Chapitre 3 - Transformation

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     D'un accord commun, Kervens, Erwan et Kiera se mirent tous les trois à courir vers le village. Kiera, bien plus rapide qu'eux, les distança aisément. Elle crut entendre Kervens crier son prénom mais elle ne s'arrêta pas. Bientôt elle les perdit de vue et continua seule. Kiera n'avait jamais couru aussi vite qu'à ce moment là. Son grand-père était en danger. Elle connaissait ces hommes et ils n'avaient aucun scrupule à faire le mal. Si elle ne faisait rien ou ne se rendait pas, son grand-père allait le payer cher de sa vie. Il était menacé de mort par sa faute. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire que de foncer tête baissée mais elle n'avait d'autre choix.

   Quand elle arriva au village, elle ralentit son allure. La nuit commençait à tomber et le ciel s'assombrissait. Déjà les premières étoiles apparaissaient. Malgré tout, le village était relativement tranquille pour cette heure. Il n'y avait personne dans l'avenue principale, habituellement chargée d'activités humaines et marchandes. Le silence oppressant rendait la rue lugubre. Elle remarqua les volets clos et les rideaux tirés des maisons et comprit que tout le monde s'était barricadé chez soi. Kiera n'était pas surprise mais était relativement déçue de la lâcheté de tous ces gens. Personne ne semblait vouloir aider Hank et son grand-père. Elle s'engagea dans l'avenue avec l'appréhension de tomber sur un ennemi armé. Les ombres s'étendaient sur les murs des maisons et s'amusaient à lui jouer des tours. Mais il n'y avait personne, pas un bruit. Peut-être qu'elle aurait dû attendre Kervens et Erwan finalement...

   Instinctivement, elle sut qu'elle devait se rendre chez Hank. La maison du chef du village se trouvait de l'autre coté du village. Elle allait engager sa marche lorsque une chose apparut juste devant elle. Elle se retint de hurler d'effroi mais eut un sursaut ridicule. C'est alors qu'elle reconnu le petit Ben, le fils de Hank. Il était devant elle et la regardait. Elle soupira de soulagement, tentant de calmer les battements de son cœur qui s'affolaient. Elle vit que Ben avait les larmes aux yeux. Il devait s'inquiéter pour son père.

  -"Ben !! Que fais tu ici, pourquoi tu n'es pas à l'intérieur avec les autres ? C'est dangereux de rester ici.
  - Non ils sont tous près de ma maison, je ne crains rien ici. J'étais dans ma chambre quand ils ont attrapés mon papa et je me suis enfuis par la fenêtre, souffla l'enfant au bord des larmes.
  - Tu ne dois pas rester là ! Va te cacher quelque part et tout va bien se passer, je vais aller chercher ton papa, dit-elle pour le réconforter."

   Il hocha la tête et lui sauta dans les bras pour lui faire un câlin. Ce geste surprit profondément Kiera qui resta d'abord les bras ballants puis, se mit elle aussi à l'enlacer. Elle sentit Ben hoqueté contre elle et le serra plus fort dans ses bras. Kiera connaissait Ben depuis sa naissance. Avec dix ans seulement, il faisait parti des enfants les plus jeunes du village. Souvent lorsque son père devait travailler, elle le voyait débouler sur la grande place en s'amusant à dégommer des monstres imaginaires. Il était plutôt grand pour son âge, à l'image de son père. En effet Hank avait une taille proche des deux mètres, c'était l'homme le plus grand qu'elle connaissait. Ben était très débrouillard bien que quelque peu pleurnichard. Elle savait que si il arrivait quelque chose à Hank, l'enfant serait détruit. Alors avec délicatesse, elle se détacha de Ben et essuya les larmes qui inondaient son visage.

  -"Tu dois y aller Ben, va te cacher !! Je reviens vite te chercher."

   Elle regarda le petit garçon courir aller se réfugier dans une cachette dont seuls les enfants en ont le secret et elle reprit la route. Maintenant elle avait la confirmation que leur bande d'escroc était à la maison du chef. Le chemin fut plus court qu'elle pensait et après avoir dépassé quelques pâtés de maison et carrefours, elle aperçut bientôt la maison. Mais on y voyait tout de suite l'anomalie de la situation. C'était un habitat était plutôt modeste, style terre cuite comme toutes les autres habitations et comportant de nombreuses fenêtres... Toutes brisés. Devant, il y avait un petit jardin où Hank prenait soin d'y cultiver et d'y jardiner mais désormais il était saccagé... À la place de belles plantes, on y voyait un nombre impressionnant d'hommes habillés en noir. Près d'une quinzaine. Elle ne pourrait jamais rentrer sans se faire attraper. La seule solution possible qu'elle avait était de...

Metamorphosis - La Morsure sacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant