05- L'Effroyable Nuit

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{Première Version} [Probables Changements à Venir

Il faisait nuit, c'était sombre. Phil me réveilla. Mon tour de garde commençait. Environ trois heures, seul, dans l'obscurité totale. Juste le fin rayon de Lune qui traverse le filet du haut des murs. Il faisait froid. Le silence régnait. Chaque petit bruit faisait monter la pression d'un cran. Le vent faisait penser à un souffle de créature. Et si le Chasseur nous avait menti? Et si les bêtes sortaient également la nuit? Non. C'était impossible, il ne mentait pas. Ça se voyait dans ses yeux. Il avait même un peu de compassion pour nous. Je secouais la tête pour sortir de mes pensées. Je vis une ombre, qui glissait sur les murs. Une ombre humaine. C'est l'un de nous. Mais qui? Qui serait seul?
Je connaissais une seule personne qui pouvait être assez folle pour partir seule dans ce Labyrinthe: Enola. Je regardais attentivement, je scrutais ses faits et gestes. Elle finit par me remarquer. Elle s'approcha doucement, comme un fantôme. Elle s'arrêta à quelques-mètres de moi. Elle me chuchota:
-Les bêtes ne rentrent pas durant la nuit. Pas toutes. Il y en a certaines qui restent dans les longs couloirs, elles rôdent. Elles cherchent. Elles nous cherchent.
Fais bien attention à toi Matt.
-Mais, le Chasseur a dit qu'elles rentraient. C'est impossible Enola.
-Le Chasseur ne sait pas tout. On nous réserve des surprises. Je le sais.
-Comment pourrais-tu le savoir?
-Je l'ai vu en Rêve, en Rêve tout simplement. Prends garde.

Elle me regarda et repartit dans la direction par laquelle elle était arrivée. Cette fille était réellement bizarre. Je restais quand même sur le qui-vive, après tout, d'après Phil, ses Rêves se réalisaient la plupart du temps. Les bruits de la nuit continuaient, sans pour autant être des bruits de bêtes dangereuses. Le silence s'installa. Plus de bruits. Plus de vent. Plus rien. J'angoissais. Pourquoi les bruits s'étaient-ils arrêtés?
Un crissement lointain. Très lointain. Un grondement. Un écho de cri sourd. Qu'était-ce? Était-ce à l'intérieur? Mon inquiétude grimpait en flèche. Une bourrasque de vent me fouetta le visage. Puis une légère brise, qui me ramena une odeur infecte. Une odeur de peur, de sueur. Puis de nouveau ce crissement, s'éloignait-il? Je ne savait pas quoi penser. Puis un cri. Un cri atténué. Puis plus rien.
Mon coeur battait la chamade.

Enola avait-elle raison? Le froid me fit grelotter. Je regardais partout, scrutant l'obsucurité. Adossé contre un mur, veillant sur mes compagnons. Enola était partie il y a longtemps maintenant, mais je n'avais aucune idée de l'heure exacte, ni de combien de temps il restait avant que Talia prenne la relève. Il n'y avait plus de bruits, mis à part celui du vent qui avait reprit, soufflant dans le lierre, qui sifflait sur les coins du murs. Aucun bruit étrange. Je commençais à divaguer. Je pensais à ma mère. Elle me manquait. Puis à ma soeur, Aylin. Elle était jeune, à peine six ans. Mon père était mort il y a deux ans, lors d'une émeute. Je voulais revoir ma famille. Les serrer dans mes bras. Je voulais les embrasser une dernière fois. J'étais certainement voué à mourir ici. Entre ces murs de pierre. Je n'avais pas eu le temps de leur dire au revoir, juste un dernier regard, triste et emplis de haine envers les nobles. Je sentis une larme couler le long de ma joue, ce qui me ramena à la réalité. J'observais le couloir face à moi. Un sifflement rauque en venait. Des bruits de pas lents, lourds. Une forme apparut. Je me baissais furtivement. Je réveillais Phil, Talia et Minata. Il fallait partir. Nous nous déplaçâmes en silence, espérant ne pas se faire remarquer. Nous passâmes à l'angle du couloir de gauche. Je lançais un dernier coup d'oeil derrière moi, mais la chose n'était pas arrivée jusqu'à nous. Quand nous fûmes loin du couloir où était cette chose, nous commençâmes à marcher assez vite mais discrètement, pour ne pas se faire remarquer par d'autres monstres qui roderaient. Alors Enola avait raison, des bêtes rodaient pendant la nuit. Le Chasseur de l'Entrée ne savait pas tout. Phil me regarda et suggéra de tourner à droite, pour s'éloigner le plus possible de cette chose. Son éloquence avait disparut. Celui qui nous rassurait était désormais dans le même état que nous, désemparé, déboussolé, en proie à des bêtes dépassant l'entendement. Talia me questionna:
-C'était quoi, ça?
-J'en sais rien, c'était courbé, lent, ça à l'air d'être lourd. Ça avait des griffes. Je sais pas.
-Mais le mec au début, il avait pas dit que la nuit y'avait rien a craindre?
-Si, c'est bizarre.. Il nous a menti le connard.
-Ou alors il ne sait pas tout... Suggérais-je, peut-être qu'il était pas au courant qu'il y avait ça...
-Ou alors c'est un beau menteur et on est dans la merde, conclut Minata.
Cette phrase mit fin à la discussion.

La tension était encore montée depuis que j'avais aperçut cette créature.
Talia me demanda alors si j'étais sur de ce que j'avais vu. Après tout, il faisait sombre, j'étais seul, en proie à mes émotions; j'aurais pu imaginer une forme sans le vouloir, et dans ce cas, il n'y aurait rien. Je n'osais pas lui parler de la discussion que j'avais eu avec Enola. Je me contentais d'hocher la tête. Nous marchâmes pendant quelques-temps, puis nous trouvâmes un endroit pour se reposer, encore. Ce fut le tour de Talia de veiller. Je m'endormis avec peine, mais les ténèbres finirent par prendre le dessus. Je sombrais dans le sommeil. Je songeais à ce qui m'avait dit Enola. Mon rêve s'était construit autours de ses paroles. Je revis la bête par flash. Les contours ses précisaient. Mon subconscient me faisait voir ce que je n'avais pas décelé en étant éveillé. J'étais sûr de moi, la bête était réelle. Je vis plus en détails à quoi elle ressemblait. Elle avait des cornes et des dents pointues, des griffes acérées. Sa peau semblait fissurée et craquelée. Elle semblait granuleuse. Soudain, le rêve tourna au cauchemar. Mon cerveau me mit en scène. La bête se rapprochait dangereusement. Je ne pouvais pas bouger. J'étais paralysé. La créature arrivait. Mon coeur battait vite, trop vite.

Je crus voir que la chose me remarqua. Elle continuait à avancer. Une vingtaine de mètres nous séparaient. Elle s'accéléra. Son rythme s'intensifia. Elle courait maintenant. Ses quatre pattes puissantes grinçaient sur le sol. Son soufflement rauque s'approchait. Une grondement sourd devenait de plus en plus puissant. Elle allait me foncer dessus. Juste avant l'impact, mon coeur s'arrêta. Je me réveillais en sursauts. Je vis Minata debout, face à moi. Elle avait déjà prit le dernier tour de garde. Le mien avait été écourté, et on avait raccourci celui de Talia. La nuit prenait fin. Le ciel se teintait déjà d'orangé. La nuit était donc terminée. L'exploration recommençait.
J'étais détendu, mais j'avais un mauvais pressentiment. Comme si quelque-chose allait arriver.

[À Suivre.]

Le Labyrinthe des Paradoxes: In CarcereOù les histoires vivent. Découvrez maintenant