III

546 23 1
                                    

Le mélange de la gentillesse de son regard pourtant injecté de sang passe mal.
Une drôle de sensation se glisse dans mon dos, comme un frisson qui me paralyse et m'empêche de réagir face à ses mots.
-On a quoi comme cours?

Sa voix est traitante et l'odeur d'une fumée étrange que je ne connais pas passe dans son haleine.
-Maths.

Je m'écarte sans un mot en me laissant emporter par des pensées un peu trop dramatiques mais que je ne peux empêcher de tourner dans ma tête.

Il y a des rumeurs sur lui, j'avais choisi de ne pas écouter ce genre de choses mais il faut bien avouer que dire qu'il fume simplement des cigarettes serait se mentir à soi même.

Il est maintenant 18 heures alors le lycée est presque vide,
les maths en fin de journée sont vraiment désagréables.
La journée à été plutôt longue, et maintenant que les emplois du temps sont faits, je sais que l'année ne sera pas de tout repos.

En sortant je me retrouve encore face à lui, Lucas, je n'ai pas peur de ce garçon drogué, mais j'ai peur pour lui, pour ce qu'il pourrait se faire.
Je le regarde avec un peu trop d'insistance et il hausse les sourcils en me demandant :
-Quoi ?
Je secoue la tête légèrement et il s'en va sans un mot.

Je reprends le bus comme tous les soirs, ma musique dans les oreilles, en rentrant chez moi j'ai envie d'être avec lui ...
Pourtant c'est impossible entre nous je ne vois aucune raison pour que ça puisse fonctionner.

Pendant une semaine je ne le vois plus, plus face à face en tout cas. Les cours s'organisent de mieux en mieux, je commence à comprendre le système des classe, le comportement de chaque prof.

Le dernier cours de la semaine est épuisant, la physique chimie demande beaucoup plus de réflexion qu'au collège, c'est intéressant mais assez difficile. Surtout quand on a déjà eu deux heures de SVT avant.
Lucas à l'air d'être dans son élément il fait des références à des physiciens dont je n'ai jamais entendu parler.

Il y a cette intelligence en lui, le fait qu'il s'intéresse à tellement de choses, alors que l'image qu'il donne de lui est très différente, on dirait vraiment qu'il n'a confiance en lui que lorsqu'il fume.
Mais cette théorie vient de moi je ne le connais pas après tout.

Je n'ai jamais fumé quoi que ce soit alors je ne connais pas la sensation que procure la nicotine ou même la drogue.
Mais voir tous ces gens marcher en zigzaguant avec les yeux rouges et l'haleine affreuse me fait bien croire que je ne m'y mettrai pas avant longtemps.

L'une des seules solutions serait peut-être d'éviter tous les gens qui ne font que ça de leurs journées et qui arrivent défoncés à presque tous les cours, même lui.
Après tout il n'y a rien du tout entre nous et je le connais depuis moins d'une semaine alors pourquoi m'embêter ?

Depuis trois semaines je me consacre à mes cours, je l'évite un peu mais je n'ai pas trop le choix parce-que quand je suis avec lui je le trouve si adorable et si beau.
Avec le temps je rencontrerai sûrement beaucoup d'autres gens qui me feront ressentir la même chose, non?

Les jours passent je m'entends bien avec tout le monde dans ma classe, et j'ai l'impression de changer de tout au tout depuis le début de l'année.
Je prends confiance en moi, et finalement j'aime plutôt bien la difficulté des cours. En français surtout, les commentaires organisés sont vraiment intéressants.

Après quelques heures passées avec les gens de ma classe, l'ambiance est vraiment géniale, tout le monde s'entend bien et parle ensemble depuis le début.
Beaucoup de fous rires ont déjà éclaté en cours à cause de conversations douteuses.

En histoire, Monsieur Yanh surprend une conversation et s'exclame :
-13 centimètres, pas beaucoup tout ça, vas-y dis nous en plus Baptiste !
Un éclat de rire général se répend dans la classe, Lou, la fille du rang de droite n'a pas compris, et demande à tout le monde ce qui se passe, ce qui les fait rire de plus belle. Si bien que ce fou rire s'aggrave et certains sont à la limite de s'étouffer !
J'adore que des profs sachent plaisanter avec les élèves.
Nous retournons au sujet du cours avec encore plus de bonne humeur qu'au départ.
Deuxième prof validé après Mme Lucie la prof de français, j'hésite encore pour la prof de maths.
Je n'ai aucun doute sur sa gentillesse mais ses méthodes ont l'air de venir un peu de la "vielle école", on verra bien.

Déjà deux mois que cette année à commencé, à toute vitesse je dois dire...
Je pense moins à lui.

C'est lundi matin, devant le lycée, une étrange sensation d'excitation m'envahit. Aucun rapport avec mon envie de le voir après un long week-end .

Après avoir été avec Cassandra nous asseoir sur un banc dans la cour nous revenons dans le hall. En ouvrant la porte je tombe nez à nez avec quelqu'un, bien sûr ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre !

-Je peux te parler? Me demande-t-il.
-Bien sûr.

Je le suis en m'écartant de Cassandra avec un regard m'excusant de la laisser toute seule mais elle me renvoie un sourire complice plein de sous entendus que je préfère ignorer.

-Pourquoi tu m'évites ?
Je le regarde quelques secondes en cherchant quoi répondre mais je ne trouve pas.
- Tu crois vraiment que je n'ai pas remarqué que tu faisais demi tour dans les couloirs en me voyant, que tu évites mon regard tout le temps ...
- Non, ce n'est pas ça...
-Arrêtes ! Dis moi le problème pour qu'on puisse le régler. J'ai fait quelque chose de mal?
-Non! Bien sûr que non!

Qu'il puisse penser que c'est sa faute me fait mal au coeur.

-Alors quoi ? Je suis repoussant ? Il hausse les sourcils.

Il sait pertinemment que non. Son sourire en est la preuve, il est ironique, il se moque de moi comme si il savait déjà ce que je pensais.
Et je ne peux pas lui en vouloir de me poser ces questions, après tout nous pourrions être amis, non?

Je lui souris gentiment et déclare :
-On a français il ne faudrait pas être en retard !
Il me rend un sourire agréable qui me fend le coeur tant j'essaie de rester loin de lui. Je sais comment cette histoire se terminera si je le laisse ... faire ça.

En me retournant je m'aperçois que Cassandra n'est plus là, merci le soutien !
Lucas m'ouvre la porte et me fait un grand signe théâtral en déclarant galament :
- Après vous !

Je ne peux m'empêcher d'avoir ce sourire niais jusqu'à la salle de cours où Mme Lucie la prof de français vient juste d'arriver.
Le cours de français se déroule à merveille tandis que je sens son regard posé sur moi.

Pourquoi Pas Nous ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant