Chapitre Un, Partie 3 : Cauchemar éveillé

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Point de vue de Fred :

Je pédalais comme un fou sur mon vélo branlant, riant a un nouvel assaut de Julie, qui tentait vainement de me dépasser depuis tout à l'heure. Sans grand succès de sa part, et pour mon grand bonheur. J'étais le maître incontesté des courses de vélos.

Tremblez pauvres vermines, devant Fred le cycliste démoniaque mouahaha.

Soudain Julie cessa ses petites attaques et s'arrêta au milieu de la rue. Pensant qu'elle avait enfin admis ma supériorité, je tournais la tête vers elle, affichant avec fierté un large sourire vainqueur.

Mais quand je vis la stupéfaction sur son visage et son regard perdu, je me dis que je n'étais sûrement pas la raison de ce brutal arrêt. Mon sourire s'effaca et je levai également la tête, observant avec attention le lieu ou nous étions. Mon coeur rata un battement lorsque je réalisai que l'avenue dans laquelle nous avions tourné un peu plus tôt était également celle dans laquelle nous avions le plus de souvenirs de cette époque.

Et malheureusement, ce n'était pas que des souvenirs agréables.

Je tournais la tête vers Thomas, derrière nous. Il s'était également arrêté et fixait le bâtiment avec une sorte d'horreur figée. J'eu un pincement au cœur de le voir ainsi, alors que nous avions tant fait pour le préserver.

Un goût amer s'insinua dans ma bouche. Je regrettais que la seule émotion ayant réussie a traverser le mur impassible de son regard ai été la douleur que je voyais a présent dans ses yeux sombre. Et qu'elle ai été provoquée par une simple avenue, en plus de ça.

Julie semblait aussi désemparée que Thomas et ne semblait pas en mesure de gérer la situation. Il fallait pourtant que je fasse quelque chose.

Et vu l'état de Thomas je devais faire vite.

Point de vue de Thomas :

Non.

Non non non non.

Cela ne pouvait simplement pas être vrai.

Impossible...

Pourtant je savais que je ne rêvais pas.

Ce qui se tenait devant mes yeux, dans cette avenue, était bel et bien réel. Et cela me remplissait d'un sentiment bien trop familier à mon goût, un sentiment que j'avais bien assez connu ces dernières années. Un mélange de colère et d'amertume, accompagnés qu'une profonde tristesse, qui, bien qu'elle n'ai jamais totalement disparu, n'avait plus tordu mon ventre aussi douloureusement depuis longtemps.

Car je ne pensais plus jamais voir cet édifice. Non, je ne m'étais pas préparé à affronter mes fantômes. Ces brides du passé qui revenaient sans cesse me hanter au moment ou je les pensais enfin enfoui. Enfin oubliés.

Oui, j'avais cru en avoir fini avec tout cela. Mais c'était faux.

Ce qui se trouvait devant moi en était la preuve.

Le théâtre des Cerisiers, principal décor de mon heureuse enfance, décidait de refaire surface aujourd'hui, rapportant avec lui tout les souvenirs auquels il était attaché. Comme autant de chaînes refusant de me rendre la liberté, même après tant d'années passées de pénitence.

Car j'étais prisonnier.

Et ce bâtiment était l'une de mes chaînes.

Le théâtre des Cerisiers se dressait devant moi, aussi imposant que dans mon souvenir. Autour de lui, dans l'avenue du même nom, s'alignaient les éternels arbres de chaque côté de la route. Les branches feuillues se balancaient dans la légère brise. Je ne pouvais nier que c'était un endroit magnifique, tout comme lors de ma dernière visite.

Sous les Cerisiers en PleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant