03- Horrible Réalité

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Le massacre avait commencé. Pourquoi nous?
Déboussolés notre petit groupe courait sans pour autant réfléchir à notre destination.
Il fallait éviter à tout prix de tomber sur ces choses. Je commençais à avoir du mal à respirer, mes poumons me brûlaient. Je dus m'arrêter, et je vis que mes coéquipiers en firent de même. Minata, essoufflée, essaya de dire quelque-chose. Mais je n'écoutais pas, j'étais plus concentré sur mon pouls qui ne faisait que de s'accélérer. Phil m'attrapa le bras, et commença à courir. Je compris qu'il se passait quelque-chose, et commençais à courir, en suivant les autres. Je lançais un regard derrière moi, pensant qu'une de ces bêtes qui avaient attaqué Aneeta était derrière nous, mais je vis quelque-chose qui m'effraya encore plus. Le Labyrinthe bougeait. Les murs changeaient de place, ouvrant et fermant des couloirs. Je compris que c'était un danger, car nous pouvions nous faire écraser, un autre mur bougeât et Jane, Théo et Rachid n'eurent pas le temps de passer de notre côté. Le labyrinthe nous avait séparés. Minata commença à pleurer. Nous courûmes jusqu'au mur, et nous commençâmes à crier:
-Ça va les gars? Hurla Phil
-Ouais t'inquiète mec, on n'a rien.
-Putain, on a eu chaud, on aurait pu crever écrasé entre ces putain de murs. Enchaîna Jane.
-Bon, on se retrouvera les gars! Criais-je.
-Ouais, enfin j'espère...
Puis nous reprîmes notre chemin. Il fallait continuer à avancer si nous voulions pouvoir trouver un abri.
Cependant, une question me démangeait, je la posais alors au groupe:
"Au fait, concernant la sortie, vous pensez qu'elle est où? Sur un côté, ou au centre?"
Je vis Phil devenir pâle. Alors lui non plus n'y avait pas songé, ou était-ce le fait que nous venions d'être séparés des autres?
Mon regard se tourna vers Talia, mais elle était dans le vague, absorbée par ses pensées. Alors Minata, qui avait toujours de bonnes idées, me répondit:
"Je pense que la sortie serait logiquement sur un côté, mais par ailleurs, le fait que nous soyons dans un Labyrinthe, qui plus est qui change sa configuration, remplis de bestioles qui en veulent à nos vies, n'est pas spécialement logique, donc je pencherais plus pour le centre..."
Elle avait raison, ce n'était en rien logique. J'acquiesçais, et commençais à réfléchir sur comment se rendre au centre. De ce que j'avais vu avant de rentrer dans ce foutu Labyrinthe, ce dernier était de forme rectangulaire, ce qui promettait des complications. Je commençais à désespérer, quand je vis une forme sombre arriver  à toute vitesse par un couloir qui s'était libéré quelques-minutes auparavant. Je vis le regard de Minata et de Phil se dirigeant vers cette chose qui avançait plus que rapidement vers nous. Instinctivement, je pris Talia par la main et commençais à courir accompagné des deux autres.
Les paroles de Greenfield résonnaient encore dans ma tête. "Ces bêtes n'ont aucune pitié pour les flaiblards." Un flot d'adrénaline s'empara de moi, je ne contrôlais plus rien, mon instinct de survie avait pris le dessus. Je tournais à droite, tout en regardant si la bête nous suivait. Malheureusement, elle focalisait son attention sur nous désormais. J'aperçus ses crocs acérés. Ses griffes crissaient sur le sol en pierre. Un bruit strident, qui pourrait vous percer les tympans. Cette bête qui ressemblait à un chien présenté comme étant génétiquement modifié nous poursuivait, et il fallait que nous lui échappions. Je pris à gauche. Puis à droite, espérant de ne pas tomber dans un cul-de-sac. Les couloirs semblaient interminables, je regardais donc les murs, essayant de trouver des prises pour s'accrocher et attendre que la bête monstrueuse veuille bien s'en aller.
Je me souvins alors que les murs étaient tapissés de lierres qui semblaient suffisamment résistants pour que des gens puissent y grimper. Je criais à Phil de regarder sur les murs. Il me répondit:
"T'y penses pas sérieusement là? Pour une personne ouais, mais pour quatre ça va être chaud!
-T'as une meilleure idée?
-Bah on arrache et on l'étrangle avec?
-Ce truc t'aura déchiqueté avant que t'es eu le temps d'arracher une feuille!"
Sur ces mots, je bifurquai à droite, puis sautai sur le mur, m'agrippai à la plante et escaladai le plus rapidement que je pus. Les trois autres en firent de même, et heureusement, la plante semblait résister. Je regardai Phil d'un air satisfait, et regardai en bas. La bête essayait de nous suivre, mais elle ne faisait qu'arracher des feuilles. Au même moment, Talia nous dit:
"Les amis? Vu qu'on est là, on peut essayer de monter en haut du mur, on arrivera peut -être à voir la sortie...
-Mais oui! Bonne idée Talia, la félicita Minata, c'est pas con du tout!"
Nous continuâmes notre ascension, et arrivés tout en haut, nous vîmes un filet, qui nous empêcha de monter.
Ils avaient décidément pensé à toutes les éventualités pour nous empêcher de sortir.
Nous fûmes obligés de descendre un peu. Le bête était toujours en bas, attendant de nous voir redescendre pour pouvoir nous bouffer. Mes bras commençaient à me tirer, et à faire affreusement mal. Il fallait à tout prix que quelqu'un passe pour que ce chien de malheur nous libère. Mais il n'y avait personne. Étions nous condamnés à rester ici, et à tomber quand la fatigue prendrait le dessus, pour que finalement cette atrocité fasse de nous son festin?
Je commençais plus que jamais à désespérer. Les minutes passèrent, lentement. Combien de temps allait-il rester là? À attendre sagement. Depuis peu, la bête commençait à s'impatienter, elle faisait des aller-retours, tout en regardant en l'air. Mes bras me brûlaient, la douleur était atroce.
Après une longue attente, notre délivrance arriva. Joshua et Tobias arrivaient par la gauche. Alors eux aussi ils avaient été séparés de leur groupe.
Talia hurla pour attirer l'attention de la bête sur eux.
"HÉHO! JOSH, TOBIAS! REGARDEZ EN HAUT!"
Les deux n'avaient pas remarqué la présence de la bête, et levèrent la tête. Là, Minata leur cria:
"VOUS FERIEZ MIEUX DE COURIR!
-POURQUOI ON DEVRAIT COURIR?
-BAH REGARDEZ EN DESSOUS DE NOUS!"
Les compères regardèrent la bête, et commencèrent à courir, ce qui donna envie à cette dernière de les suivre. Je regardais Talia et Minata, abasourdi. Elles avaient délibérément jeté deux de nos comparses dans la gueule d'un de ces monstres.
Nous descendîmes, et reprîmes notre chemin dans la direction opposée.
Plus profondément dans le Labyrinthe, les autres groupes étaient eux aussi séparés.
Je tournais la tête et vis par un couloir au loin le groupe de Rachid qui était avec nous avant que le Labyrinthe ne bouge. Ils ne me virent pas. Ils semblaient effrayés, comme si quelque-chose les poursuivaient. Eux aussi étaient pris en chasse? Ils disparurent dans un couloir, puis je vis avec horreur la chose qui les pousuivaient. Un scorpion géant. Cette chose les pourchassaient les menaçant de ses pinces acérées et de son dard venimeux. Je fis part à Phil de ce que je venais de voir. Il ouvrit de grands yeux, mais ne dit rien. Nous continuâmes notre route à travers des couloirs incessants. Après quelques minutes, je commençais à sentir une odeur de sang. J'eus des haut-le-coeur, quand je vis un bras et du sang qui dégoulinait encore du mur. C'était les seuls restes d'Aneeta. Minata choquée par cette scène ne put s'empêcher de vomir. J'essayais de rester de marbre face à cette horrible réalité. Ce n'était pas un animal qui avait tué la pauvre Aneeta, mais elle avait été écrasée par le Labyrinthe. Nous reprîmes notre exploration, quand soudain je repensais à Enola, qui comptait partir seule dans le Labyrinthe lors de notre arrivée. Je demandais à Phil s'il la connaissait. Il me répondit sur la positive. Il me dit également que c'était le genre de personne qui n'hésitait pas à mentir, à manipuler et qui te balancerait à la gueule de ces bestiaux sans aucun scrupule, et ce juste pour sauver sa peau, mais qu'elle faisait souvent des rêves étrangement semblables à la réalité, et qui s'avéraient souvent réels. Il ajouta que c'était un type de personne qu'il valait mieux éviter par moments.
Je comprenais pourquoi elle voulait faire cavalier seul. Elle estimait qu'elle était meilleure que tout le monde, et qu'elle pourrait sortir d'ici sans l'aide de personne.
Nous continuâmes notre chemin jusqu'à la nuit tombée. Nous comprîmes que nous pouvions nous reposer sans craindre qu'un de ces monstres ne nous tombe dessus. On désigna quand même les tours de garde de trois heures chacun, juste au cas où un problème surviendrait.

[À suivre]

Le Labyrinthe des Paradoxes: In CarcereOù les histoires vivent. Découvrez maintenant