Délivrance

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Perdu dans mes pensées, j'oubliais presque de descendre à l'arrêt près de l'asile. Heureusement, trois personnes se rendaient au même endroit que moi. Je leur emboitai le pas. Les portes automatiques de l'asile s'ouvrirent et les nouveaux venus franchirent l'entrée. Une fois dans la place, je devais d'abord me repérer. Trouver la chambre de Tamara et les clés pour l'ouvrir, telles étaient mes priorités. La jeune dame de l'accueil me fournirait certainement de précieux renseignements. En effet, elle tenait un registre des patients. Chaque numéro de chambre était indiqué à côté des noms des malades. Pendant qu'elle répondait au téléphone, je profitai pour y jeter un coup d'oeil. Tamara occupait la chambre 28, deuxième étage, couloir de gauche.

Une infirmière passant par l'accueil avait un trousseau de clés pendu à sa blouse. Je m'en approchai pour le lui dérober. Je le détachai avec la plus grande douceur et elle ne s'aperçut de rien. Je fonçai au deuxième étage. En un instant, je fus devant la porte de la chambre 28, le coeur battant et le souffle court. Mes mains tremblaient. Je faillis laisser échapper le précieux sésame. Un tour de clé et la porte s'ouvrit enfin sur une Tamara alitée, complètement abrutie par les médicaments. J'avais imaginé nos retrouvailles plus agréables et surtout plus festives. Je lui parlais, mais elle répondait à peine. Cependant, elle semblait suffisamment lucide pour comprendre ce que j'attendais d'elle. Le prochain médicament, elle ne devait l'avaler sous aucun prétexte.

Je lui expliquai longuement la technique qui consiste à glisser le comprimé sous la langue. Ensuite, il faut avaler un verre d'eau sans libérer le cachet. Quand l'infirmière a tourné le dos, on peut se débarrasser de l'objet litigieux avec la plus grande prudence. En général, dans les films, cela fonctionne. J'espérais qu'elle serait à même de mettre en œuvre la première partie de mon plan. Je la quittai à contrecœur pour la laisser récupérer.

Je dus attendre plusieurs heures avant de la revoir. Tous les patients se réunissaient dans le grand réfectoire pour le repas du soir. Elle semblait en meilleure forme. Après le dîner, les patients étaient invités à se rendre en salle de détente. Là, on distribuait les médicaments pour la nuit. Elle m'adressa un clin d'oeil qui me fit comprendre qu'elle savait quoi faire. Quand l'infirmière lui tendit le cocktail de médicaments, je crus qu'elle n'avait pas été capable de les cacher sous la langue tant sa déglutition semblait réaliste. Mais en m'approchant d'elle, je vis trois comprimés multicolores dans le creux de sa main.

Dans les limbes de l'oubliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant