To be or not to be

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Petit à petit, une idée folle germa dans nos esprits. Nous souhaitions vivre notre passion au grand jour. Si Tamara obtenait le divorce, elle pourrait m'épouser. Adieu la clandestinité, pour moi comme pour notre relation. Un soir, elle se décida à aborder le sujet avec son mari. Il ne comprenait pas pour quelle raison, après vingt ans de mariage, elle demandait le divorce. Il était persuadé qu'un amant motivait sa décision. Et il n'avait pas tort. Je n'avais pas imaginé avoir affaire à un mari jaloux et, de surcroit, très tenace. Il harcela Tamara jusqu'à ce qu'elle avoue mon existence et indique l'endroit où je me cachais depuis plusieurs mois. Il se rua dans les escaliers, bien décidé à me refaire le portrait. Tamara était sur ses talons.

Quand le mari arriva dans le grenier, je n'eus pas le temps de me mettre à couvert. Curieusement, ses yeux balayèrent la pièce sans me voir. Tamara entra et, voulant me protéger, se jeta dans mes bras. Le mari eut un mouvement de surprise. Il s'écria :

- Mais il n'y a personne ! Ton amant est imaginaire...

Je savais que j'étais réel. Il ne pouvait tout simplement pas me voir !

- Tu es folle, ma pauvre, lui lança-t-il d'une manière cinglante.

Si j'avais pu prévoir ce qu'il allait lui faire, j'aurais préféré vivre notre amour dans la clandestinité jusqu'au bout. Cet homme avait beaucoup de relations. En quelques jours, il avait réussi à obtenir un certificat médical fallacieux d'un ami psychiatre. Tamara avait été envoyée en asile psychiatrique. J'avais bien tenté de m'y opposer, mais je devais me rendre à l'évidence. J'étais invisible pour quiconque n'était pas Tamara. Je n'étais plus vraiment certain d'être réel.

Au bout de trois jours sans elle durant lesquels je ne me cachais plus des autres membres de la famille puisqu'ils ne pouvaient pas me voir, je me mis à perdre peu à peu mon état tangible. Par moments, mes mains devenaient presque transparentes. Elles passaient au travers des objets que j'essayais de saisir. Je fus effrayé par cette nouvelle situation. Si je ne tentais rien maintenant, j'allais disparaître sous peu. Je n'existerais plus. Je retournerais à l'état d'âme errante. Je ne pouvais tout simplement pas me résoudre à cette triste fin. C'est pourquoi je décidai d'agir.

Dans les limbes de l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant