'être nerveuse. Là je ne le suis pas. Je sens juste comme un voile que l'on aurait placé autour de mon cerveaux et qui me détache de toute émotion.

Je n'ai même pas peur, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur.

Pendant un moment, j'imagine comment aurait été ma soirée si je m'étais seulement contentée de me faire du soucis pour ma soeur. Si je n'avais pas eu l'idée lumineuse de me présenter à cette stupide émission.

J'aurais certainement lu deux ou trois bouquins pour compléter une dissertation et terminé en beauté par un film d'horreur en compagnie de Nora, à piocher dans un bol de crackers.

Ma meilleure amie ne cessait de me répéter qu'il fallait casser la routine parce qu'à vingt-trois ans, ce n'était pas le genre de soirées qui cassaient la baraque !
Si elle savais comment je la cassais sa routine en ce moment !

Je souffle longuement en tentant de me rassurer. Nous sommes quarante et cette nuit, deux d'entre nous se feront éliminer. En théorie, j'ai 95 % de chances de m'en sortie. La pratique reste à voir !

" Nous survolons actuellement les forêts du nord du Royaume-Uni, signale l'homme à l'allure complètement effrayante. Ces forêts occidentales sont connues pour être peu accueillantes et très fraîches, même en été. Je ne vous informe pas de la température, vous en aurez une vague idée dans quelques instants."

Il sourit diaboliquement et sourit. Est-ce juste une impression ou ce mec est méchamment sadique ?

" Mais laissez-moi vous expliquer en quoi consiste cette première épreuve ! Je vous le dis tout de suite : cela va être très divertissant ! Pas pour vous bien-sûr ! "

Il marque une pause en se délectant du suspens qu'il apporte dans nos esprits prêts à exploser.

" Car cette année, le jury a pensé que les jeux les plus simples sont révélateurs de grandes capacités. Et le peuple en a pensé de même puisque ce soir, leurs votes ont élu comme première épreuve un Cache-Cache !
Une fois les pieds à terre, le reste des candidats c'est-à-dire vos partenaires, devront compter jusqu'à deux cent, les yeux fermés. Une fois le temps écoulé, vous n'aurez plus le droit de bouger ne serait-ce que de quelques centimètres. Le premier trouvé est bien évidemment éliminé, de même que son partenaire !
Bonne chance ! "

Sa voix est bientôt couverte par le bruit du vent s'engouffrant par la trappe ouverte en dessous. Les candidats quittent l'avion peu à peu à l'aide d'une échelle de corde.
Je suis la dernière à l'emprunter.

Ah ! Le givre qui s'est déposé sur celle-ci fait trembler mes mains aui menacent de tout lâcher.

Je fini la descente dans un saut qui fait voler les feuilles autour de moi.

Tuuut ! Une alarme retentit et déclare le commencement de l'épreuve.

Dans mes veines ne circule maintenant plus que de d'adrénaline pure.

Les autres ne courent pas, ne s'agitent pas.
Ils restent calmes et semblent réfléchir à quelque chose de beaucoup plus sage que de courir à travers le bois et perdre du temps.

Je ne peux pas faire comme eux. J'ai besoin de m'éloigner, courir comme je l'ai toujours fait.

C'est pour cela que je suis déjà en train de courir comme une dératée à travers cette foutue forêts. Une caméra me suit, je l'ignore.

Putain ce que ça me fait du bien ! Je n'entends plus rien à part mon souffle saccadé. Je me suis accordé exactement cinquante secondes. Je compte pendant que je passe entre les troncs, saute au-dessus des masses noires indistinctes et évite les branches.

Trente-quatre, trente-cinq, trente-six...
Je ne trouve absolument rien...

Je m'arrête soudainement et sens une odeur putride.

Pouah ! Je la sens de plus en plus en profondeur dans ma gorge à mesure que j'avance.

Je repère vite sa source : une masse informe munie de grandes cornes.
Non, pas des cornes, des bois plutôt. Il fait nuit nuire mais je crois distinguer un cerf.

Je m'avance à petits pas, nerveuse.
Sauf que mon pied bute contre auelque chose de très dur et je m'étale de tout mon long. Je réussi à étouffer un cri pendant ma chute mais c'est peine perdue quand un épais nuage de mouches s'envole sous le choc.

Maintenant, j'ai la certitude que cette bête est belle et bien morte ! Assise près de son cadavre, l'odeur mortuaire n'est que plus intense et je suis prise de violent haut-le-cœur. Après plusieurs convulsions, je vomis enfin entre les racines de l'abre d'à côté.

Merde ! J'ai perdu beaucoup trop de temps ! Le désir de trouver la planque parfaite m'obnibule. Et pour cause ! Mes adversaire dans ce jeu infantile sont de redoutables génies ! Il faut que je trouve une idée et vite !

Je passe au peigne fin tout les éléments alentours puis repose mon regard sur le cerf mort. Le clair de lune éclaire sa cage thoracique découverte et me fait penser aux chameaux vidés de leurs entrailles qui servent d'abri pour les hommes dans le désert.

Cette étincelle ne fait qu'un tour dans ma tête et mes maims se mettent aussitôt à creuser la carcasse. Je prends toutes ses viscères, les déposent entre les racines et les couvre de feuillage. Je creuse, encore et encore sans vraiment réfléchir à ce que je fais. Mon esprit est paralysé par les secondes qui défilent.

Cent soixante-douze.
Il y a assez se place pour mon corps dans la carcasse.

Cent soixante-quinze.
Je vérifie que je n'ai rien laissé derrière moi.

Cent quatre-vingts.
Je déchire le bas de ma robe pour l'enrouler la jupe autour de ma taille.

Cent quatre-vingts-six.
Je me courbe et me place dans la cage thoracique.

Cent quatre-vingts-dix.
Je replace la peau tel un rideau devant moi.

Cent quatre-vingts-quinze.
Je me love sur moi-même en position foetale.

Deux-cent.
L'alarme retentit : je suis cachée.

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J'espère que vous avez aimé ce chapitre 20 plein d'action ! 😁

Merci pour avoir lu  !
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