Voir Lucas de nouveau si épanoui est génial.
Je le sens respirer à nouveau.
Il m'embrasse plus souvent, ce qui n'est pas pour me déplaire.Nous avons repris les cours.
Tout se passe tellement bien,
pourtant quelque chose dans sa façon de me regarder, jusque dans sa façon de bouger, à changé.
Quelque chose ne va pas.Lucas me cache quelque chose depuis une semaine mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
Il a l'air de réfléchir constamment et ce n'est pas normal.
Le matin en se retrouvant, il m'embrasse comme avant, mais à un certain moment, là où le baiser devient si doux et puissant, je vois qu'il hésite et se freine.J'en suis mêmes venue à lui demander :
-J'ai mauvaise haleine ?
Il a rigolé, mais ce n'était pas le même rire que d'habitude non plus." Tu seras toujours ma famille. "
Voilà sept mois que nous sommes ensemble. Quatre mois qu'il m'a dit cette phrase si touchante.
Deux minutes qu'il m'a annoncé que ses parents, qui viennent de l'adopter, ont été mutés dans le sud.
Et maintenant je me demande comment je vais pouvoir vivre à partir de ce moment où mon monde s'écroule.Il est mon monde. Ma famille.
-Partir ? Je répète sous le choc.
-Oui ...
-Mais ... revenir ? Je demande avec les larmes aux yeux.
-Je ne sais pas ... ce n'est pas dans leurs plans mais je pourrai toujours revenir tout seul pour les vacances si ils m'y autorisent.Je vois qu'il choisit chaque mot avec précaution et qu'il essaie de ne pas me blesser en admettant qu'il ne reviendra peut-être pas.
Il sait que je le connais et que j'ai remarqué.
-Je sais ce que tu penses. Mais je t'aime plus que tout tu le sais ?Je ne réponds pas, abbatue par cette nouvelle qui ruine ma vie en cet instant précis.
C'est le jour de son départ.
Il m'a dit que ses parents avaient accepté de passer par mon village quelques minutes pour que l'on puissese dire au revoir.
Le problème c'est que je n'ai pas envie de lui dire adieu.
Parce que ce ne serait pas qu'un simple au revoir.
Une part de moi est en colère contre lui.
Les jours sont passés si vite depuis qu'il m'a annoncé qu'il partait.Chaque moment était en quelques sortes gaché par le souvenir de cette nouvelle qui nous hantait.
Chaque baiser plus amer lorsque l'idée qu'il puisse être l'un des derniers revenait en force.
Chaque câlin était nostalgique puisqu'on savait aussi bien l'un que l'autre que nous ne ressentirions plus cette chaleur dans quelques semaines.C'est aujourd'hui.
Il s'en va.
Il m'abandonne.
Je suis seule face au trou qu'il va laisser dans mon coeur déchiré.
Les adieux sont douloureux. Je sais qu'il n'a pas envie de partir, autant que je n'ai pas envie qu'il parte.
Il me prend dans ses bras de longues minutes et dépose un baiser sur mon front avant de remonter en voiture.Le seul carreau qui nous sépare est comme la frontière que nos deux corps ne pourront plus franchir. On appelle cette frontière la distance.
Et je vois qu'il fait preuve de sang froid en ce moment.
Peut-être pour ne pas pleurer, ou peut être pour ne pas sauter de la voiture.
Mais sa voiture démarre, l'emmenant loin de moi.C'est exactement à cause de la sensation que je ressens en ce moment que je m'étais toujours méfiée de l'amour. Je ne voulais pas me laisser prendre au piège.
Pourtant il a fallu que je le rencontre.
Que j'entends sa voix.
Que je voie son sourire, ses fossettes, son regard.
Rien que sa silhouette m'avait déjà faite tomber amoureuse de lui.Sa façon de se foutre de tout.
De traiter les cons de cons et de reconnaitre malgré tout la beauté du monde.Les larmes coulent à flot sur mon oreiller.
Comment est ce que je peux encore même respirer ?Le lendemain matin mon réveil sonne. La musique Love me like you do, d'Ellie Goulding emplit l'air de ma chambre et vibre dans mes tympans.
Je ne me souviens pas avoir dormi.
"Tu seras toujours ma famille"Je ne peux pas l'oublier.
J'ai l'impression que même si je ne le revois pas avant vingt ans, je ne pourrai aimer personne d'autre que lui.J'ai les yeux gonflés et je ne compte pas me maquiller. D'habitude je fais un petit effort, un coup de mascara et de l'eye liner de temps en temps.
Mais comme j'ai bien l'intention de me morfondre et de pleurer toute la journée, je ne vois aucune raison pour ressembler encore plus à une momie.
Même si en me voyant dans le miroir je me dis que ça doit être vraiment difficile de faire pire. Mais on dit qu'il ne faut jamais se sous estimer !-Quelle bonne humeur ! Me lance mon père.
-Et quel bon humour ...
Je sens que ma voix est trainante et lourde, et je m'agace avec le son de ma propre voix. Raison de plus pour ne pas parler.Je regarde la tartine de beurre devant moi, et j'alterne avec l'horloge de la cafetière.
Je ne pourrai pas manger alors à quoi bon rester là ?Je mets ma veste, prends mon sac et sors.
Je ne suis ni coiffée, ni maquillée, et je ne sais pas si on peut dire que je sois habillée ? Je porte des vêtements mais ... disons qu'ils viennent du fond d'un tiroir aussi dépressif que moi.Dans le bus, je me rends compte que je dois vraiment faire peur, je m'en rends juste compte, mais ne m'en inquiète pas.
En fait je me demande comment on peut passer du bonheur absolu à la destruction de toute molécule de pensée positive.
Et je me dis : " Ah oui, avec le genre de phrase qui nous dit que la personne que l'on aime le plus au monde nous quitte ".
Et le mot quitter, qui peut avoir beaucoup de sens, est tout à fait adapté, car dans chaque cas c'est un poignard rouillé que l'on nous plante en plein coeur, pas juste un poignard.
Non parce que la rouille laisse des traces, se propage et s'insinue jusqu'à la dernière parcelle d'espoir.
Un poignard normal ne serait pas suffisant pour montrer la nuisance de l'absence sur l'esprit."Tu seras toujours ma famille"
Est ce qu'il le pensera encore dans quelques mois, va-t-il m'envoyer des messages et m'appeller ?
Si il pense que ce sera plus facile en coupant les ponts alors il a tort.
Je lui envoie un message.-Je t'aime aussi.
-Content de l'entendre, même si j'aurais préféré il y a deux minutes.Ça ne fait que deux minutes ?
Non, c'est impossible !
Le temps va être long ...-Je t'appellerai en arrivant.
Et je t'enverrai des photos de ma "maison".
-Pourquoi "" ?
-Ma maison ne peut être qu'un endroit où tu es, là bas je ne me sentirai pas chez moi.
-C'est injuste ce qui arrive.
-Je sais.Nous nous envoyons de coeurs pendant vingt minutes et nous disons au revoir.
J'ai le coeur lourd le lendemain au réveil.
Il faut que je change d'air.
Je crois que j'aurai bien besoin de mes amies pour surmonter tout ça...
Il y a une solution, en quelques sortes, je crois que je me sentirai mieux dans un climat plus amical que celui de ma famille.Dix jours plus tard, je dépose ma demande d'inscription à l'internat. Nous sommes à la fin du mois de mars, et je compte bien me changer les idées.
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Pourquoi Pas Nous ?
RomanceUn an depuis que je l'ai vu pour la première fois, et son regard me hante chaque jour à présent. La simple idée qu'il pourrait penser à moi est ridicule et pathétique pourtant lorsque son nom s'affiche sur l'écran de mon téléphone, de nouvelles ques...