6. Les valises jumelles

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Les deux jours qui suivirent  se passèrent très rapidement, nous avions tellement de choses à faire en si peu de temps mais nous y parvînmes tout de même. Nora et moi n'étions toujours pas réconciliées mais je ne perdais pas espoir qu'à mon retour durant les vacances de Noël, nous fassions la paix même si elle était d'un naturel rancunier. Mes plans étaient passés  aux oubliettes mais je comptais bien rappeler le second à ma mère avant de partir, c'est pourquoi quand elle me dit au revoir, je lui glissai un petit bout de papier sur lequel était écrit :"L'indépendance n'est pas un état des choses. C'est un devoir." une citation de Vaclav Havel que je trouvais particulièrement adaptée. Tout cet été avait été éprouvant et maintenant j'allais me rendre en Angleterre pour une année scolaire surprenante, je suppose.

"Les passagers du vol 316 en direction de l'aéroport de Coventry vont bientôt embarqués. Merci de venir présenter vos billets et de vous diriger en direction de l'appareil."

Voilà. C'était le moment, l'instant, allais-je écouter mon cœur qui m'intimait secrètement de m'enfuir ou la raison qui voulait que je ne fasse aucune bêtise. Je me levai, regardai la sortie et me dirigeai vers le bureau pour présenter mon billet, je passai le seuil de la porte d'embarcation. Oui j'avais fait mon choix, à moi Coventry et ses "magnifiques" uniformes. Je ne pus m'empêcher de regarder derrière moi, j'allais vers de nouveaux horizons mais Phoenix restait ma maison.

J'entrai dans l'appareil où un pilote et une hôtesse aux sourires hypocrites me regardaient. Je poursuivis mon chemin et m'assis à la place qui m'avait été attribuée. Je disposais de 6 h pour rassembler mes idées, le voyage allait être long... L'hôtesse au sourire hypocrite, fit l'habituel rappel des consignes de sécurité, sans même le faire tomber un seul instant même quand une de ses consœurs l'eut bousculée par inadvertance, manquant presque de la faire tomber. Quelle superficialité ! 

Après ce rappel, l'avion décolla me procurant une légère excitation. J'avais toujours aimé la vitesse de cet appareil avant de s'envoler dans les cieux  et l'atterrissage me passionnait tout autant. Quand l'autorisation d'allumer nos appareils électroniques nous fut remise, j'allumai mon Ipod, désireuse d'écouter un peu de musique. Le premier titre que je vis fut "Irresistible, des One Direction", cette chanson m'avait toujours plu. Le refrain parlait des yeux d'une fille qu'il trouvait irrésistibles. La partie du corps que je préférais chez moi étant mes yeux, je me mis donc à écouter la chanson et a fredonner les paroles. L'heure avait tournée sans que je m'en rende compte et les stewarts amenaient déjà les plateaux repas. C'était infect, et j'étais encore gentil. Un tête tomba brusquement sur mon épaule. Je me retournai et vis le vieillard à côté de moi entrain de baver sur mon beau pull. C'était bien ma veine ! Un crampe au ventre m'obligea à me diriger vers les toilettes, laissant le baveux à mon siège vide. J'avais comme l'impression que le plateau repas étaient descendu et que mon estomac ne l'appréciait pas forcément. J'en profitai aussi pour me remettre un peu de gloss, erreur funeste qui me coûta mon maquillage à cause d'une de ses satanées turbulences. Je me démaquillai pour être un semblant présentable. Tout allait à merveille : maquillage foutu, pull foutu (à cause de mon ami, le baveux) en gros une journée à moitié foutue, j'attendai avec impatience la seconde partie. Revenue à ma place, je fus obligée de reconsidérer les dégâts; ma veste s'ajoutait à la liste des victimes de "Super-baveux". Je me rassis dépitée. 

La suite du voyage ne fut guère plus passionnante, je giflai le vieillard, histoire de venger mon pull et ma veste, et au moment où il se réveilla je fis semblant d'être plongée depuis longtemps dans le magazine de l'avion. Celui-ci se rendormit de l'autre côté et je m'assurai qu'il le reste. Je sais que ça ne se faisait pas de frapper les gens mais j'étais une grande adepte, malgré moi, de la loi du talion. 

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