Chapitre 15

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" Booh.

- Iiiih !!! je m'écris."

J'ai lâché un petit cri ignoble digne d'une gerbille ! La honte m'accable tandis que j'entends de petits gloussements accompagnés de rires étouffés.

L'homme que je découvre en tournant la tête vers ma droite cultive une apparence totalement atypique : tatouages sur tout le corps, piercings repoussants, crâne rasé.
Mais ce n'est pas, et c'est loin de l'être, le plus choquant !
Ses yeux sont entièrement blancs ! Je ne vois pas ses iris ni même sa pupille et cela me mène à la limite de l'arrêt cardiaque lorsque je le vois.
À n'en pas douter, c'est un ancien détenu.

Devant mon visage qui doit être à coup sûr livide, il pense utile de préciser en pointant ses yeux du doigt :

" Ce sont des lentilles.

- Ça fait un effet...

- Cool ?

- Cool ! Voilà ! "

Il me tape lourdement dans le dos et j'en recrache l'eau que j'avais prise pour passer toutes ces émotions. Encore bravo Kenny ! Montre que tu es une personne civilisée !
Son rire grave se fait entendre dans toute la pièce. Je regarde tout autour de moi pour sonder les réactions du reste des convives et dirige à nouveau mon regard vers mon compagnon.

Je sursaute. Je n'y peux rien, ses yeux m'ont encore donné une frousse inimaginable !

" Ne t'inquiète pas ! me rassure-t-il. J'ai très bien vu que je te fais plus peur qu'autre chose !

- Jamais de la vie ! je me défends. J'ai juste été surprise.

- C'est toi qui vois ! Mais ton petit cri de fillette me contait une autre histoire ! s'exclaffe-t-il.
Au fait, moi c'est Marcello. Marcello Bonicci.

- Kenny Miller."

Je lui serre la main sans grande conviction : il me fait toujours dresser les poils des bras !

Pendant le dîner, qui était succulent au passage, je comprends vite que Marcello veut conquérir le coeur de la belle brune à ma gauche. J'ai appris dans la foulée qu'elle se prénomme Coline.

Tout cet amour dans l'air ne m'aurait pas dérangé si je n'étais pas entre les deux !

Je crois que ça m'embête pas Marcello qui se penche au-dessus de mon assiette pour lui parler.
Mais cela a l'air d'arranger fortement Coline qui fait une drôle de tête.

Je crois qu'elle gère encore moins bien que moi le sentiment que déclenche l'apparence de Mr Bonicci chez toute personne normale !

J'arrête immédiatement de manger quand ses piercings effleure mon saumon fumé.
Je réfléchis alors sérieusement à quitter la table sous un faux prétexte et quand nous quittons tous la table pour rejoindre les chambres, je suis au comble de la joie !

Coline m'éffleure l'épaule et me souffle un "merci" au creux de l'oreille. Je crois qu'elle est définitivement traumatisée quand elle rejoint son partenaire dans une étreinte.

" Hé Miller ! Une petite discussion ne serait pas de trop entre nous ! "

Chrysta m'accroche l'épaule et me fait face.

" Est-ce qu'il me serait possible d'obtenir des informations ou explications sur le cri ou même la tête de fillette que tu faisais durant l'heure précédente ?

- Je n'ai pas à te donner d'explications ! j'articule. Bien sûr toi, tu n'aurais pas eu peur dans ma situation !

- C'est tout à fait cela ! Je ne vois pas pourquoi Marcello serait effrayant !

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