La sale garce !Elle ne te connaît même pas. De quel droit se permet-elle de te juger ?A la voir minauder avec Robert on lui donnerait le Bon Dieu sans confession.Franchement tu devrais cracher le morceau ! Comme ce serait jubilatoire de voir leurs tronches...Mais non, elle ne peut pas le faire ! Robert ne mérite pas de souffrir ! Mais elle oui ! Trouve le bon moment et fais lui avaler son air suffisant !J'aspire à ce que mes « ange et démon » me laissent un peu de répit ! Qu'ils me lâchent les baskets. Trop occupée à faire bonne figure, je ne peux me laisser entrainer dans un débat intérieur qui me tiraille dans un sens et dans l'autre. Je dois faire un effort pour affronter à nouveau le duo infernal. C'est difficile. Je manque cruellement de confiance en moi, savoir que j'étais leur sujet de discussion n'arrange pas les choses. Mais la haine est un moteur puissant. Je déteste cette femme ! Je les déteste tous les deux ! Et je ne les connais même pas ! Robert visiblement contrarié et agacé, lâche d'une voix lasse.— Je suis désolé Meg.Moi aussi je suis désolée pour lui, sa femme et son meilleur ami le trompent effrontément. Et pour une raison que je ne comprends pas, cette femme qui m'a fait un accueil chaleureux en début de repas est soudainement odieuse envers moi. J'ai raté un épisode, c'est sûr ! Je souris à Robert tout en agitant la main, lui faisant ainsi comprendre que ce n'est pas grave, puis fixei Suzie quelques secondes, avant de détourner à nouveau mon regard vers mon ami et le rassurer d'une voix plus douce : — Toujours aussi protecteur Robert ! Je ne suis plus une gamine. Je sais me défendre contre le grand méchant loup, ajouté-je, fixant furieusement Nikki, tout en affichant mon plus beau sourire, celui que je réserve à mes clients potentiels lors de contrats de vente. Ce sourire que l'on réserve aussi à tous les hypocrites pour ne pas leur montrer qu'ils vous ont touchée en plein cœur avec leurs propos grinçants et blessants. Un sourire « à la Gaëlle », une ancienne collègue de travail, celle qui m'a enseigné à me protéger à mettre ce masque parfois nécessaire, qui me répétait souvent comme un mantra :« Affiche ton sourire commercial, ne baisse jamais la garde, ne montre jamais rien » Nikki soutient mon regard quelques secondes, et il me semble y voir briller, comme une leur de défi.— Si tu cherches une propriété, Nikki, je suis celle qu'il te faut.Merde, merde et re-merde ! Qu'est-ce que tu viens de lui proposer ?Avec son esprit tordu il va tourner la situation à son avantage. Et que nous sachions il n'envisage pas de s'installer dans la région.Et bang ! Son sourire s'élargit, une petite fossette au coin de sa bouche se creuse. Et re re-merde !Je ne peux m'empêcher d'être sensible à son sourire enjôleur et cette fossette craquante, de plus ce mec est magnifique ! Un physique de mannequin. Des traits fins et masculins à la fois, un nez droit, des cheveux bruns coiffés en bataille de manière délibérée, fixés par une touche du gel, des yeux verts et une petite barbe naissante. Ce genre de petite barbe qui donne un air négligé, mais qui en fait n'est pas dû au hasard. Sa chemise blanche cintrée laisse deviner un torse large et musclé, des hanches étroites. Un pantalon de costume gris anthracite complète sa tenue. Waouh ! Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je n'ai plus déshabillé un mec de la sorte depuis le lycée !— Je te remercie pour ta proposition, assez claire au demeurant. Mais pour l'instant, profitons de cet agréable repas, me répond-il avec un sourire narquois.Je me réinstalle dans un silence assez gêné, me demandant ce qui m'était passé par la tête pour faire une telle proposition si inappropriée. Robert pique du nez dans son assiette tandis que Suzie me dévisage. Tandis qu'elle me regarde avec insistance, un plan germe dans mon petit cerveau perturbé. Si je tentais de lui piquer Nikki ?Une folie ! Tu n 'es pas à la hauteur d'un tel challenge. Me souffle ma petite voix intérieure.J'écoute toujours les conseils avisés de ma conscience. Mais cette fois-ci je me sens confiante et téméraire et je suis persuadée que je peux le faire, poussée par le fait que l'attention que me porte Nikki dérange Suzie, voire l'inquiète, je me demande pourquoi, mais je ne suis pas aveugle ce mec flirte avec moi ! Pourtant, elle n'a rien à craindre, ni à m'envier. Cette nana est canon, super canon même, dois-je reconnaître, et d'une assurance incroyable que je n'ai pas, c'est évident. Je suis juste une très potable concurrente. Qu'est-ce qui l'attire chez moi ? Est-ce que le fait de m'avoir surprise en pleine séance de voyeurisme lui renvoi une image erronée de ma petite personne ? Seigneur, je me sens honteuse brusquement à l'idée de ce qu'il peut s'imaginer sur mon compte ! Je tente d'occulter la présence du jeune homme qui me rappelle sans cesse cette scène incroyable.— Alors, Robert, vous avez réfléchi sur l'endroit où vous souhaitez vivre ? Bordeaux où alentours ?— Alentours.— Bordeaux.Ce n'est pas gagné et sans surprise ! Je ne connais pas Suzie, mais à ce que j'ai entrevu de sa personnalité, je ne suis pas étonnée. Elle n'ira pas s'enterrer à la campagne, il lui faut être sous les feux de la rampe. Quant à Robert ? C'est toujours Robert ! Les années semblent n'avoir eu aucune prise sur lui, ni sa notoriété d'ailleurs. Brillant avocat, il fut un temps très médiatisé pour une très célèbre affaire, défendue et remportée avec brio. C'est à cette époque, qu'ils se sont rencontrés avec Suzie. Depuis, Robert s'est désintéressé des affaires criminelles pour se consacrer aux droits des familles, moins honorifique, mais tellement gratifiant. Je retrouve bien là, mon compagnon de jeux de mon enfance. — Meg, tu es bien rêveuse, remarque Robert.— Excuse-moi. Je n'arrive pas à me débarrasser de ce défaut, un rien me distrait toujours. Je revoyais en pensées le jour où tu t'étais battu avec Ludovic pour m'avoir fait tomber de vélo. Nous étions sur la promenade de Soulac. Il était en colère parce que ta mère l'avait puni. Par dépit, il s'était vengé sur moi. Claire était furieuse contre vous, elle n'arrivait pas à vous séparer, c'était à celui qui donnerait le plus de coups de pieds et de poings à l'autre.Mon ami sourit à ce souvenir, tandis que Suzie, la tête baissée, marmonne je-ne-sais-quoi entre ses dents tout en piquant rageusement dans son assiette.— Tu voulais nous dire quelque chose Suzie ? Demandé-je innocemment, percevant un trouble assez indéfinissable et parce qu'elle m'agace de plus en plus.Je suis de plus en plus persuadée que quelque chose cloche, son agressivité à mon endroit grandit. Je ne comprends toujours pas ce subit changement de comportement. C'est sur j'ai raté un épisode ! Elle lève les yeux et m'adresse un sourire forcé. Elle aussi connait « le sourire commercial » mais n'est pas très douée..— Je disais que c'est touchant de vous entendre évoquer des souvenirs aussi... Enfin quoi ! C'est tellement rare une amitié de si longue date. Vous vous connaissez depuis quoi ? Plus de vingt-ans ? Tu ne serais pas amoureuse de mon mari par hasard, ce chevalier sans peur et sans reproche ?Je blêmis, percevant ses propos comme une insulte adressée à Robert plus qu'à moi-même. Celui-ci n'entend pas la dernière réplique de sa femme, il vient de s'éloigner pour répondre au téléphone. Ce repas va se terminer en pugilat. Ma colère monte en flèche et j'ai beaucoup de mal à me contrôler, j'ai une furieuse envie de mordre. Je suis plutôt du genre à éviter les affrontements, mais si l'on agresse mes proches, je sors mes griffes au point de ressembler à une lionne en furie protégeant ses petits. Suzie vient de dépasser la ligne rouge. Je me penche pour me rapprocher d'elle et siffle en la fusillant du regard :— En tout cas, mon amitié est sincère, elle ! Et ton amour pour lui l'est-il ?Elle recule sur sa chaise, abasourdie. Je lui aurais fichu mon poing dans la figure, que l'effet aurait été le même. Je prends mon verre de vin et le porte à ma bouche, pour me calmer. Nikki me regarde, ses yeux lancent des éclairs. Il est visiblement furieux, je dois admettre que j'ignore contre qui. Cependant, il ne parait pas particulièrement inquiet que je dévoile le pot aux roses.— Ce Château-Margaux semble un peu bouchonné, tu ne trouves pas Nikki ? Ah ! Peut être n'es-tu pas assez fin connaisseur dans ce domaine pour le remarquer. Je pourrais te faire visiter quelques belles propriétés viticoles, d'initier à l'œnologie, te faire découvrir les beautés de notre terroir ? Mais en attendant je vais en parler à Eléonore, je crois que ça va beaucoup la contrarier.Tu lui fais du rentre dedans ma parole ! Ce n'est pas toi ça ! Fais gaffe !Sur ce j'abandonne les deux amants. Ils en profiteront peut-être pour se tripoter sous la table comme deux adolescents en rut. Je quitte la table, non pas pour m'isoler mais pour jubiler. Parce que moi Meg, l'introvertie, viens de moucher cette horrible garce. Je souhaite profiter de cette confiance toute neuve, avant que Nikki ne me déstabilise par une nouvelle réplique.
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Juste un défi entre nous
RomanceLes débuts tumultueux d'une romance sous haute tension... En week-end dans une maison d'hôte à l'occasion d'un baptême, Meg assiste involontairement à des ébats torrides entre deux invités. Nick l'aperçoit, mais ne dit rien. Déstabilisée par cette...