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LA NUIT

Phoenix, Don't.

Je me suis approché, lentement, un pas à la fois. J'ignorais si c'était prudent de ma part, mais je m'étais déjà arrêté, n'est-ce pas ?

Et si c'était le serial-killer qui attendait que je sorte de la station pour me voler ma bouffe ?

Non, ça ne pouvait pas être cela. A moins qu'un tueur en série ait un éternuement d'une fille ?

Et ce n'était pas sexiste ! Je pouvais parier que la personne assise était une fille... une dame ?

Alors que j'allais ouvrir ma bouche, une lumière m'a subitement aveuglé. J'ai reculé de plusieurs pas alors que la personne s'est mise à crier.

Sur le coup, j'ai moi aussi crié, me paralysant à quelques mètres plus loin. J'ai lâché le pack de bières et mon sac de bouffe dans la panique. Les bières se sont entrechoquées entre-elles avant d'atterrir au sol.

La lumière qui était braquée sur moi n'arrêtait pas de bouger dans tous les sens, accompagné d'un cri strident.

« Putain ! Mais t'es qui toi ? a hurlé la jeune fille en éteignant l'option lampe-torche de son portable, un air affolé sur le visage.

Elle était maintenant debout, tenant fermement son sac entre ses bras.

J'avais moi-même réfugié mes mains sur mon torse, froissant mon pull.

- C'est à moi de te poser la question ! ai-je crié en retour. Qu'est-ce que tu fous toute seule dans le noir à cet arrêt de bus... à cette heure là ?!

- M-Me parle pas ! Sinon, sinon... a-t-elle dit en cherchant quelque chose précipitamment dans son sac. Sinon je te fous un coup de spray-poivre dans les yeux !

- Mais c'est toi qui as demandé qui j'étais ! me suis-je justifié.

Elle avait son bras tendu, tenant son arme de défense dans la main, prête à m'en mettre dans les yeux et dans je ne sais quel autre endroit. Elle m'a dévisagé, puis a fait descendre son regard le long de mon corps, puis à dévié son regard, essayant de reprendre ses esprits. Elle a baissé son bras, et a rangé le spray dans son sac, qu'elle a tout de même gardé plaqué contre sa poitrine. Elle a rabattu une mèche rebelle qui cachait son visage derrière son oreille, avant de m'adresser un regard méfiant.

- Me regarde pas comme ça, je ne suis pas un violeur hein. ai-je rectifié en baissant les bras moi aussi, quittant ma position précédente qui n'avait rien de viril.

- Tu veux dire que j'ai eu de la chance de tomber sur toi ? a-t-elle demandé, ses sourcils levés, un air hautain.

- Je suis peut-être pas un prince charmant mais euh, oui ?

Elle a rigolé, sûrement de nervosité.

- T'as au moins le mérite d'être réaliste.

J'ai plissé les yeux, ne sachant pas trop quoi comprendre par ces mots. Voulait-elle sous-entendre que j'étais trop moche pour être un prince charmant ? Je veux dire, ok, j'avais un pack de bières, un sac rempli de chips, un vieux pull à capuche et j'ai fait une pose ridicule tout à l'heure, je savais à quoi cela ressemblait : j'étais un loser qui allait se bourrer la gueule parce qu'il avait une vie trop « minable » à son goût. Si seulement elle savait que ce n'était pas ce que cela en avait l'air...

J'ai finalement secoué la tête, me rendant compte que c'était stupide. Pourquoi voudrais-je prouver le contraire à cette fille ? C'était elle la minable dans l'histoire, non ? Qu'est-ce qu'elle foutait à une heure pareille à ce vieil arrêt de bus ? Est-ce qu'elle savait même que les bus n'étaient plus de service à ces horaires ?

Le Papillon de MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant