CHAPITRE TROISIÈME

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J'avais aménagé un petit endrois dans un recoins avec ce qui traînait sur le toit. Sûrement vestiges d'anciens travaux. Mais j'avais fini par faire quelques chose de plutôt pas mal je dois dire. J'aimais venir ici. Dès que je le pouvais, je venais. C'était mon endroit à moi. Rien qu'à moi. Que la météo soit clémente ou non j'y venais. J'avais fait en sorte que le lieu soit à l'abri pour pouvoir en profiter dès que l'envie m'en prenai. Bien que l'hiver approché, la petite bulle que je m'étais créé se trouvait entre deux cheminées, alors la chaleur qu'elles dégageaient lorsqu'elles étaient utilisées était agréable. Malgré le froid, nous y étions bien.

Me trouvai là, au dessus de tout, me donnait un sentiment de liberté. L'impression d'être là et partout à la fois. De pouvoir imaginer un nouveau monde, une nouvelle vie. De pouvoir me dire que j'etais  à Paris, New York, Lisbonne, Pékin, Chicago, Berlin. De grandes villes renfermant un millier de secrets. Écouter les bruits d'une ville qui ne s'endort jamais. Imaginer cette personne qui marche dans la rue sans but. Juste là, à marcher pour une destination inconnue. Pouvoir se dire qu'elle est libre d'aller là ou bon lui semble. Sans se préoccuper du reste. Marcher, juste marcher. Croiser des gens, faire de nouvelles rencontres parce que la vie offre tant de choses. Sourire à un bel inconnue, de ce sourire naturel et spontané. Celui qui respire le bonheur et la joie de vivre. Rire parce qu'elle le veut et que rien ne l'en empêche. Puisque cette personne et libre, libre de tout. De danser, chanter, rire, crier, pleurer, rêver, succomber à ses émotions et vivre sans se poser de questions. Vivre sans fioritures. Vivre avec délectation.

Quand je me tenais là, entre terre et ciel. Deux fragment de quelque chose qui s'affrontent. J'avais cette impression de contrôle. J'aimais me tenir debout, mon regard rivé vers cette vaste étendue de monde.
C'était comme si une bourrasque d'air frais venait me réveiller après des années de sommeil. Comme si je respirai à nouveau. A plein poumon. Respirer l'odeur de la nuit tombant. L'odeur d'un nouvel air que j'etais la seule à connaître. Je fermai les yeux, respirai doucement, me créant mon monde à moi. J'étais tout simplement bien.

Finalement je n'avais pu me résoudre à quitter mon sanctuaire pour aller diner. Je ne me sentai vraiment bien qu'ici. Et même la faim ainsi que la fatigue ne m'avais pas fait descendre de mon perchoir.
J'étais rester là, les écouteurs dans les oreilles. Écoutant de la musique, les jambes repliées contre mon buste, mes bras entourant ces dernières et ma tête reposant dessus; j'étais comme captivée par les lumière de la ville qui contrastées tellement avec ce que la noirceur de la nuit laisser voir. Ce clair-obscur me troublai bien plus que je ne le pensai. Comme l'avait dit Bruno Samson dans L'Amer noir : " Les paroles des Hommes c'est un jeu entre les ombres et la lumière, on ne sait jamais où sera la lumière et où seront les ombres...". Alors, lumière ou obscurité? Cela ne fut qu'un choix après tout... Ou peut être bien simple fait d'un destin cruel.

Le froid eût finalement raison de moi et je rentrai. Je passai donc devant ma soeur qui dormait à point fermé. Sa respiration forte et régulière, elle semblait sereine. Ses cheveux blonds étalés sur son oreiller autour de son doux visage faisaient d'elle un ange. Je déposai un léger baisé sur sa joue rougie par le sommeil et sortai de la pièce sans un bruit.
Nous n'avons jamais été très proche elle et moi. Bien trop différentes pour s'entendre. Bien que nous partagions souvent de grands moment de complicité, nous passions plus de temps à nous quereller. Mais bon après tout n'était-ce pas normal entre frère et soeur.

Dans le salon, je trouvai ma mère assise sur le canapé. Pensive, une tasse de thé à la main, elle semblait bien loin d'ici. Je m'approchai d'elle et celle-ci releva vivement la tête prenant conscience de ma présence, en lâchant un hoquet de surprise.
- Tu n'es toujours pas couchée ?
- Non, je... j'étais au téléphone, me repondit-elle dans un soupir, sans m'en dire beaucoup plus.
Ses yeux cernés prouvaient sa fatigue. Tout en elle, en cet instant, dévoilait une lassitude indubitable. Elle était là emmitouflée dans son vieux peignoir et serrait fort sa tasse, comme si elle était la seule chose à laquelle ma mère pouvait se rattachée pour rester hors de ses songes. Elle me regarda longuement avant de prendre la parole.
- Si tu veux manger, les restes sont dans le frigo. Tu peux les faire réchauffer, me dit-elle d'une voix douce.
- Merci, mais je n'ai pas très faim, je pense aller me coucher.
- Mange au moins quelques choses s'il te plait. Ce n'est pas comme ça que tu pourras tenir l'école en plus du boulot, me reprimanda-t-elle un peu plus durement pinçant légèrement les lèvres à la fin de sa tirade.
- T'inquiète maman. Je mangerais mieux demain, je repondis avec un petit sourire pour qu'elle passe à autre chose. Finalement ce qui suivit ne m'enchantai guère plus.
- Oui... Au fait demain... commença-t-elle hésitante, je... nous allons à la clinique avec ton frère et ta soeur...
- C'est pas une bonne idée.
Je ne la laissai pas finir. Sachant déjà comment tout cela allait se terminer.
- Je n'ai pas envie de venir de toute façon.
Nous étions dans la même position. Toutes les deux sur le canapé repliées sur nous même pour nous protèger des mots qui ne sortait pourtant pas de nos bouches. Les non-dits était tellement présent. Continuellement autour de nous, faisant barrière à toute discussion, si libératrice soit-elle.
Ma mère se leva dans un soupir, me laissant seule face aux réflexions incessantes de mon esprit. Elle revint ensuite de la cuisine et s'arrêta avant de pénétrait dans le petit couloir sombre menant à sa chambre. Elle regardai le sol, peu sûr de ce qu'elle devait me dire. Elle souffla et finalement se lança.
- Tu sais ce n'est pas difficile que pour toi Adélys...
- Je le sais b...
- Laisse moi finir. Cette situation est compliqué pour tout le monde. Ainsi que pour lui. Tu devrais venir avec nous demain matin.
S'en était presque un ordre. Je me grattai les bras nerveusement le regard baissé.
- Je ne t'oblige pas à lui parler. Tu peux même l'ignorer si ça te chantes. Mais viens au moins pour qu'il te voit. Ça fait des mois...
-Non. Cela fait plusieurs mois certes, mais je ne viendrais pas pour son simple plaisir. Je viendrai quand je le voudrais. Quand j'en aurai la force surtout, avais-je pensé à ce moment la. Et pour le moment, je n'en ai pas du tout envie. Qu'il l'accepte. Je m'en contre fiche.
Je relevais enfin ma tête, regardant droit dans les yeux de ma mère. Vide de toutes émotions. Nous nous sommes affrontés quelque seconde, dans l'espoir que l'une de nous finirait par abandonner. Et ce fut ma mère. Elle avait l'habitude. Elle essayait à chaque fois. Pourtant je l'avais prevenu. Tant qu'il n'avait pas décidé de s'en sortir rien me ferais changer d'avis. Je n'avais pas fait ce choix dans le but de le faire souffrir volontairement. Il était nécessaire pour moi de me mettre à l'écart. Bien que cette distance que j'avais créé était difficile à vivre autant pour moi que pour lui.
- Bien (Elle passa une main sur son visage fatigué). Je vais me coucher bonne nuit, puis elle disparu dans la pénombre.
Ma gorges me faisait mal et je ne pus lui répondre. Cette boule qui me tenaillait au fond de cette dernière était insoutenable. Je retenai mes sanglots du mieux que je pus, les larmes traversant déjà mon visage déformé par cette tristesse ou cette colère, ces deux émotions que je n'arrivai plus a différenciées, qui ne s'en allaient jamais. Oh non. Toujours présentent. Tapies au fond de mon âme. Comme un rappel de ce destin affligeant.
J'étais là, renfermée sur moi même, sur ce vieux canapé usé qui allait si bien dans le décor de cet appartement minable. Je reniflai, relevai la tête et essuyai mes yeux d'un geste rageux. Après avoir soufflai un bon coup, je partis me coucher. Bien décidai à laisser mes cauchemars de côté pour rejoindre le monde des rêves.

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