....Une rencontre inopinée

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4 Juillet 2014

A l'écart, j'observe les invités qui se pressent autour du bar tentant de repérer Florence et Elisa sans succès. La fête bat son plein.

Nous célébrons le baptême plutôt tardif de Nina, dont je suis la marraine. Du haut de ses deux, cet enfant aux yeux aussi doux et bleus que ceux de son père, me fait fondre au moindre de ses regards. Elle vous mène par le bout du nez, séduit tout son petit monde en digne fille de sa mère, ma meilleure amie Éléonore. L'enfant rêvée que toute femme souhaiterait avoir.

Pour la circonstance mon amie a réservé toute une maison d'hôtes, anciennement une colonie de vacances. Ce qui permet d'héberger, pour les quarante-huit heures, la centaine de personnes invitées pour l'évènement. Je partage une chambre avec mes amies, Élisa et Florence. J'espère qu'elles n'y inviteront pas leur conquête de la nuit ! Tout est possible avec Flo la plus délurée des deux.

Personnellement je ne suis pas du tout style « plan cul », comme elle aime les appeler. Je suis plutôt « plan rien du tout » pour tout dire, vu le désastre récurent de mes relations amoureuses. Malgré les incitations de mon entourage à lâcher prise, je n'y parviens pas. J'ai bien essayé depuis que Paul m'a « jetée » me traitant de frigide, mais fait machine arrière au premier rencart de ce genre, concocté par mes amies.

Comment pourrais-je sauter le pas alors je dois me préparer psychologiquement à tout moment d'intimité, même si je fréquente mon partenaire depuis un certain temps ? M'imaginer dans un lit avec un inconnu de surcroit ! Impossible ! L'angoisse me vrille le ventre dès que je pense « sexe » ! Au fil des ans j'ai appris à maitriser la situation, je pense être devenue excellente dans l'art de la simulation. Facile quand vos partenaires ne s'intéressent pas à ce que vous ressentez, trop concentrés sur leur propre petite personne et leur plaisir personnel. Flo vous dirait que j'attire les pires des amants !

Malgré le déplaisir que je ressens, je m'obstine, espérant un jour rencontrer l'homme qui me fera vibrer effaçant toutes ces séances de sexe éprouvantes. Au fond de moi, je sais que ce problème est en lien avec mon passé, mais je refuse de l'admettre. C'est un sujet dont je ne parle jamais, dont je ne débats pas, même avec Éléonore, encore moins avec la délurée de Florence. Je soupire en songeant à nos derniers ébats avec Paul, à la dispute mémorable qui s'ensuivit. Je sens les yeux me picoter à ce douloureux souvenir, à l'humiliation ressentie par ses propos cinglants et grossiers. J'entends encore la porte qui claque derrière moi, les larmes qui roulent sur mes joues tandis que je ramasse mes affaires qu'il vient de jeter à mes pieds, il est trois heures du matin et il vient de me mettre dehors comme une malpropre, parce que je viens de lui refuser quelque chose qui est au dessus de mes forces.

Autour de moi les invités, ignorant mes tristes pensées, s'amusent, ne me prêtant pas attention. J'en ai l'habitude, je me tiens souvent en retrait. Je sais que mon langage corporel n'incite pas à des rapprochements. Je ne suis pas toujours à l'aise en société malgré tous mes efforts, contrairement à mon amie Florence. Pourtant, à contrario, je peux être pétillante, drôle et diserte dans mes zones de confort : mon boulot, mon groupe d'amis, des endroits familiers.

Nous sommes dehors, une légère brise estivale soulève les nappes blanches des tables dressées pour le repas qui va suivre l'apéritif. La décoration est magnifique grâce au talent d'Éléonore. Un mélange de brun et de vert anis, des jetés de tables en toile de jute, des fleurs des champs dans des bouteilles d'eau, une superbe déclinaison sur le thème champêtre. Sous un grand chapiteau, le bar retient l'attention, boissons et victuailles de toutes sortes, tapenades, crème de petits pois, anchois et canapés divers, attirent les invités assoiffés et affamés après une cérémonie religieuse interminable.

Juste un défi entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant